#enfances #05 | le déroulé tel quel

Dans cette petite paume, l’eau scintillante du lac d’Armainvilliers

Descendre les marches immergées

 Nervures de la feuille de magnolia quand la chair est partie : squelette de dentelle

Seule avec le rêve qu’on ne raconte pas

Toutes les voix autour de la table chaude et le biscuit rose trempé dans la mousse du champagne

Les pommes de terre cuites dans la braise du feu de branchages un jour au domaine

Un nom appris avec tante Didi le long d’un chemin : linaire (comme liminaire mais sans le mi)

 La linaire commune séchée entre les feuilles du journal puis placée dans l’herbier à Châteauneuf-en-Thymerais

Chaque rond colorié pour garder l’empreinte d’une guirlande de fête

Le troupeau de marrons d’Inde sous l’arbre :  gros sont les bœufs, marron clair les vaches et marbrés les veaux

Un livre dans l’arbre au bord de la prairie

Les cachettes, surtout celles qui ressemblent à des points de départ

Le jour du grand voyage en train, avec elles-deux, de Tournan à Paris, pour acheter une robe de demoiselle d’honneur

Les trous dans la prairie d’en face : on verse de l’eau dedans et le cricri remonte le long de la paille

L’odeur du champ de blé juste avant la moisson, côté ferme de Puits-Carré

Grelotter sur la plage du Val André dans le maillot de bain en laine tricotée juste avant d’être enveloppée dans la grande serviette

La main de Mano la douce disparue et les pieds dans les feuilles mortes de la promenade près de la rue Noël à Reims

Avoir le droit de faire un tour sur le dos du cheval alezan nommé Titus

La découverte du perce-neige

Croire que perce-neige et personnage sont de la même famille

Faire semblant de dormir pour mieux se relever et rejoindre la fête derrière le grand orgue de barbarie

Fredonner ohé mister Banjo le bateau est parti, tout le monde rit, tout le monde rit

Tracer à la craie les cases d’une autre marelle, pas celle de l’école

La danse de l’arbre une nuit de pleine lune derrière le rideau

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

3 commentaires à propos de “#enfances #05 | le déroulé tel quel”

  1. tellement joyeux et ça sonne si juste…
    aussi bien le squelette de feuille que le biscuit trempé dans le Champagne ! et j’ai bien vu toutes les images
    j’ai encore des odeurs de pomme de terre cuite dans la cendre et le mot herbier qui me titille…
    merci Christine