hors-série #impératif | dans le sillage du 8 mars

Prends le temps. Prends le temps d’analyser la situation froidement, comme un.e légiste dissèquerait un corps. Essaie autant que faire se peut de ne pas te laisser emporter par tes émotions, tes représentations, tes fantômes du passé ou tes angoisses du futur. Analyse les faits, compare les chiffre, dresse les bilans nécessaires. Et finalement, pose le constat : oui, il existe encore et toujours, en 2022, des discriminations dont sont victimes les femmes.

Tiens compte de ces incompréhensibles écarts salariaux dans certains secteurs, entre un homme et une femme, à fonction pourtant égale. Tiens compte de ces plafonds de verre et de ces planchers collants, qui empêchent aux femmes d’accéder aux plus hautes fonctions. Tiens compte de ces moments gênants, lors d’un entretien d’embauche, où il lui est demandé si elle a déjà des enfants et, pire, si elle compte fonder une famille.

Ajoute à cela une double peine, si la couleur de sa peau est autre que blanche. Ou qu’elle est lesbienne. Ou que son genre n’est pas en parfaite adéquation avec ce que l’ADN a décidé de ce qu’elle représenterait, aux yeux de la majorité des gens.

Digère ces informations, cette étendue des possibles. N’y mêle pas tes propres jugements, tes visions de ce que devrait être le monde, ton propre système de valeurs. Mais écoute. Sois attentif, prête une oreille la plus vierge possible. Dédie une véritable attention, sans déjà penser à te justifier – même si tu n’as rien fait de répréhensible – en passant par différents biais pour faire remarquer que, toi, tu n’es pas comme ça. Sois conscient que là n’est pas la question et que ça n’aidera certainement pas à empoigner par le col ces discriminations.

Garde par contre en guise de crédo cette phrase : le ferais-tu si c’était un homme ? Evite donc ces blagues dérangeantes qu’au final toi seul et quelques autres peuvent en rire. Evite de couper sans cesse la parole, sans même attendre qu’un argument soit arrivé en bout de course. Evite les sous-entendus vaseux qui mettent mal à l’aise. Evite ce ton condescendant pour lui signifier que tu penses qu’elle n’a rien compris et qu’elle ferait mieux de t’écouter. Evite de devoir l’obliger à se justifier davantage que si elle était un mec.

Tente de te mettre à la place de au lieu d’imposer ton jugement. Et tente dès lors de comprendre dès lors pourquoi des femmes préfèrent, dans certaines circonstances et pour des moments bien particuliers, se retrouver en non-mixité. Tente de comprendre le sens politique, au sens large du terme, de l’écriture inclusive. Tente d’appréhender la nécessité d’une parité obligatoire, pour que petit à petit les mentalités changent et tendent vers davantage d’égalité.

Passe par ces efforts, fais-toi un peu violence si nécessaire. Mais dis-toi qu’en bout du compte, rien n’aura été perdu de ton côté. Au contraire. Demeure convaincu qu’il n’y a pas plus humain qu’un autre humain, et qu’iel mérite toujours d’être traité.e de façon égale.

Un hommage délibérément en-dehors de la date convenue du 8 mars, pour celles qui se battent et qui luttent pour leurs droits.

A propos de Pierre Vangilbergen

Trentenaire, papa de deux adorables démons, je pratique quotidiennement l'écriture au service de l'éducation populaire, de la justice sociale, des combats environnementaux, des luttes contre les discriminations et les stéréotypes. Amoureux de musique, le metal ponctue toutes les étapes de mes journées. Je confesse totalement une attirance accrue pour la noirceur. Les mots sont pour moi une échappatoire et un véhicule permettant de toucher du bout des doigts l'indicible. --- // Instagram : pvangilbergen // FB : pierre.vangilbergen.7

Un commentaire à propos de “hors-série #impératif | dans le sillage du 8 mars”

  1. Coller à l’actualité, à la réalité, pour exprimer son ressenti. Jouer du littéraire pour pousser un coup de gueule. L’exercice est difficile mais tellement libérateur. Merci d’y être allé.