A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

autobiographies #09 | paroles de la rue de Siam

Maintenant voilà ton corps allongé dans une flaque, ne marche plus fils du soleil, regarde comme je m’occupe de la mer, comme je m’occupe du sel, une à une les vagues s’extirpent de l’eau ronde, viennent nourrir le bitume, giclent sans couleur comme on voit dans le noir, personne ne viendra te ramasser, le corps plissé sous le suif avec Continuer la lectureautobiographies #09 | paroles de la rue de Siam

#autobiographies #10 | Elle qui se joue de toi

Ahmed attend dans le PMU de la rue Jean Jaurès, il tient une lettre dans les mains, il a l’air très fatigué. Elle est devant toi, tu la lis, tu la tords à peine, tu relis par la fin, les mots avancent, les mots marchent, les mots font leur trajet, les mots ne reviennent pas dans la bouche, tu ne Continuer la lecture#autobiographies #10 | Elle qui se joue de toi

autobiographies #08 | Salim nos pieds dans l’herbe gelée

Quand je vois Salim ; ses doigts couverts d’engelures ; je me dis j’ai tout à désapprendre ; je ne me souviens que ; sa peur ; coudes frottés contre les côtes ; le geste réitéré ; les mots linoléum ; dans le sourire tu sais Salim ça veut dire quoi, tu sais Salim ça veut dire sûr, ça veut dire en sécurité ; ça le fait rire d’avoir Continuer la lectureautobiographies #08 | Salim nos pieds dans l’herbe gelée

autobiographies #07 | aux portes

Ce soir j’ai un mal de crâne à faire peur. De ceux qui font froncer le sourcil de travers, tomber l’arcade, creuser l’avant du front, tout se déforme, se floute, s’appréhende avec fatigue. Je pousse les grandes portes coupe-feu avec leurs énormes ventouses, bousculées d’un coup d’épaule, main sur la tête, les pieds mal placés se prennent l’un dans l’autre, Continuer la lectureautobiographies #07 | aux portes

autobiographies #06 | reliques

Que restera-t’il de toi quand il fera complètement nuit, qu’ils auront mangé ta force et l’électricité ? Vos bouches iront aux sources de l’orage, dans les cratères fumants qui grondent sous les îles, vous ferez des provisions de lumière, fabriquant de petits paquets qui frottent dans les poches de la fibre de fer, nouveau feu interdit des grottes, niches creusées dans Continuer la lectureautobiographies #06 | reliques

autobiographies #04 | où aller

Dans la seconde salle d’attente qui ouvre sur le couloir des consultations de nuit, elle est sagement étendue sur le lit, attend immobile et silencieuse, les deux mains jointes sur le ventre. J’approche doucement, ne sachant si elle dort, si elle sommeille légèrement, si elle profite de la chaleur du lieu pour se détendre. Un craquement de ma jambe. Elle Continuer la lectureautobiographies #04 | où aller

autobiographies #02 | musiciens musette

Cela a duré jusqu’aux années 75, les années valdingue, les années délits de nuit, les départs caniculaires vers l’Espagne, le flamenco, beaucoup de flamenco, les années volages où les étudiants se marient à 22 ans et partent quand même sur les routes avec ou sans les mioches, laissés tout crus aux grands-parents, vaille que vaille où l’on n’avait pas de Continuer la lectureautobiographies #02 | musiciens musette

autobiographies # 01 | fumée lumière

C’était peut-être une fois par mois, encore moins l’hiver, s’extraire de la boue du jour des pluies malédiction en continu, des cris malédiction en continu, des blessures avec les outils, le tranchant avec les mots, d’un coup la lumière en pleine vitre tout le souvenir, pouvoir s’extraire de l’ombre des sillons, l’ombre du corps creusée dans la terre, effluves animales Continuer la lectureautobiographies # 01 | fumée lumière

#L13 | si les loups reviennent

Un moment dans la tête, tout ne peut plus revenir, s’arrêter ressasser remâcher l’inmâchable, se jeter le trouble à la tête, il s’arrête en pleine rue : recule, refait les mêmes pas, plus déroulés, plus précis en faisant comme les athlètes, appuyer profondément sous la voûte plantaire, pas dans le talon, ni le gros orteil, planter le milieu du pied, en Continuer la lecture#L13 | si les loups reviennent

#P12 | Daniel Humair and Road Dream

Il regarde l’amas des partitions qui couvrent le carrelage de son studio du rez-de-chaussée. Il pourrait jouer à la guitare un petit prélude de Bach (le tout premier), une balade de Jimi Hendricks, les longues circonvolutions dans les aigus et sans prévenir, les chutes vertigineuses dans les soubassements du son, un peu comme Biréli Lagrène quand il jouait avec Pastorius, Continuer la lecture#P12 | Daniel Humair and Road Dream