#technique #03 | 2 riens – notes

Mon corps se tient sur cette planche dressée un peu au-dessus des regards sous cette lumière qui le montre. Peut-être que mon corps a froid. Peut-être qu’à se tenir ainsi immobile sous cette lumière la tête de mon corps est prise de vertige ou ce sont mes pieds qui chancèlent. Je suis nue et la peau de mon corps frisonne : qu’il faut t’accrocher à l’air me murmure personne. Je suis sur cette planche un peu au-dessus des regards comme sur la scène d’un théâtre. C’est un théâtre de silence. Je sens l’air de la fenêtre haute ; je vois l’arbre de l’autre côté du verre, un pauvre arbre de cour, mais solide, et droit; je prends l’arbre comme bâton : tuteur lointain. Je me prends à lui avec mes yeux, je deviens lui sous cette lumière qui me montre. Sur cette planche et sous cette lumière je suis l’arbre et je ne suis personne. Je suis une ligne. Je suis une tache de couleur. Je suis cette ligne qu’ils tracent. Je suis la main qui me regarde et le regard qui me touche. Et m’enlève. Et m’encre. Je sais que mon corps qui frisonne sous la lumière que le montre ne doit pas bouger pour devenir cette tache qui s’informe.

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

4 commentaires à propos de “#technique #03 | 2 riens – notes”

  1. Titre menteur: vos « riens«  disent tant.
    « Je suis la main qui me regarde et le regard qui me touche. »;
    Merci de « Riens ». Merci Nathalie Holt.

    • Ne voulais pas mentir. Rien comme fétu ou peu ou poussière ou à peine … merci des lectures Ugo

  2. C’est fou, je viens de chercher sur le net une photo de peinture à l’encre pour mon livre Elle parle des corps et je trouve mon image rêvée toute en mots. Mirage. C’est beau, ta photo en mots. Fidèle. C’est elle qu’il me faudrait. Merci, Nathalie.