Je t’aime comme : l’atelier d’écriture

Retour d’expérience sur l’atelier d’écriture autour du livre de Milène Tournier, Je t’aime comme. Avec extraits sonores.

Tout commence à l’Aître Saint-Maclou, à Rouen. Le lieu est chargé de mon histoire personnelle, précisément là où sur une table, 45 ans après mes premiers souvenirs, je vois un livre de Milène Tournier : « Je t’aime comme ». Debout, tout près, il y a son éditeur Emmanuel Caroux des éditions Lurlure, donc. Je prends le livre en main, et là, c’est évident : ce livre est fait pour les ateliers d’écriture. Il est fait pour appuyer une proposition d’écriture. Il ouvre tellement de possibles qu’il serait dommage de s’en priver. On est le 26 juin 2021.

Le livre ne sort que fin août. C’est une avant-première, une exclusivité. Une chance. Un signe du destin. Enfin, il se passe quelque chose, quoi. Et parfois, quand il se passe quelque chose, il faut faire quelque chose. Donc, je vais proposer un atelier d’écriture autour de ce livre. Milène, nous la connaissons un peu. Pas personnellement, mais si son livre m’a attiré l’oeil c’est bien parce qu’elle participe aux ateliers de François Bon sur Tiers Livre. Et puis il y a ses vidéos.

Alors je demande à Milène si ça la dérange. Et non, et bien au contraire, et même elle sera là pour l’atelier. Alors on y va. Et puis, je vous la fais courte, il y a la confiance de François Bon (je ne vous fais pas un dessin, mais, en matière d’atelier d’écriture, la confiance de François Bon, ça pèse, c’est un peu comme si l’entraîneur de l’équipe de France de football allait vous chercher dans le public pour remplacer un joueur au moment de la séance de tirs aux buts – oui, l’atelier sera organisé le soir de la finale de la coupe d’Europe). Donc François qui propose de proposer aux participant à ses ateliers de l’été 2021 de se joindre à l’atelier. Et ils vont venir nombreux, en plus de ceux de mon propre site.

L’idée, ici, c’est de vous raconter cet atelier, donc, un retour d’expérience. Tout se passe sur Zoom. En tout, l’atelier durera presque 3 heures. J’ai choisi d’en tirer quelques passages, en version purement sonore. Difficile de s’imposer l’atelier dans son intégralité, et puis l’intensité du moment, c’est l’intensité du moment. Mais les capsules sonores qui suivent vous donneront une idée assez précise de ce que nous avons vécu.

Commençons par la proposition. Le livre de Milène Tournier est constitué d’une centaine de texte qui s’appuient sur une anaphore : les paragraphes commencent tous par « Je t’aime comme ». Et ensuite, c’est une succession d’image. Chaque texte fait référence à un lieu de la ville. Au départ, c’étaient des vidéo. Les textes reprennent le principe, mais sont retravaillés, parfois largement.

Il y a plusieurs possibilités de propositions. La première pourrait « simplement » consister à présenter le travail de Milène et à proposer aux participants de faire la même chose : un texte dont chaque paragraphe commence par « Je t’aime comme ». Peut-être avec des participants moins aguerris, peut-être avec des collégiens, des élèves d’école primaire. Mais cela me semblait n’ouvrir pas assez de possibilité, et ne pas aller au bout des potentialités. Ma proposition consiste à décaler un peu plus, et, si l’on le souhaite, à changer le verbe. Passer de « Je t’aime comme » à « Je te chatouille comme », ou tout autre verbe. Je m’en explique au début de l’atelier. On est le dimanche 11 juillet 2021. Il est 20h. Ecoutez.

C’est assez simple, et j’ignore à ce moment ce que cela va pouvoir donner. Est-ce que mon impulsion est suffisante ? Jusqu’où les participants vont jouer avec elle ? C’est le saut dans l’inconnu. Pour appuyer les choses, j’ai proposé deux liens. Un vers les vidéos de Milène, pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas son travail. Un autre vers l’extrait PDF du livre mis en ligne par l’éditeur.

J’ai proposé aux participants de publier leurs textes dans un document en ligne ouvert, pour que chacun puisse lire les productions des autres, et à celles et ceux qui en disposaient de publier sur le blog des ateliers Tiers Livre, dans une rubrique dédiée (c’est ici).

La restitution s’est faite une heure et quart plus tard, et pour une grande part oralement dans la visioconférence. Les textes sont d’une rare intensité. En terme d’émotion je découvre quelque chose que je n’avais pas connu jusque-là : si j’ai déjà utilisé de nombreuses propositions d’écriture ça a toujours été dans le cadre de formations et l’on parle alors plus de consignes que de propositions : la liberté des participants est bien moindre.

Je ne vous propose que trois lectures (Nathalie Holt, Catherine Serre, Rebecca Armstrong), il y en a eu bien d’autres et tout aussi fortes, pour que vous puissiez juger vous même de l’intensité du moment. (Plein d’autres textes à lire ici)

Même si on a pu lire dans le document partagé certains textes avant leur lecture dans la visioconférence, on les redécouvre totalement à ce moment. Et c’est Milène Tournier qui parle le mieux de ce que nous ressentons tous à ce moment.

À ce moment, je suis persuadé du potentiel quasi infini de la proposition, de son caractère reproductible dans d’autres contextes, avec des groupes divers, en présentiel ou en distanciel, et que même on pourrait à la fin de chaque atelier de ce type imaginer cela : un texte constitué d’un paragraphe de chaque texte produit, comme un « métatexte » qui serait la somme de ce que les participants auraient fait.

Comme Milène Tournier est là, se passe ensuite quelque chose de difficilement reproductible, mais qui est aussi permis parce que chacun s’est « frotté » à la forme, un temps d’échange autour du livre.

Je crois que je peux bien considérer que c’était là mon premier atelier d’écriture en tant qu’animateur. Et c’était la moindre des choses de le partager avec vous.

Je remercie vivement les participantes et les participants, parce qu’avoir une équipe de cette qualité pour une première c’est vraiment agréable. Et puis, Milène, forcément : énorme merci, c’était chouette.

Une dernière chose à partager avec vous, le livre de Milène Tournier. Vous pouvez le trouver là. Et ce serait dommage de vous en priver.

A propos de Sébastien Bailly

A beaucoup écrit. Et ne va pas s'arrêter là. Donne des cours de techniques rédactionnelles, et fais deux trois trucs sur Internet depuis un bon quart de siècle. Formations en ligne et ateliers d'écriture sur www.ecrireclair.net

5 commentaires à propos de “Je t’aime comme : l’atelier d’écriture”

  1. Je partage ton sentiment Sébastien d’avoir vécu un moment particulièrement heureux ! Je suis heureuse de l’avoir partagé avec toi, Milène et tous les participants et de savoir que tu considères cela comme ton « baptême » d’animateur m’enthousiasme encore plus !

  2. C’était un atelier très détendu, propice à l’écriture et aux échanges. Finalement pas besoin d’un dispositif complexe pour faire surgir la poésie. Merci pour la restitution et les extraits et les infos sur Milène.

  3. Quelle belle proposition. Ce moment d’écriture en direct a été intense. Hâte d’avoir le livre de Miléne entre les mains. Merci !