#L2 | Les nuages, les nuages,

agglomération en cours

De l’agneau pour le tagine. Des rustines pour les vélos. Des croquettes pour la chienne. Le rendez-vous chez l’ophtalmo. La conduire au vaccinodrome. Reprendre rendez-vous. L’emmener faire une e-photo (permis). Voir pour le portable : plus de son sur son portable. Découpes de médium 53×80 en 15 mm, deux fois. Les lentilles de nuit. Colle à bois pour le skate. Le conduire pour 6h. Le reprendre à 13h. Bottes en caoutchouc (champs). Changer chaussures running. Aller voir à Feu Vert. Passer voir à Jardiland pour la sauge. Remettre un rosier. Aller voir pour les étagères. Au rond-point prendre la quatrième sortie. Votre commande est prête. Aller chercher les tapis de sol. Un nouveau triangle. Ventouse pour mobile. Passer par la zone ça ira plus vite. Passer à l’agence. L’atelier de 14h. L’atelier de 10h. Le train de 15h34. Demander au garage pour la portière (vitre). Passer par en haut ça ira plus vite. Prendre direct trois rendez-vous. Visite de contrôle le. Deux filtres à évier. Travers pour le bbq. Lait pour les enfants. Passer par l’autre côté ça ira plus vite…

On l’appelle ligne de rive. Une ligne de rive continue à gauche de la chaussée informe que celle-ci est à sens unique. On ne parle plus d’elle. Elle est dans le décor, ou, non, elle fait partie du décor. Ça continue sans elle. Avec elle, sans elle, on ne voit pas la différence. Elle ne se voit pas. Le décor ici, là, escamote, elle se fond dans, elle appartient au décor. Ou, non, elle est le décor. Elle l’est. Ça peut être partout, on. À tous les ronds-points. Constellation des ronds-points. Au premier rond-point. Le premier venu. Un rond-point l’attend à la sortie de chez elle. En sortie de commune, d’agglomération. En entrée de zone. Ou le contraire. Elle peut être partout. Cela l’attend. Est ce qui l’attend. L’attente au rond-point. C’est tout ce qui l’attend. C’est tout. Tout ce que l’on, elle, ne sait pas. En l’absence d’histoire. L’infrastructure, les. Les réglementations, les codes, la législation. Les textes. Ce qui ne fait pas d’histoire, l’arrière-plan. L’immense corpus textuel, océan. Le sans histoire a une histoire. Ou non. A une administration. Discontinuités des bandes blanches. La ligne discontinue peut être chevauchée ou franchie, dans le cadre des dépassements ou des changements de voie. Chaque ligne mesure 3 mètres, séparée par un espace de 10 mètres, ou 1,50 mètre, séparée de 5 mètres en agglomération. La ligne de dissuasion. La ligne de dissuasion est mise en place dans une zone dangereuse, où les dépassements seraient risqués à cause du manque de visibilité ou de la présence de nombreuses intersections. Chaque ligne mesure 3 mètres, séparée par un espace de 1,33 mètre. Si la chaussée est à sens unique, une ligne de dissuasion interdit d’emprunter une sortie à moins d’être dans la voie de droite. Mais elle n’interdit pas de commencer un dépassement ou de se rabattre dans la voie de droite, si la situation le permet. Je double, je me rabats. Ce qu’elle ne sait pas sur un carrefour à sens giratoire. Le saviez-vous ? Que sais-je ? La France réputée premier pays au monde pour son nombre de carrefours giratoires. Le jour tourne autour. Tout le jour. Tout ce que vous, elle, ne savez pas du jour. À l’instant. Tout ce qu’à cet instant vous avez oublié que vous savez. Je paraphrase. Toutes les choses que je sais sans qu’à l’instant j’y pense. Je traduis. J’essaie. J’imagine. L’entonnoir, capuche, la cagoule de l’instant. La gueule de l’instant. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que ce n’est pas elle, c’est moi. Ce n’est pas, plus, elle. C’est vous. C’est moi.

Le vallonnement artificiel, les écrans végétaux, les lampadaires, les enseignes. Les reliefs rapportés, les glissIères de sécurité, les marguerites, les tapis de marguerites. Les panneaux, les arrières des panneaux, les bruits des camions, des transports, le ciel. Les champs, les horizons, les immeubles, les glissements. Tout ce qui glisse, se glisse, s’insère, s’efface. Les taupinières, les éclats de conversation, les oiseaux, tous les verts. Les personnes qui attendent le bus, la paroi de verre de l’abribus, l’homme qui sort des buissons, de pisser. Des mouchoirs, des masques, du liseron, le goudron du chemin piéton. Quelqu’un au téléphone, quelqu’un sur son smartphone, quelqu’un avec quelqu’un, quelqu’un. Le glissement du bus, la hauteur des soucis, l’odeur de chaud, le chant de l’oiseau. Le vent, le coup de vent, le courant d’air, le massif, les massifs. Le paillage, les panneaux, les directions, les enseignes. Les lignes, bordures, bandes blanches, la lumière. Les nuages, les cédez-le-passage, les mamelons, les îlots, les nuages. Les nuages, les nuages, les nuages, les nuages. Les autos, les autos, les autos, les autos. Les remorques, les cages de foot, les tentes, les autos. L’éclaircie, le bruit de chaîne (les remorques), les rochers, les brouillards de lave-auto. La portière, la ceinture, le contact, clignotant. Le parking, rond-point, la bretelle, voie rapide. Les raccords de la route, les bandes vibrantes, les bouteilles d’eau, les masques. Le tilleul, pin, prunus, bouleau, l’aulne. Le robinier, le noisetier, le robinier, le noisetier. Le peuplier, le noisetier, le robinier, le peuplier. Les nuages, les autos, les autos, les nuages. La circulation, la fluidité, l’écoulement, le temps.

