Les bougies

Une bougie artisanale sur la table, un souvenir de pépé, ne pas oublier de la souffler, un jour le voisin s’est endormi, les rideaux ont pris feu, l’appartement, l’immeuble, le froid dans la rue, le froid à Belgrade, les églises orthodoxes, pose un cierge pour mon père, mais je ne suis pas orthodoxe, alors il faut l’allumer sur les autres bougies, c’est joli, en France ça coûte cher, sept euros le cierge, c’est hors de question, dans ma poche de manteau une bougie d’anniversaire, une petite bleue torsadée, elle trône au milieu des cierges maintenant, le type derrière a rit, une petite bougie sur le gâteau d’anniversaire de mon neveu, il bat des mains, une bougie magique, les enfants applaudissent, la maîtresse dit ah bah bravo, moi sur une chaise derrière, mon papa a dit on fête pas les anniversaires, une bougie en plastique sur ma maison de poupée, je souffle pour savoir ce que ça fait, on met des bougies par terre dans la tente, cinq bougies, appeler la dame en blanc, j’en souffle une pour pas qu’elle vienne, les autres filles sont pas contentes, maintenant je suis grande papa ne dit plus rien, on a oublié les bougies, mémé a sorti celles de pépé, 82, elle a inversé les chiffres, j’ai soufflé, il est figé dans le temps pépé, ses bougies n’ont plus de tiges, il me dit ta bougie est finie, sors-en une autre, je me dis je lui plais, il dit c’est pour l’odeur de la cigarette, je me dis je ne lui plaît pas, on a oublié de payer l’électricité, j’ai lu à la bougie, éteignez votre bordel dans le jardin gueule le vieux par la fenêtre, on voit rien, il va chercher des bougies, on a trop bu, on se penche pour souffler, nos nez se frottent, je ris, fais un voeu, fermez les yeux, une bougie sur une crêpe, notre premier anniversaire, des petites bougies chauffantes qui forment un coeur sur la table, j’en ai déjà acheté des comme ça, aux attentats, des bougies sur le trottoir, par centaines, sur les marches, elles sont où maintenant, on s’est caché chez l’italien, un chandelier sur sa table de salon, j’ai un prénom juif, maman aimerait bien, elle aime bien mon prénom, elle me l’a donné, elle a de gros bougeoirs en marbre, pour ton héritage elle dit, je ne peux pas mourir avant maman, souffle cette putain de bougie, se cacher sous le lit.

A propos de Lyd

Slavophile, psychologue, journaliste. Métisse. Des cafés de toutes les manières. J'aime aussi lire dans des langues que je ne parle pas. La poésie la nuit, la littérature au café, les nouvelles dans le train.

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