#le double voyage #04_Cortazar

Station 3 de la ligne 8, je descends et m’assieds sur l’autre quai, histoire d’aller vers ailleurs. Un flot de voyageurs – qui ne voyagent pas – envahi l’espace entre les rails et le siège qui m’accueille. Ils marchent vers un escalier tous pressés par le temps, lequel n’a pourtant jamais demandé qu’on lui courre après. Je pense à cette curieuse vitesse qui s’est imposé aux humains depuis la nuit des temps. Cette expression me fascine d’ailleurs, car je n’ai jamais pu imaginer la nuit des temps. Comment les temps passent-ils leur nuit ? Discutent-ils ensemble ? Sont-ils amis ? Le temps d’un soupir accepte-t-il le temps présent ? Le temps des cerises se soucie-t-il du temps qu’il fait ? IL y a des temps qui courent et qui se perdent… Peut-être que l’air du temps suffit à le tuer ? Un peu comme nous en somme.
Je me reprends à observer.
La majorité des gens qui sortent du métro sont des hommes, parfois une femme et quelques enfants. Le flot passé, le calme s’installe pendant 4 minutes. 4 minutes où la pulsation du monde se fait sentir et où la ville respire. 4 minutes qui se suspendent entre expiration et inspiration. Un oiseau s’est posé près de la machine à billets, il tourne nerveusement la tête avant de reprendre son vol. Un vieil homme s’est assis à mes côtés et m’a offert un regard où j’ai senti toute l’intensité de la vie. Plus besoin de partir. Plus besoin de fuir. Juste besoin de respirer. Lentement. Très lentement. Et ne plus bouger.

A propos de Stéphanie Lannoye

Historienne de l'art et conférencière, mon métier est de relayer par des mots tout ce que d'autres ont créé, imaginé, construit, écrit ou vécu. Comme une balise dans la transmission des savoirs, je guide et je partage.

3 commentaires à propos de “#le double voyage #04_Cortazar”

  1. « …je n’ai jamais pu imaginer la nuit des temps. Comment les temps passent-ils leur nuit ? » j’aime beaucoup, ainsi que le dernier paragraphe et le regard du vieil homme.