autobiographies #04 | des lieux gravés

Vauthier le nom d’une petite rue perpendiculaire à la rue du Val de Saire, elle rejoint d’un côté la rue de Sennecey et de l’autre la rue Malakoff. A l’une des extrémités, un peu en retrait il y a la Résidence « Les tilleuls » et au n°7 un immeuble blanc de 4 étages. Pour accéder au hall d’entrée une volée de 5 marches. Après la série des 17 boîtes aux lettres, une porte vitrée s’ouvre sans interphone ni digicode et un escalier sans moquette conduit dans les étages, pas d’ascenseur. Sur le palier du 4ème étage, il y a 2 portes. Je sonne à celle de droite. Lorsque la porte s’ouvre, un grand couloir mène tout droit à la pièce du fond. La 1ère porte à gauche est parfois entrouverte, un jour j’ai pu apercevoir la cuisine, les 2 portes qui suivent sont toujours fermées, celle de droite aussi. Pas de fenêtre dans ce couloir, l’odeur est prégnante, il fait sombre mais je n’ai pas peur, je connais le chemin, c’est tout droit et de toute façon il n’y qu’à suivre le son du piano qui retentit derrière la porte du fond.

Chez eux, on entrait toujours par derrière, par la grange, ça sentait le bois, la colle et le cambouis ensuite on passait par le cellier, ça sentait le fromage et les épinards puis on arrivait directement dans la cuisine. Chez eux, tout était ouvert, pas de mur de séparation, hormis sur la gauche une cheminée percée des 2 côtés qui avançait jusqu’au milieu de la pièce, elle délimitait la cuisine du salon. Ce rez-de-chaussé spacieux était un espace baigné de lumière, succession de grandes baies vitrées donnant sur le jardin (une pelouse bien tondue avec quelques arbres dans le fond). Chez eux, tout était calme, aucun bruit parasite, sensation de repos, de bien être, de beauté, douce odeur de musc et de framboise. Envie de s’asseoir, les jambes étendues, le haut du corps légèrement affalé sur la banquette; s’abandonner à l’instant présent, savourer. Rester chez eux.

Seizième arrondissement de Paris, quatre-vingt-dix boulevard Murat, septième étage. C’était une chambre exiguë: neuf mètres carré, on y accédait par l’escalier de service. Derrière la porte d’entrée, la pièce était rectangulaire, sur le mur de droite un lit d’une place, sur le mur du fond un vasistas avec en dessous une table et une chaise, sur le mur de gauche un évier-lavabo avec au dessus un placard à deux portes et sur le pan de mur restant, trois étagères superposées qui filaient jusqu’à la porte d’entrée. Les toilettes étaient sur le palier au bout du couloir, la porte s’ouvrait avec une grosse clé en fer, il y faisait frais, l’odeur n’était pas très agréable souvent nauséabonde. Dans la chambre ça sentait le café, le cannelle et les pieds, il y faisait bon toute l’année.

12 rue Étienne Dolet, au bout d’une allée étroite qui longeait un petit immeuble de deux étages, une maison qu’on disait d’ouvrier. Une maison de plain-pied avec une courette devant. On se déchaussait avant d’entrer, on laissait ses souliers sur le paillasson et sous l’auvent. Je me souviens de l’odeur spéciale qui régnait à l’intérieur: un mélange de renfermé, de poussière, de brulé, de chaleur et de plats mijotés. On arrivait directement dans la pièce principale, un poste de télévision souvent allumé trônait au milieu, sur une table basse. A droite de l’entrée se trouvait la cuisine et de l’autre côté quatre portes parfois entrebâillées.

A propos de Cécile Bouillot

Bonjour je suis comédienne. Je développe également des projets vidéos dans lesquels je filme les gens autour d'une même question. J'écris des poèmes de rue a partir de phrases récoltées dans la rue, j'aime m'amuser avec différents jeux d'écriture, j'écris régulièrement depuis deux ans. Acte 2 Scène 2. Chaine Youtube : https://www.youtube.com/user/cecilebouillot