Le double voyage #05 | dyschronie féconde

Cabestan horizontal Blancs, tous blancs et tous propres. Parfaits. Conformes. Comme tout ce que l’on montre de l’intérieur de ces riches et belles maisons protestantes qui longent les canaux.

Souche Blanchie par la mer, roulée. Comme un signe, une alerte, juste après la maison éventrée

Lampadaire avec un oiseau la difficulté est de savoir lequel tellement il y a d’oiseaux qui se posent un instant sur des lampadaires

Chenil à beagles chaque maison a le sien, la ville en est pleine et chaque midi ils hurlent avec la sirène

Trois chiottes dos à la mer faciles a trouver, la route n’allait guère plus loin. L’enfant a certainement grandi.

Maison éventrée ce n’est pas la seule mais on pouvait y entrer sans risque, le bois était encore solide. Elle a résisté au milieu de nulle part

Pierres à morue sur la grave de l’île aux chiens qui vaut le détour mais pas forcément le voyage

Cabestan vertical des traces de peinture rouge, des écailles de couleur. Ce qui reste de lui atteste qu’il y avait eu des pêcheurs ici et donne un but à la route qui finit là

Après la fileuse au fuseau comme la marchande d’origan à la sortie des Gorges de Samaria, il faut payer pour la photographier

L’éléphant de granit un buisson rougeoyant à l’automne sur la gauche, des œufs de pierres partout comme sortant de terre, un site protégé dont les bateliers souillent les roches à la peinture. Y attendre la fin du jour dans les cimetières marins et voir le rayon vert quelques secondes

Dès la première année à l’école maternelle, l’enfant doit pouvoir reconstituer une chronologie de trois images indique le programme officiel de l’Éducation nationale

L’avantage d’avoir loupé un épisode au tout début de la saison 1 lors des apprentissages de la maîtrise cognitive du temps, c’est qu’à l’heure des subtils premiers déficits cognitifs on arrive à la dernière saison vachement bien entraîné pour ne plus se repérer du tout dans le temps. S’y perdre alors au point de croire possible de dessiner un plan, hors de l’espace, sans feuille, ni crayon, jusqu’au déni du temps et ne plus avoir à conjuguer au passé et au futur, ni devoir distinguer le jour de la nuit.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

5 commentaires à propos de “Le double voyage #05 | dyschronie féconde”

  1. Merci Marie-Caroline, merci Danièle de vos passages.La consigne demandait 9 indications : en livrer 10 est sans doute le signe d’un léger déficit cognitif. Ou le choix de mettre aux chiottes les exigences ?

  2. commençait bien avec le si juste « Parfaits. Conformes. Comme tout ce que l’on montre de l’intérieur de ces riches et belles maisons protestantes qui longent les canaux. »
    et ça perdure

  3. détour ou voyage ? tomber sur l’éléphant par hasard et voir le rayon vert? les traces de peintures qui attestent de… et la route finit là…
    ( oiseau chien éléphant chiottes … il n’y a pas d’intrus ni d’intruses ils et elles ont été y sont peut être encor…) et quelqu’un qu’on voit à peine donne l’échelle sur la photographie . De belles images pour rêver Merci Ugo