autobiographies #05 | negundo revisité

Un arbre. Celui puissant vu récemment arbre pas arbre portrait d’arbre repère modèle référence le chêne de Courbet occupe tout le cadre immense du tableau regarder l’arbre plein cadre lui donner son espace propre accepter son espace grand comme l’espace de tous ces arbres croisés depuis compagnons d’errance ou de marche forcée compagnons non plus décor cela appris chez Courbet. Mais de l’enfance, je ne sais. Il y avait bien cet arbre au milieu du jardin. On l’appelait l’érable, on ne sympathisait pas c’était plutôt avec ce banc de bois repeint d’année en année qu’on sympathisait. Nous ne soupçonnions pas qu’il avait un autre nom : acer negundo variegatum. Fallait-il et quand tailler l’érable ? Le père le faisait puis plus tard un jardinier venait. Les 8 années de vie seule de J., comment ça se passait, je n’ai jamais posé de question, indifférent. Une année, C. était venue avec moi une semaine, j’avais cru bien faire, m’intéresser. Ça a été un drame, senti comme invasion je ne comprenais rien ou plutôt si : je comprenais que j’étais là pour faire comme si, vacances en famille avec la copine, bonheur comme tout le monde alors que tout ça me sortait par les yeux et que je ne pouvais m’empêcher de le faire sentir. comment peut-on faire ça ? en se croyant immortel, tout puissant, arbre ! Cette brève de comptoir de JM Gourio : Pour être fort comme un chêne il faut avoir été con comme un gland. En têtard, ses branches en hauteur pour qu’il ne nous, les enfants, soit pas possible d’y grimper. Les matins de printemps frais et, peut-être, plus tôt quand nous habitions là à plein temps, les matins d’hiver de bord de mer, elles alimentaient la chaleur douce du poêle et dégourdissaient la petite maison. L’été il donnait ombre, fraicheur quand il faisait si chaud au retour de la plage dans le jardin plein sud. Il poussait dans le sable du jardin. La mer était si proche, où trouvait-il son eau pour faire pousser tout ça ? Le vent de la mer secouait ses feuilles foliolées panachées vertes et blanches, nous les ramassions au printemps. Le souvenir m’est lointain et flou de ses fruits, samares supposées doubles chez les acer. Nous ne jouions pas, je crois, à nous les mettre sur le nez, nous ne copinions pas. J’ai appris bien plus tard que des enfants s’en font des espèces de lorgnons j’étais fasciné par leur vol jusqu’au sol en pâles d’hélicoptère. Son tronc était large, reposait au sol, pied de grosse bête, son écorce blanche et brune s’écaillait parfois. Cet arbre était le seul avec qui j’aurais pu être copain. de mon enfance et adolescence je n’en ai pas approché d’autres d’aussi près. Dans les années 80, il poussait moins vite, il était malade, il faiblissait. Google earth montre qu’il n’y a plus d’arbre là. Ah, il faut que je réponde à Evelyne, je vais lui écrire en español, je fais ça et je reviens. Il a vécu plus tard que le père puisque je l’ai vu quand nous sommes venus à S. avec Vera. Il occupait une place incroyable dans ce jardin chêne de courbet dans son cadre, nous ne voyions que lui, pourtant compagnon de loin : nous n’étions pas là pour l’arbre, nous étions là pour la mer, le soleil. L’enfance je l’ai longtemps nommée liberté, courir dans la dune, se remplir du monde, le soir aller voir Cordouan qui brillait au loin, les histoires qui allaient avec. A un moment, je n’y suis plus allé, je n’aimais plus trop mais qu’est-ce que c’était bien ! Mais aussi s’enfermer dans la famille, pas de copain arbre pas de copain humain non plus. Ce qui nous était vivant, ce qui nous donnait impression de liberté, c’était ça. Liberté hors des autres dans l’indifférence aux autres, se penser autarcique, se penser arbre. Je lis ça chez Lisa Diez : en vérité, l’humain voudrait être l’arbre, (…), ne change pas de place, ne questionne jamais la sienne, sagesse qui force le respect et la jalousie. Tout le reste, maison, iris, belles de nuit, pervenches, arbre, était élément de décor, ne nécessitant aucune considération ni dialogue de connivence. Rien ni personne ne nécessitait ce dialogue de connivence. C’était un temps sans copains temps d’autisme peut-être d’isolement du monde vivant soleil mer suffisant. C’est sûr que ça pouvait pas durer même les arbres parlent aux autres. Il a fallu !



