#40jours #15 | se méfier de quoi

c’est quoi ce fait se fait là s’est fait là ça a été fait et c’est là ici placé ça s’est placé ici on l’a placé mis ici c’est un fait ça fait un fait on a pu le faire on n’a pas pu y échapper à ce fait on n’y échappera pas ce fait est là on n’y échappera plus jamais à ce fait-là qui est ici c’est fait c’est mal fait mais c’est un fait que ça s’est fait ça fait mal ce fait c’est vraiment fait on ne peut plus y revenir ce fait est placé là il sera toujours là à trôner à promulguer le fait de sa sentence de fait qu’on ne défait pas qu’on ne peut pas défaire c’est pas bien c’est mal et c’est mal fait c’est pas approprié c’est pas bien fait mais proprement fait ce fait-là ce fait peut plaire même mal fait pas si bien fait que ça ce fait peut plaire qu’est-ce que ça peut faire que ce fait plaise ne plaise pas pas tant que ça c’est là toujours ici maintenant à trôner à promulguer sa sentence bête c’est bête ce que ce fait fait c’est bête que ce fait soit à la place de rien c’était pas bête avant le fait qui a été fait là à la place de rien de fait ça fait mal que ce soit fait ça a pris la place ça prend de la place sur du rien ce fait qui a un nom de fait ça se nomme ça doit avoir un nom ce fait ici et maintenant pour toujours ça promulgue et ça trône maintenant que c’est fait mais c’est quoi on voit comment c’est fait ce fait on voit pas quoi c’est c’est compliqué ce qui s’est fait là c’est un fait que c’était simple avant le fait ce fait s’est fait là il dit des faits bêtes c’est quoi ces faits-là ça se voit ce sont des faits faits pour rester avant le seul fait qui était là c’était rien qui ne promulguait rien qui était là sans trôner son état de fait et de quoi c’est fait ce fait compliqué ce fait plus simple maintenant de quoi c’est fait qu’on n’y échappera pas ce fait lourd mal fait et proprement fait qui va plaire en tant que fait même si mal fait si ça fait mal de quoi c’est fait pour faire mal ce fait fait plus à faire fait maintenant que c’est fait que ce fait doit se nommer ce fait est une totalité on peut on doit nommer ce fait-là qui a été fait de quoi de quoi de quoi ce fait peut-il s’accrocher à quoi à quoi ce fait-là a été complètement fait ce fait va plaire complètement fait même mal fait aux passants aux commerçants aux chalands aux mendiants c’est un fait fait pour plaire en trônant en promulguant sa sentence bête ce fait se fait chaque jour plus fait ce faisant il fait mal en plaisant quoi que ce soit qui soit fait et de quoi que ce soit qu’il soit fait on ne sait pas ce qui est fait mais qu’est-ce que qu’est-ce que c’est ce fait-là qui est fait ici c’est haut ça pend ça dit mais on ne comprend pas ce fait mal fait et proprement fait ne se fera plus maintenant ici fait c’est fait mais c’est quoi ce fait on ne comprend pas que c’est mal fait et proprement fait c’est quoi c’est quoi c’est fait de quoi ça dit quoi que c’est un fait plus à faire pour toujours un fait ici maintenant placé mal placé

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

10 commentaires à propos de “#40jours #15 | se méfier de quoi”

    • Merci Emmanuel.
      Je suis vraiment content que ce texte marche rythmiquement.
      Merci encore pour ta lecture.

  1. De tous les textes lus, le tien répond à la consigne avec une aisance telle que cela parait facile, alors que c’était tout le contraire ! C’est absolument parfait ! Sens-tu que cet exercice ira modifier quelque chose dans ton écriture ?

    • Merci pour ton retour et ton compliment, Helena !
      Pour ce qui me concerne, ce texte a été assez facile à faire.
      J’aime beaucoup Tarkos. Et je suis un peu familier avec son univers.
      Ce texte (à part les points) n’est pas si éloigné que ça de la manière dont j’écris. Mais il contribuera à faire avancer ma façon d’écrire. C’est sûr.
      Encore une fois un grand merci !

  2. la cavale extraordinaire de la parole poétique
    sur l’antre politique / apolitique
    « maintenant à trôner à promulguer sa sentence bête c’est bête ce que ce fait fait c’est bête que ce fait soit à la place de rien c’était pas bête avant le fait qui a été fait là à la place de rien de fait ça fait mal que ce soit fait ça a pris la place ça prend de la pla »
    c’est trop bien

    • Merci pour ta lecture !
      Je suis heureux que tu trouves ce texte intéressant.
      Moi, j’ai bien aimé l’écrire, beaucoup !

  3. dire l’insidieux tu l’as tu l’as tu l’as fait ça s’est fait et bien bien fait c’est fait et bien bien fait ouf ça c’est fait ouf Merci Fil

    • Merci Cécile !
      Je suis vraiment content que tu apprécies ce texte.
      Encore un grand merci pour ton retour.

  4. Ah là oui, je vois l’audace qu’il aurait fallu avoir. Pousser loin comme tu as osé et ça fonctionne drôlement bien. Et toute étonnée de ne pas trouver ton texte lassant. Juste abouti et top. Merci, Fil.

    • Merci, Anne !
      Perso, j’ai vraiment beaucoup aimé écrire ce texte à la manière de Tarkos !