#gestes&usages #03 | Ciáran

Je suis dans la maison secouée. Percutée de plein fouet. L’attaque a eu lieu un peu avant minuit. Amis rentrés chez eux. Nuit de Samain. Tout semblait paisible mais d’un seul coup les rafales noires sont montées à l’assaut. J’ai d’abord essayé de rester sous le toit en me bouchant les oreilles mais le lit tremblait, les vitres aussi. Je suis descendue dans la chambre du premier. Même chose. Par la fenêtre : arbres courbés sous la pression de l’envahisseur, rien que le vacarme et ceux qu’ailleurs on sait calfeutrés. Absents. Un éclair en haut de la rue : transformateur frappé. Plus d’électricité. Lambeaux et balles perdues claquent contre les murs. Je rejoins à tâtons la pièce du bas, la pièce à vivre. Comme avait été lancée l’alerte à laquelle on ne croyait pas, j’avais sorti une bougie, à tout hasard, et des allumettes. En allumant le petit mât, je tremblais autant que la flamme prise dans un mauvais souffle venu de nulle part. Pas de téléphone.  J’ai pris le carnet resté sur la table et écrit ce que j’écris en ce moment. Des voix venues de la rue m’ont sortie du court sommeil dans lequel je suis tombée au petit matin, la tête dans les bras sur la table, mèche consumée. C’est presque le silence. Dans l’entre-deux, je me dis confusément que l’ennemi attend la prochaine nuit pour la deuxième vague. On frappe à la porte.

Je suis dans la maison secouée. Percutée de plein fouet. L’attaque a eu lieu un peu avant minuit. Amis rentrés chez eux. Nuit de Samain. Tout semblait paisible mais d’un seul coup les rafales noires sont montées à l’assaut. J’ai d’abord essayé de rester sous le toit en me bouchant les oreilles mais le lit tremblait, les vitres aussi. Je suis descendue dans la chambre du premier. Même chose. Par la fenêtre : arbres courbés sous la pression de l’envahisseur, rien que le vacarme et ceux qu’ailleurs on sait calfeutrés. Absents. Un éclair en haut de la rue : transformateur frappé. Plus d’électricité. Lambeaux et balles perdues claquent contre les murs. Je rejoins à tâtons la pièce du bas, la pièce à vivre. Comme avait été lancée l’alerte à laquelle on ne croyait pas, j’avais sorti une bougie, à tout hasard, et des allumettes. En allumant le petit mât, je tremblais autant que la flamme prise dans un mauvais souffle venu de nulle part. Pas de téléphone.  J’ai pris le carnet resté sur la table et écrit ce que j’écris en ce moment. Des voix venues de la rue m’ont sortie du court sommeil dans lequel je suis tombée en plein jour, la tête dans les bras sur la table, mèche consumée. C’est presque le silence. Dans l’entre-deux, je me dis confusément que l’ennemi attend la prochaine nuit pour la deuxième vague. Tu frappes à la porte.

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

4 commentaires à propos de “#gestes&usages #03 | Ciáran”

  1. depuis le version 2
    Je suis dans la maison secouée. Percutée de plein fouet. L’attaque a eu lieu un peu avant minuit. Amis rentrés chez eux. Nuit de Samain. Tout semblait paisible mais d’un seul coup les rafales noires sont montées à l’assaut. J’ai d’abord essayé de rester sous le toit en me bouchant les oreilles mais le lit tremblait, les vitres aussi. Je suis descendue dans la chambre du premier. Même chose. Par la fenêtre : arbres courbés sous la pression de l’envahisseur, rien que le vacarme et ceux qu’ailleurs on sait calfeutrés. Absents. Un éclair en haut de la rue : transformateur frappé. Plus d’électricité. Lambeaux et balles perdues claquent contre les murs. Je rejoins à tâtons la pièce du bas, la pièce à vivre. Comme avait été lancée l’alerte à laquelle on ne croyait pas, j’avais sorti une bougie, à tout hasard, et des allumettes. En allumant le petit mât, je tremblais autant que la flamme prise dans un mauvais souffle venu de nulle part. Téléphone mort. J’ai pris le carnet resté sur la table et écrit ce que j’écris en ce moment. Des voix venues de la rue m’ont sortie du court sommeil dans lequel je suis tombée en plein jour, la tête dans les bras sur la table, mèche consumée. C’est presque le silence. Dans l’entre-deux, je me dis confusément que l’ennemi attend la prochaine nuit pour la deuxième vague. Il frappe à la porte.

    • Ah oui, bien sûr! Perche tendue, merci de l’avoir attrapée et de m’offrir ce tiers texte me permettant de sortir du presque silence (j’avais écrit un autre tiers texte, mais trop lourd. Il commence par « Je suis la maison ». Ce faisant, je me suis grillée donc je l’ai gardé) . Etrange de voir comment à la lecture des contributions, on se prête au jeu de la variation, mémorisant à travers la comparaison ce qui change, et ce que cela change avant de revenir plus fort -je veux dire: autrement – à ce qu’il est convenu de nommer « contenu », que l’exercice avait semblé tenir à bonne distance. Cela dit, je ne pense pas que l’ennemi frappe à la porte avant d’entrer. Merci renouvelé, Brigitte.
      Christine

  2. Idem, je suis partie de la version 2 – Bonne journée

    Je suis dans la maison secouée. Percutée de plein fouet. L’attaque a eu lieu un peu avant minuit. Amis rentrés chez eux. Nuit de Samain. Tout semblait paisible mais d’un seul coup les rafales noires sont montées à l’assaut. J’ai d’abord essayé de rester sous le toit en me bouchant les oreilles mais le lit tremblait, les vitres aussi. Je suis descendue dans la chambre du premier. Même chose. Par la fenêtre : arbres courbés sous la pression de l’envahisseur, rien que le vacarme et ceux qu’ailleurs on sait calfeutrés. Absents. Un éclair en haut de la rue : transformateur frappé. Plus d’électricité. Lambeaux et balles perdues claquent contre les murs. Je rejoins à tâtons la pièce du bas, la pièce à vivre. Comme avait été lancée l’alerte à laquelle on ne croyait pas, j’avais sorti une bougie, à tout hasard, et des allumettes. En allumant le petit mât, je tremblais autant que la flamme prise dans un mauvais souffle venu de nulle part. Pas de téléphone. J’ai pris le carnet resté sur la table et écrit ce que j’écris en ce moment. Des voix venues de la rue m’ont sortie du court sommeil dans lequel je suis tombée en plein midi, la tête dans les bras sur la table, mèche consumée. C’est presque le silence. Dans l’entre-deux, je me dis confusément que l’ennemi attend la prochaine nuit pour la deuxième vague. Des coups à la porte.

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