autobiographies #01 | itinéraires

sur le chemin de l'école

Sur le chemin de l’école

Un palais sur une butte… baroque, aux toits verts en courbes…des colonnes, des balcons ouvragés…tant de fenêtres…pour y accéder une montée de marches, de perrons, de marches, tant de marches en marbre, des rampes en marbre…les enfants y glissaient à la descente… montée cadrée par les conifères taillés pointus, ponctuée en haut par un sphinx de chaque côté, une statue presque vivante, regard au loin, sur les toits de la ville, sur les clochers et les dômes, sur le fleuve et les collines

Une rangée de tilleuls, une porte en fer forgée, un jardin de repos, de calme, de promenade, prairies herbues, arbres aux branches puissantes, bancs ombragés, arbustes et fleurs sélectionnés, étiquetés, épanouis, sentiers soignés, jardin botanique vieux et éternellement recommencé

Un pont sur les rails de chemin de fer, traversée de quartier, pont en ciment, marches en ciment, raides, malcommodes, le vélo sur l’épaule, la poussette traînée tirée en sauts hoquetants, la canne soutenant de vieilles jambes chancelantes, les mains s’appuyant sur une rampe en tube de métal, cherchant l’équilibre, enfin la dalle plane plate, vue plongeante sur le train qui passe, vertige parfois, vite l’autre côté du pont, les marches en descendant, identiques, raides, difficiles, mais préférables à un grand détour, et la rue au bout, la rue, plane, confortable, itinéraire habituel

L’église derrière les grilles, derrière un bout de jardin, lourd portail en bois qui grince, aux odeurs de chêne, aux odeurs d’encens, l’église aux coupoles en forme d’oignons vert brillant, l’église aux chants étrangers, aux litanies slaves, à l’intérieur revêtu d’ors et de vermeil.

Une entrée d’hôpital blanc médical, ballet de taxis et d’ambulances, lumières rouges ou bleues, sons de sirènes, ascenseurs bondés, foule inquiète ramassée, fauteuils roulants, lits à roulettes,  gens qui courent, qui s’effondrent, parfois un sourire, uniformes blancs et bleu ciel, odeurs de produits nettoyants âcres, de médicaments, d’aseptisant, carrelage blanc souillé lavé relavé, sortie ensoleillée par les bouquets de fleurs sur un stand à côté de la porte, bouquets de couleur jaune rouge orangé bleu, senteurs de saison, de vie, de joie.

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.