vers un écrire/film #04 | vain gesticule

la vague avale le bras levé la main levée vers, le haut, de l’eau, la vaine main, la vague ne, soulève plus, qu’elle, la vague, l’eau, ne porte plus assez haut, les lèvres l’épaule la peau, avale toute l’eau crache, se raccr- se raccroche à quoi la main, à l’air, la main, cherche, appui, sur, l’eau, sur la peau de l’eau, la main effort qui soulève le corps, la bouche, air, vie encore, croire, les lumières de Gibraltar, avale vague visage, pas assez fort la main, vers le bas pousse la main, veut encore tenter la main, veut la main, ne peut, encore essayer de, soulever le reste de la sauve peau, pas le temps d’essuyer le sel dans les paupières, vivre, appelle l’air à l’aide la main, la peau de la vague soulève la mer, de Tanger les lumières, bleu nuit est toute la vague, la main, tente d’attraper quoi, la main, levée veut prendre l’air attrapper l’air attr- s’accrocher l’air s’accr- appelle l’air à l’aide la main, happe, la main cherche appui sur la peau de l’eau, de solide plus rien, vaine main, vainement gesticule, avale l’eau, de la bouche rouge cercle rond noir, les paupières ne sont plus qu’une membrane rouge contre la paroi nuit d’une tombe d’eau, la main, effort qui soulève le corps, encore, air, aspi-, la bouche est une bouée rouge à la surf-, la surfa-, avale les lumières du zodiaque, la houle, respi-, la main veut lever s’appuy-, la main, ava-, la main, respi-, vain gesticule

A propos de Laure Humbel

Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine, prévu au printemps 2024, s'intitulera «BigBang». Actuellement, je travaille à un texte qui s'alimente de la matière des derniers cycles d'ateliers.

10 commentaires à propos de “vers un écrire/film #04 | vain gesticule”

    • Merci, je n’ai pas parlé des bateaux pour insister sur la solitude extrême. Le « zodiaque », c’est bien sûr les étoiles, mais dans mon idée il y a aussi une référence au bateau du même nom (« zodiac » je crois), peut-être pas assez claire.

    • terrible oui. C’est quelque chose qui m’est difficile, oser m’installer dans le terrible, les ateliers nous poussent à aller écrire au-delà de nos limites, c’est précieux.

  1. Merci Xavier, c’est dur de se dire qu’on arrive à rendre ça, cf le commentaire que je viens de laisser à Nathalie.

  2. Superbe texte…L’allusion au Zodiac est claire, Laure…Tu m’as replongé (sic) dans mes quasi-noyades.

  3. En lisant j’avais l’impression de nager. Quelque chose du souffle au bord de l’asphyxie…. et surement que le décalage de la ponctuation y est pour quelque chose.