Un arbre. Celui puissant vu récemment arbre pas arbre portrait d’arbre repère modèle référence de tous ces arbres croisés depuis compagnons d’errance ou de marche forcée les regarder plein cadre accepter leur espace grand comme l’espace. Mais de l’enfance, je ne sais. Il y avait bien cet arbre au milieu du jardin. On l’appelait l’érable, on ne sympathisait pas. Nous ne soupçonnions pas qu’il avait un autre nom : acer negundo variegatum. Fallait-il et quand tailler l’érable ? Le père le faisait puis plus tard un jardinier venait. Les huit années de vie seule de J., je n’ai jamais su comment ça s’était passé, indifférent. Un été j’ai voulu m’intéresser faire comme si, vacances en famille, bonheur comme tout le monde alors que tout ça me sortait par les yeux je ne pouvais m’empêcher de le faire sentir. comment peut-on faire ça ? en se croyant immortel, tout puissant, se prenant pour un arbre ! JM Gourio : Pour être fort comme un chêne il faut avoir été con comme un gland. Taillé en têtard, ses branches en hauteur pour qu’il ne nous, les enfants, soit pas possible d’y grimper. Les matins de printemps frais et, peut-être, plus tôt quand nous habitions là à plein temps, les matins d’hiver de bord de mer, elles alimentaient la chaleur douce du poêle et dégourdissaient la petite maison. L’été il donnait ombre, fraicheur quand il faisait si chaud au retour de la plage dans le jardin plein sud. Il poussait dans le sable du jardin. La mer était si proche, où trouvait-il son eau pour faire pousser tout ça ? Le vent de la mer secouait ses feuilles foliolées panachées vertes et blanches, nous les ramassions au printemps. Le souvenir m’est lointain et flou de ses fruits, samares supposées doubles chez les acer. Nous ne jouions pas, je crois, à nous les mettre sur le nez, nous ne copinions pas. Plus tard j’ai su que les enfants s’en font des lorgnons j’étais fasciné par leur vol jusqu’au sol en pâles d’hélicoptère. Son tronc était large, reposait au sol, pied de grosse bête, son écorce blanche et brune s’écaillait parfois. Dans les années 80, il poussait moins vite, il était malade, il faiblissait. Google earth montre qu’il n’y a plus d’arbre là. Je l’ai vu quand nous sommes venus à S. avec Vera il a vécu plus tard que le père. Il occupait une place incroyable dans ce jardin chêne de courbet dans son cadre, nous ne voyions que lui, pourtant compagnon de loin : nous n’étions pas là pour l’arbre, nous étions là pour la mer, le soleil. L’enfance je l’ai longtemps nommée liberté, courir dans la dune, se remplir du monde, le soir aller voir Cordouan qui brillait au loin, les histoires qui allaient avec. qu’est-ce que c’était bien ! Ce qui nous était vivant, ce qui nous donnait impression de liberté, c’était ça. Mais aussi s’enfermer dans la famille, pas de copain arbre mais pas de copains du tout, humains non plus liberté dans l’indifférence aux autres. Tout le reste, maison, iris, belles de nuit, pervenches, arbre, était élément de décor, ne nécessitant aucune considération ni dialogue de connivence. Mais rien ni personne ne nécessitait cette connivence. C’était un temps sans copains, temps d’autisme, d’isolement du monde vivant, soleil mer suffisaient. Se penser autarcique, se penser arbre, lui piquer son identité pour continuer à l’ignorer. C’est sûr ça pouvait pas durer même les arbres parlent aux autres. Alors, il a fallu !

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.