vers un écrire/film #03 | stop motion

Arrière-fond. Réel ou sur fond vert. Eclairage naturel bleuté plein hiver. Température entre 3200 et 5600 degrés kelvin. Dominante de couleur au choix. Monde en jaune ou en rose. Par petites touches d’orange et de bleu. On se refait le monde à coups de pastel. Hollywood ou Godard A vingt quatre images seconde. Sur un boulevard par un matin frisquet ensoleillé. Ombres portées. Ombres transportées au fil du soleil. Des hommes. Des femmes. Des objets. Des immeubles ou des arbres ici et là par hasard. Des voitures passantes qui chuintent sur leur gomme. Au démarrage et au tournant. Filent à fond la gomme droit devant sans retour en arrière possible. Des passants qui passent et repassent en se raclant les pieds sur les passages piétons. Devant moi. Elle passe. Entre deux âges. Entre deux feux. Entre deux piétons. Entre les voitures. A droite et à gauche. Devant et derrière. A 18 images secondes. Au rythme d’une caméra à manivelle. Sur un air de Sambre et Meuse. Position vers le bas. Pied droit à plat. Dans un jean bleu bien coupé sans faux pli. Sur la pointe du pied gauche. Bras gauche gauche semi-tendu. L’autre bras contre le corps. Position intermédiaire de break down. Dans un froissement d’étoffes d’anorak bicolore. Pliures dans le dos. Pliures sous le coude et à l’épaule Pliures sous exposées mais exposées au regard. Celles mises à l’ombre que l’on ne voit pas. Celles à l’ombre de l’anonymat. Sac à clous en bandoulière. En peau de cuir. Ou en peau de skai. Il pend au bout de sa lanière. Déformé et difformé par des objets ou des articles qu’il a ingurgité. Le bleu en toile n’est pas mieux loti. Tenu à bout de bras à pleine main. Emmitouflé dans ses lanières. Digérant à grand peine ce qu’on lui a donné à pleines brassées. Glouton au ventre distendu. Disgracieux gnome attendant la délivrance. L’ouverture de la fermeture. Plus tard quand le moment sera venu. Image furtive vite oubliée à 24 images-seconde. Depuis ma position clef. Debout à pieds joints. J’attends le vert du feu la bas en arrière fond.

A propos de Laurent D.

En quête de mots et d'histoires à réinventer