et puis celle qui marchait avec — un imperméable blanc

Nina Childress, C Twins (noir et blanc), huile sur toile, 2017 (détail)

et puis celle qui marchait avec des sabots en poils d’animaux et puis celle qui passait le balais finissant petite pelle-balayette rarement l’aspirateur et puis celle qui courrait après les pucerons verts mangeurs de rosiers et puis celle qui disait qu’elle aimait repasser pour se rendre utile et puis celle qui a toujours raté les meringues mais pas le reste et puis celle qui comptait l’argent en francs français anciens-nouveaux-anciens-nouveaux et puis celle qui conduisait une Buick à la frontière Suisse pour rapporter du chocolat et puis celle qui ne conduisait plus on n’a jamais su pourquoi et puis celle qui était montée cacher des enfants dans les alpages et puis celle qui un jour a dit « ils ont rasé des femmes » et puis celle qui dansait en robe à paillettes bleu électrique et puis celle qui aimait l’accordéon et les accordéonistes et puis celle qui s’était mise avec un communiste dont le fils avait percé un coffre-fort et puis celle qui s’est mal soigné le corps rongé et puis celle qui avait dû dire oui à l’hôpital psychiatrique et puis celle qui avait gagné le concours de miss régionale et puis celle qui était forte en dictée zéro fautes et puis celle qui vivait dans son garage pour louer sa maison et puis celle qui n’aimait pas les histoires d’amour à la télé et puis celle qui collectionnait les livres sur les papillons mais pas les papillons si beaux en liberté et puis celle qui sortait de l’usine, à l’heure du goûter, foulard sur la tête et imperméable blanc

A propos de Vanessa Moriss

— Je ne mange pas la peau des pêches ni la coquille des huitres. Danser ne me fait pas peur. Aimer non plus. Il se trouve que l’art me concerne. Ecrire une liste de course, un mail, un article ou un truc inconnu, est un flux continu.