#P5 | tempête

plexus solaire dense, bloc de nerfs empêchés s’accumulant en un coussin replet, à la fois appui-tête et compression du diaphragme, petit plongeoir pour rejoindre les bas-fonds de l’âme

chair noueuse éclate en mille cristaux de verre

qui s’en vont lacérer le visage d’un autre miroir à briser. Voix qui gonfle et se gorge des rancœurs accumulés, le corps se fait la voile des émotions qui prennent le large et sortent en jets incontrôlés et menaçants. Dégorger les tensions sourdes accumulées. Les larmes ne viennent qu’après le tonnerre qui hurle et les éclairs qui brisent, ne pas rester sur le rivage regarder la mer se déchaîner, faire partie du voyage, aller toujours plus loin dans les nappes d’une mémoire corporelle redoutable qui ne se connaît qu’en éclatement. Laisser la chute finale comprimer la plainte et rester là les bras en croix, le cœur qui fait trembler la surface dure, le corps pesant. Laisser une respiration ouvrir le chemin et s’insinuer dans tous les recoins mis au jour par cette colère lointaine et sauvage, lever les voiles nouvelles d’une possible résurrection, les nappes du corps s’éveillent en échos et révèlent leurs images en rêves scabreux et tendres. Attendre alors, ne pas bouger, remonter sur le rivage et se souvenir.

A propos de Marie Tutello

Présente aux ateliers du Tiers Livre depuis le cycle progression de l'été 2021, une soif d'écrire étanchée et entretenue depuis, parfois par intermittence.

6 commentaires à propos de “#P5 | tempête”

  1. peut-être parce qu’il y a du rivage dans ce texte, j’ai pensé en le lisant à « Kafka sur le rivage » de Murakami, texte magnifique….et je crois que l’on s’avance vers Kafka. alors merci Marie

  2. « ne pas rester sur le rivage regarder la mer se déchaîner, faire partie du voyage ». Belle façon de dire un sentiment d’abandon.
    Je vois que ça a évoqué Murakami à Bernadette. Ça m’étonne pas et je confirme pour Kafka sur le rivage. Une merveille de lecture.

    • Merci merci ! Je viens de trouver le livre chez mon libraire préféré ! Je l’emporte dans ma valise !