A propos de Christian Chastan

"- En quoi consiste ta justification ? - Je n'en ai aucune. - Et tu parviens à vivre ? - Précisément pour cette raison, car je ne parviendrais pas à vivre avec une justification. Comment pourrais-je justifier la multitude de mes actes et des circonstances de mon existence ?" F.K.

L’AVC

…. Et l’ambulance du SAMU fonçait sur l’autoroute, parce qu’ils savaient bien que pas une minute ne devait être perdue et déjà, du temps, il s’en était écoulé beaucoup trop quand ils avaient été appelés pour venir le chercher, peut-être que sa femme aurait dû réagir plus vite, quand il avait commencé à déambuler dans la chambre sans plus savoir Continuer la lectureL’AVC

Du mystère de l’un et de l’autre

Là où l’une était l’autre y était aussi. Mais il ne le savait pas encore. Elle non plus ne le savait pas. Elle était déjà deux alors mais elle se croyait toujours seule. Elle rêvait alors d’être deux, ou plutôt elle rêvait de cet autre qui n’aurait pas été elle mais qui serait en elle avant d’être un autre. L’une Continuer la lectureDu mystère de l’un et de l’autre

Le cliché

Sur la photographie ils étaient tous les deux. Deux mais il y en avait une troisième qui était là présente. Tous les deux ils auraient regardé l’objectif pour fixer un moment unique. Tous les deux ils étaient frère et sœur. Quand l’obturateur s’était déclenché ils n’avaient pas pris la même pose comme s’ils voulaient se distinguer l’un de l’autre. Ils Continuer la lectureLe cliché

Le voyage en train de nuit

  Il fallait se hisser avec l’aide des parents jusqu’aux marchepieds. Puis tenant ferme la rambarde accéder à la plateforme. Près du soufflet qui reliait les deux wagons une odeur faite de remugle de toilettes et d’effluves de fumée (tabac ? charbon ?) vous accueillait. Rien de repoussant pourtant, la respiration suspendue et peu à peu se familiarisant avec cette odeur spécifique de Continuer la lectureLe voyage en train de nuit

Dans la tête de Giono (réécriture d’une page de NOE)

…parcourt la rue jusqu’à l’extrémité du boulevard Baille, où le tramways attend, comme d’habitude, devant les grilles de l’hôpital de la Timone dont sort une grosse bonne femme au bout d’un bon quart d’heure qu’il est monté dans la voiture,  s’asseyant à côté de lui elle soupire en disant : « je n’en peux plus, on me fait des rayons » elle s’adresse Continuer la lectureDans la tête de Giono (réécriture d’une page de NOE)

Voix lointaines

…table éclairée d’une lumière crue qui découpe au couteau un profil de papier dans la ténèbre tandis qu’un téléphone de bakélite semble évoquer un autre âge, un ailleurs aux abords de celui qui veille ici dans l’attente d’une sonnerie et quand elle retentit le manque tout d’un coup se fait plus vif s’inscrivant comme un vide qui surgit du phrasé Continuer la lectureVoix lointaines

fin du personnage

Le visage débarrassé de la contrainte d’être. Plus de regard que pour l’intérieur derrière des lunettes devenues inutiles. Le nez pincé au milieu qui rassemble les traits contractés autour de la douleur. On sent la fin bientôt mais toujours l’élégance de ne pas lui accorder  la moindre importance. En son for intérieur : Forum ouvert à tous les vents, portiques éboulés, Continuer la lecturefin du personnage

Agonie

Bouche dissimulée par un encombrement de tuyaux. Les yeux mi-clos comme aux aguet. Paupières lourdes d’une léthargie mortelle. La peau distendue, assouplie ou affaissée. En son for intérieur : la mer aux multiples miroirs qui se détache d’un rivage escarpé. Porte d’un monde exotique où règnent les grands palmiers silencieux. Foudroiement du désir fauché dans son élan.   Il y a Continuer la lectureAgonie

Frères humains….

C’est dans la closure de la prison. La partie consacrée aux activités « culturelles. Il n’y a pas d’autre endroit. En tout cas on n’en connaîtra pas d’autre. Les couloirs nus avec des portes qui s’ouvrent de chaque côté. Ou plutôt qui restent fermées, c’est le principe même du lieu. Le plus souvent ils viennent poussés par autre chose que leur Continuer la lectureFrères humains….