autobiographies #12 | 360°

Accrochés à la porte de la cuisine, un almanach des postes ouvert au mois d’avril, à la case du 21, une annotation indéchiffrable et un calendrier des marées de l’année passée. Des traits de crayon à papiers indiquent la taille des enfants avec la date notée en regard, les intervalles sont espacés de quelques centimètres d’années. Sur la tablette du buffet, une ordonnance repliée surplombe une pile de papiers administratifs. Un vase transparent se rempli de coquillages grain de café ramassés sur le bord de la plage à marée basse. Dans le sucrier en verre, des sucres en forme de cœur et sa pince à sucre. Les rideaux aux fenêtres du corps supérieur du buffet ont été cousus à la main et plissés avec soin. Rangés sur deux longues étagères, des albums photos de même taille répertorient les souvenirs par année, de 1965 à nos jours. Dans des boîtes à chaussure ou en plastique, il y a des bobines de fils, des restes de pelotes de laine, des morceaux de tissus de toute taille et toute matière, de la dentelle enroulée sur des cercles de carton souples. Des répertoires empilés, des feuilles volantes recouvertes de notes prises à la volée, écritures en biais, à la verticale, à l’horizontale. Un album photo format italien, couverture grise cartonnée, où l’on voit des mariés et leurs invités à la sortie de l’église, 1952. Au placard en formica est intégré un minuteur. Sur sa tablette, un panier en osier en forme de canard recueille des bonbons en chocolat. Un gilet bleu tricoté avec trois boutons en nacre posé sur le dossier d’une chaise. Au pied de la cheminée, un panier rempli de publicités qui aideront à démarrer le feu. Sur le rebord de la cheminée, un étui à lunette en bois fourré. Le baromètre indique la pluie. Une loupe au manche vert se couvre de poussière et de suie. Sur le frigo, une collection de magnets et des photos d’enfants, un stylo jaune aimanté par sa pointe se tient à la verticale du sol. Dans un vase, sept brins de blé, exactement, cela porte bonheur. Sur le rebord de la fenêtre, un sécateur rouillé et un pot de géranium rouge. Au mur de la cuisine, près du robinet col de cygne est fixé un porte savon en carrelage blanc. Un repose-cuillère vert, jaune et orangé rapporté du Portugal. Dans un panier à anse tressée, chaque clé, en fer blanc, en fer jaune, longue ou petite, est reliée à un porte clé publicitaire. Quelles portes ouvrent-elles ? Un groupe de trois est attaché à un porte clé pétales-de-marguerite-jaune. Un emballage de réglisse Zan déchiré. Suspendu au plafond, un abat-jour opaline ourlé d’une dentelle de verre.

A propos de Fabienne Savarit

J'ai toujours eu envie d'écrire des histoires. Le temps me manque, alors j'écris par petits souffles, en atelier, dans des carnets, sur un coin de table. Mon premier roman a été publié en juillet 2020, j'en suis encore ébahie. Mes mots sont voyageurs et se perdent au creux des courants marins. https://www.facebook.com/Fabienne-Savarit-Autrice-105753008006663