Le temps. Le temps sera humide et doux, une zone pluvieuse aborde les côtes. Elle se décale rapidement vers l’est et gagne jusqu’aux frontières. Les précipitations peuvent être soutenues sur les littoraux et les façades ouest du relief. Ce temps perturbé s’accompagne d’un vent de sud-ouest sensible, parfois assez fort y compris dans l’intérieur. Le redoux se poursuit au long de la nuit. Doux mais encore gris et humide sur une grande moitié nord, le temps est gris et humide avec par moments un peu de crachin, et le vent de sud-ouest soutenu et très doux s’accompagne d’un temps nuageux et instable. Des averses orageuses seront possibles, les orages les plus forts donnant des précipitations abondantes avec de la grêle. Ce temps pluvio-instable gagne le nord en journée. Le temps est généralement plus frais et bien ensoleillé entre deux perturbations. À l’arrière, l’amélioration gagne la plupart des régions avec un ciel le plus souvent peu nuageux à voilé, après la dissipation de quelques grisailles matinales, dans la nuit une nouvelle dégradation approche des côtes. Des nuages d’altitude plus nombreux et épais se présentent par le nord-ouest et gagnent peu à peu tout l’ouest. Le ciel se charge à la mi-journée et des pluies débuteront sur l’ouest et les côtes. Plus tard, devenant plus soutenues les pluies s’étendent jusque sur le centre. Le temps instable se décale peu à peu vers l’est au cours de la nuit. L’orage peut encore tonner sur tout le quart nord-est et de la grêle est toujours possible. En journée ce mauvais temps continue à se décaler, faisant apparaître de belles éclaircies, temporaires car les nuages reviennent en cours de journée et donneront quelques gouttes ici et là. À l’arrière le soleil revient mais l’atmosphère se rafraîchit. Les nuages font un peu de résistance, lâchant leurs dernières gouttes avant de se morceler peu à peu et laisser place à des embellies, de plus en plus larges, parfois entrecoupées d’averses seulement. Plus à l’ouest le soleil brille déjà à l’aube. Quelques averses se produisent ici et là mais restent rares, dans les régions allant du nord aux frontières de l’est le temps se dissipant peu à peu. Ailleurs et sur une large moitié nord-ouest, le soleil présent entre quelques nuages sous des vents de nord-ouest modérés, quelques plaques nuageuses ou des nappes de grisailles viennent flirter avec la pointe ouest et le littoral nord-ouest, sans dégrader l’impression de beau temps alors que le temps nuageux apporte quelques pluies sur les côtes orientales qui s’estompent ensuite et dans la journée. Des averses localement abondantes sont possibles sur tout le quart ouest, le soleil s’impose à la mi-journée dans un ciel temporairement variable mais le fond de l’air est nettement rafraîchi. Le vent souffle modérément accentuant notablement la sensation de fraîcheur. Pour le reste le ciel est parfois nuageux avec de belles éclaircies au nord. Le ciel est variable avec nuages et éclaircies. Le ciel reste bien encombré et le fond de l’air frais. À l’arrière jusqu’aux frontières du nord, l’ambiance est plus calme, mais aussi plus fraîche, sous un ciel partagé entre nuages et moments ensoleillés, les périodes ensoleillées sont plus fréquentes mais le risque de pluie se maintient dans la moitié nord. Les nuages saturés se délestent le long des côtes le vent de sud-ouest soufflera en rafales. Partout ailleurs ciel plus changeant avec des passages nuageux entrecoupés d’éclaircies au nord, quelques averses se produisent localement. Dans le courant de la journée ces nuages se déchirent et laissent s’imposer des éclaircies. La perturbation entrée par le nord-ouest s’enfonce un peu plus sur le pays mais avec une activité de plus en plus faible et des nuages se morcelant au fil de la journée. Le matin quelques gouttes sont encore possibles.

N.B. — Je pense à un collage, une unité fausse et de lieu et de temps. À des glissements. Une omniscience je ne sais pas, mais une transparence. Le regard ou la vision se détache du quelqu'un pour se déployer et fondre dans ou confondre avec le quelque part. Vision panoramique. Je me dis : platitude, ou horizontalité, diversité, pas de relation de cause à effet, pas de nouage d'intrigue au contraire, ouverture, l'ouvert, zone, un horizon d'activité(s).
N.B. — Je fais dans l'implicite. Dans le sous-entendu. J'essaie de ne pas faire dans le cryptique. Je considère qu'en #L2 j'établis ou suscite des pans de réel, agglomération en cours. En #L3 viendront des voix. En douce, je rêve d'une intrigue ou voix et pans s'interchangeraient. Où des éléments ou fragments du réel eux-mêmes, des objets, prendraient la parole — à qui ? Ma mise en espace est aussi un élargissement temporel. Sans exclure l'éventualité que je me leurre sur ce que je fais.
Robert Barry, All the things I know but of which I am not at the moment thinking, 1969