autobiographies #08 | on disait les F.

Photo Eric Tabuchi et Nelly Monnier ARN, maison Bérard Migennes https://www.archive-arn.fr/

Migennes ; Laroche-Migennes ; peut-être une maison Bérard, en béton armé ; le docteur Jean F. ami de mon père ; plus qu’ami, compagnon de chambre à l’école de Lyon sur les bords de la Saône ; un Vosgien rencontrant un Auvergnat ; deux fils de paysans au sortir de la guerre ; de leur thurne, on voyait le fleuve ; leur fenêtre vue d’en bas pour le cinquantième anniversaire de leur promo ; c’est le conservatoire de musique aujourd’hui ; il avait une tante à Mirecourt ; avait épousé une cousine vosgienne comme lui, de dix ans sa cadette ; une rencontre à mi-chemin entre Migennes et chez nous (Puy-Guillaume), vers Nevers, Magny-cours ; le jour du vol de Youri Gagarine 12 avril 1961 ; des vacances avec eux et leurs deux garçons ; des marches en montagne en France, en Italie ; extraordinairement gentils tous les deux, lui rieur, elle réservée et austère portant des robes fermées jusqu’au cou d’un autre âge, toujours les mêmes ; avaient élevé un neveu qui travaillait dans un CAT ; possédaient un appartement à Nice où ils passaient des vacances ; y invitaient les parents ; devenus parrain et marraine de mon petit frère, tard venu ; gare de triage de Laroche-Migennes ; maisons de cité cheminote, dégeler les aiguillages ; manipuler la signalisation du haut de la tour vitrée ; naissance d’une passion ; ils figurent sur la première photo de vacances à Collioure ; avec les parents à l’exposition universelle de Montréal en 1967 ; un de leurs enfants devenu médecin , installé en Corse ; repartis dans les Vosges à la retraite, en appartement, à Saint-Dié-des-Vosges ; passés me voir en remontant de Nice, si fier de sa peau sans aucune ride ; m’avait donné le nom de sa crème ; conduisait encore trop vite pour Simone sa femme ; s’amusait toujours des petits gémissements de frayeur que cela provoquait chez elle et les imitait ; on disait les F. Simone et Jean ; les F. ont appelé, on a vu les F. les F. sont à Nice ; elle est morte avant lui, un peu après mes parents ; m’a envoyé une lettre et la photo d’un bouquet pour me l’annoncer ; l’ai eu au téléphone, il y a deux ou trois ans ; c’était un de ses fils qui appelait et me l’a passé ; pas bien compris ce qu’il disait.

Les photos d'Eric Tabuchi et Nelly Monnier dans l'atlas des régions naturelles provoquent souvent chez moi des montées de souvenirs. je n'ai aucun souvenir de la maison des F. à Mignennes où je ne suis allée qu'une fois. Pas leur adresse à Migennes non plus, alors que j'ai encore celles de Nice et de St-Dié-des-Vosges. Si j'écris un jour mon autobiographie, il faudra que je demande à Nelly et Eric à quelles conditions je peux illustrer mon livre avec leurs photos

A propos de Danièle Godard-Livet

Raconteuse d'histoires et faiseuse d'images, j'aime écrire et aider les autres à mettre en mots leurs projets (photographique, généalogique ou scientifique...et que sais-je encore). J'ai publié quelques livres (avec ou sans photo) en vente sur amazon ou sur demande à l'auteur. Je tiens un blog intermittent sur www.lesmotsjustes.org et j'ai même une chaîne YouTube où je poste qq réalisations débutantes. Voir son site les mots justes .

4 commentaires à propos de “autobiographies #08 | on disait les F.”

  1. c’est l’expérience que je vis en ce moment avec leurs hangars, mais «illustrer» non, une sorte de dialogue plutôt ? en tout cas c’est bien pour ça que cet Atlas nous touche autant ?

  2. Un petit salut Danièle ! ça fait longtemps et plaisir de retrouver tes associations géographiques autour des propositions de F.B. J’aime cette idée d’écrire d’après une photo de maison qui n’était pas la leur mais les convoque quand même, ça rend tout possible !

    • Merci Catherine. Oui, je suis encore beaucoup dans l’atelier d’été et le pdf mais le zoom d’hier m’a donné envie de revenir, de lire les textes des autres, de m’essayer au podcast. Et puis les photos de l’atlas des régions naturelles est pour moi une mine d’inspiration autobiographique. Ce texte n’est pas fictionnel du tout, mais l’idée d’une autobiographie en partie fictionnelle est très séduisante et libère complètement.