P#2 Accumulation (Fil Berger)

Quelque part à Paris quinzième. Quelque part où vagir. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part un trois-pièces sur cour arborée. Quelque part à Paris quinzième. Quelque part une routine de mairie. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part se tenir à des visites hebdomadaires. Quelque part avenue Trudaine. Quelque part faire une jeune rencontre. Quelque part à Corbières. Quelque part un orage magnétique se déclare. Quelque part sur le chemin de Sainte-Tulle le geste des femmes sous les tilleuls. Quelque part à Corbières. Quelque part un nid d’espions. Quelque part à Saint-Julien. Quelque part le dessin habituel d’une ville noire et blanche. Quelque part à Saclay. Quelque part accumuler des secrets. Quelque part près de Saint-Paul. Quelque part nourrir des sangliers près du château. Quelque part dans la colline. Quelque part le petit banc et les deux chênes. Quelque part à Manosque. Quelque part des ciseaux taillent. Quelque part à Paris quinzième. Quelque part un compas géant trace un cercle sur un tableau. Quelque part dans le métro. Quelque part apprendre par cœur. Quelque part à Corbières. Quelque part scorpions noirs, scolopendres, tunnels. Quelque part à Venelles. Quelque part ébouler des tranchées. Quelque part à Venelles. Quelque part vitesse limitée à quarante. Quelque part dans un quartier de Ventabren. Quelque part un commando de destruction mécanique des jeunes filles. Quelque part sur le cours. Quelque part une ligne de basse dans une cabine de disquaire. Quelque part rue Jacques-de La-Roque. Quelque part découper l’espace. Quelque part à Roquebrune. Quelque part la puanteur des latrines. Quelque part à Paris quinzième. Quelque part se cacher sous le piano. Quelque part à La-Roche-de-Rame. Quelque part un écart entre l’écorce et la roche. Quelque part à Saint-Julien. Quelque part sonner le glas tous les jours. Quelque part à Saint-Aygulf. Quelque part faire briller la peau d’un phoque. Quelque part à Aix-en-Provence. Quelque part être de la normale. Quelque part à La Garenne-Colombes. Quelque part regarder un mégot se décomposer sur un appui de fenêtre. Quelque part à Sion-sur-l’Océan. Quelque part un sourire de soleil gâté. Quelque part en voiture. Quelque part ne pas préparer une bonne gifle. Quelque part à Gouy. Quelque part une plâtrée de fou-rires. Quelque part à Venelles. Quelque part sur la ligne blanche du départ. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part des puces sur un boulevard, samedi. Quelque part à Paris dix-neuvième. Quelque part ne pas traverser un boulevard. Quelque part à Strasbourg. Quelque part se crever les yeux et devenir leur acrobate. Quelque part dans le Faubourg-de-Pierre. Quelque part un moteur gonflé, des lumières, un tunnel. Quelque part à Paris premier. Quelque part des sièges de métro démontés. Quelque part rue Sainte-Madeleine. Quelque part une poupée qui joue du violon. Quelque part sur les quais. Quelque part des établissements de bains fantômes. Quelque part à Strasbourg. Quelque part les immortels se réjouissent. Quelque part boulevard de La Villette. Quelque part un film super huit se tourne vers le gibet de Montfaucon. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part c’est la relève aux urgences. Quelque part à Paris. Quelque part des hôtels sans étoile. Quelque part cour Lesage. Quelque part garer une voiture. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part au détour d’une page illustrée de l’I.S. Quelque part à Joinville-le-Pont. Quelque part un conseil bienvenu. Quelque part à Cachan. Quelque part projeter la ligne de lumière. Quelque part à Pigalle. Quelque part embrasser sur la bouche. Quelque part rue de Belleville. Quelque part deux fois le même fournisseur. Quelque part au métro Crimée. Quelque part ne pas connaître la vidéo. Quelque part rue Ernestine. Quelque part Mozart, un concerto pour piano, le corps. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part trois chats griffent un blouson de cuir. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part ne pas s’en aller ce soir. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part faire quelques pas. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part creuser des murs. Quelque part à Paris seizième. Quelque part damer du sable à lapins. Quelque part à Aubervilliers. Quelque part un morceau de sucre déballé avec les dents. Quelque part dans le Loiret. Quelque part ne pas répondre à l’essentiel. Quelque part rue des Envierges. Quelque part un cube, une verticale, une horizontale, un pêcher. Quelque part rue Piat. Quelque part ne plus entendre la rumeur. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part une barre noire et blanche. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part subir un racket de cour d’école. Quelque part à Paris douzième. Quelque part des petits pieds chantournés. Quelque part à Paris sixième. Quelque part des entrées dans un énorme dictionnaire. Quelque part sur la route de l’est. Quelque part une trajectoire à l’aveugle à trois heures du matin. Quelque part rue de la Haye. une cathédrale et un temple. Quelque part place de la Comédie. Quelque part des premiers pas. Quelque part à Metz. Quelque part l’envahissement d’un cloître par le son instrumental. Quelque part à Strasbourg. Quelque part apprendre à lire et à compter. Quelque part rue Klein. Des vibrations intenses et basses. Quelque part à la gare. Quelque part le cauchemar d’un mur de verre. Quelque part quai au Sable. Quelque part un vélo de la communauté urbaine. Quelque part rue Pierre-Sémard. Quelque part dans une chambre oubliée du Select Hôtel. Quelque part en Meuse. Quelque part l’ivrognerie faite loi. Quelque part à Bouquemont. Quelque part le trajet des chevaux de fer. Quelque part rue Bigorra. Quelque part éclater des troncs. Quelque part à Paris treizième. Quelque part une rencontre, un petit restaurant. Quelque part à Paris huitième. Quelque part le retour quotidien de plusieurs fautes d’orthographe. Quelque part à Metz. Quelque part se débarrasser de tous les livres. Quelque part en Meurthe-et-Moselle. Quelque part la musique expérimentale. Quelque part en Meuse. Quelque part un verre à pied éclaté sur le rebord d’une cuisinière. Quelque part rue du Tombois. Quelque part à vingt mètres de l’apprentissage draconien. Quelque part à Paris deuxième. Quelque part le bureau des logements du C.E. Quelque part à Paris treizième. Quelque part une cigarette roulée serrée. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part un pèlerinage au Caire pour du fromage fort. Quelque part rue Françoise Dolto. Quelque part suspendre une terrasse. Quelque part dans le Jura. Quelque part racler le cercle. Quelque part à Cinquétral. Quelque part arriver et construire. Quelque part à la bibliothèque de Saint-Claude. Quelque part des cris après un accident. Quelque part à Cinquétral. Quelque part donner un tour de clés à la fruitière. Quelque part à Cinquétral. Quelque part prendre la tangente. Quelque part au sud du Trièves. Se déposer quelque part.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.