Nocturne

Des racines grises sur la même toile que des mèches qui, elles, n’ont pas encore perdu leur teinture, des cheveux secs tenus en arrière par un élastique sans fantaisie. Le reste du visage de la femme qui marche est absorbé par un fil tendu sur le trottoir.En son for intérieur : une forêt vierge, libre en tous sens, de la canopée Continuer la lectureNocturne

En son for au fer fort

Casque brun, chevalier, ligne du regard vert comme chat sous front franc, tour forteresse au centre, large trait de chair rosée, creux aux joues fossettes où le sourire dévoile les dents, barricade qui rompt parfois quand se répand le rire, menton carré : espaces horizontaux juxtaposés de haut en bas vers l’horizon – avancent masqués, marqués au fer fort En Continuer la lectureEn son for au fer fort

3 PERSONNAGES EN QUÊTE

ELLE– Une bouche comme une arche au dessus du menton qui inspire on ne sait pas vraiment quoi, lassitude, dégoût, dédain, haine ? Elle ne regarde pas en face. Ecoute-t-elle celui qui parle ?– En son for intérieur : une cabane en forêt, le bruit croissant d’un cor de chasse.– Dernier passage du bateau bus. Un homme emmitouflé descend en Continuer la lecture3 PERSONNAGES EN QUÊTE

Trois personnes.

1 Jean-Louis. Une grande et grosse carcasse un peu déglinguée, une bonne tête ronde et des yeux gris très clairs. En son for intérieur, des couches successives, ordonnées et cadrées, sur le littoral comme des stratocumulus empilés depuis si longtemps et au milieu ce craquement retentissant. Catherine. Longiligne, un visage aux traits rigoureux et fermes, toute en tension.En son for Continuer la lectureTrois personnes.

B., B. et B.

Bé : Son visage est lisse, poli, satiné. Du marbre blanc, proportionnellement et divinement antique. Tout son visage est de pierre, jusqu’à ses cheveux, arabesques immuables, éternelles. En son for intérieur, une plante d’appartement déposée sous les arbres. Elle manque d’eau et s’assèche, survivant avec peine de rosée en rosée. Ses racines la retiennent, encore mieux que des chaînes, quand un Continuer la lectureB., B. et B.

L’enfant, le vieil homme et la femme-fille

L’Enfant : Dans un visage si rond, si rose, si tendre, le côté droit plus fort pourtant que le gauche, à peine l’esquisse d’une dissymétrie. En son for intérieur : un escalier qui descend dans la mer. Au fond de la salle de classe éclairée par un néon cruel, il ouvre la fenêtre et une à une jette au-dehors toutes les chaises Continuer la lectureL’enfant, le vieil homme et la femme-fille

Tout pour la musique

Louise Joli minois de chat, grands yeux ronds naïfs, bleu glacé comme des lacs de montagnes reflétant le ciel, cheveux blonds coupe carré à la Jeanne d’Arc, un peu essoufflée en permanence comme si elle avait couru, corps mince, presque maigre, mouvements au ralenti En son for intérieur une feuille légère, dentelée, voletant sur la branche, se laissant porter par Continuer la lectureTout pour la musique

Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

En leur for intérieur

Nanda Autour de ses yeux, deux ronds noirs et profonds qui soulignent son regard noir et perçant. Déclinaison de peau aux tons ocres et siennes du coin de l’oeil jusqu’à l’extrémité de la tempe. En son for intérieur : une chouette perchée sur l’arbre du jardin, près de la cabane de son enfance, contemple silencieuse le poignard ensanglanté que serre les Continuer la lectureEn leur for intérieur

Eux deux

Mère Morceau de bois de forme rectangulaire. Bûche beige mouillée, parcourue de ridules. Usure du parchemin quand la peau devient trop fine. Barre horizontale de la bouche et puis cette poche considérable là sous le menton. En son for intérieur: une rage jamais avalée, jamais digérée malgré tout l’espace de la poche. Rage contenue, oiseau noir, aigle aux griffes acérées. Continuer la lectureEux deux