#40jours #12 | Boîte aux lettres

La boîte aux lettres est une espèce en voie de disparition. On la trouvait naguère au coin de tous les bar-tabac, où s’approvisionnaient les fumeurs, autre espèce menacée d’extinction. Les plus vieux spécimens sont devenus pâles, avec leur gueule carrée, les horaires des levées delavés. D’autres, plus vigoureux, se campent hardiment sur un pied arrondi et arborent une parure d’une Continuer la lecture#40jours #12 | Boîte aux lettres

#40jours #12 | La goutte

Cela faisait longtemps qu’on n’en avait plus vue. Une goutte. Pas une trace de rosée une vraie belle goutte de pluie, rebondie, grassouillette, une goutte en pleine santé avec les joues bien pleines. Une jolie goutte d’eau douce. Pas de cette sueur salée qui nous trempe et nous colle les jours de grosse chaleur. De l’eau, de celle qu’on boit, Continuer la lecture#40jours #12 | La goutte

#40jours #12 | rouge sans

, – certaines ont gardé d’une rénovation qui date des châssis en aluminium argenté une poignée de porte à l’avenant et c’est bordée d’alu une plaque d’une céramique faite en série et un nombre très restreint de variantes, ici une main rouge éclaboussée de sans (joli lapsus quand on écrit dans ce qui a été oublié, serait-ce avec une main Continuer la lecture#40jours #12 | rouge sans

#40jours #12 | comme un gravat dans la ville à côté des tilleuls en fleurs

Deux sacs à gravats pleins sur le bord du trottoir. Une poignée repose sur le côté. Seul un treuil mécanique peut les déplacer. L’enrobé bitumeux est déconstruit en blocs chaotiques. Morceau de la taille de la main à la largeur du big bag, d’environ un mètre. C’est plutôt un big bang, l’antre d’un plan fracturé, cassé de tous bords. Bien Continuer la lecture#40jours #12 | comme un gravat dans la ville à côté des tilleuls en fleurs

#40jours #12 l bouche

carré au sol piétiné cercle interne fente rectangle légère oblique forme un trait droit si on dessine du bord du carré à son autre bord sol piétiné avec la bouche juste à côté de l’autre bouche presque collé l’autre rectangle plus travaillé petites aspérités des vagues couleur ombre girafe qui s’étend aux deux bouches de l’abribus l’ombre de l’abribus proche Continuer la lecture#40jours #12 l bouche

#40jours #12 | traversée

C’est une longue course de fin de journée, avec un point intermédiaire, celle qu’on aime parce qu’elle n’oblige pas à s’arrêter fréquemment comme dans une tournée, celle qu’on craint avec la fatigue et la difficulté à évaluer le temps. Je traverse la ville, littéralement, partant d’un côté du Rhône au sud-est et devant joindre l’autre côté de la Saône au Continuer la lecture#40jours #12 | traversée

#40 jours #12 | le caniveau

Une nuit bleue. Une lune blafarde. Une chaussée encore détrempée par un orage récent. Des pavés luisants. Une rue sans lampadaire. Le chant furieux de l’eau. Un caniveau. Des talons hauts qui claquent ca-ni-vo-ca-ni-vo-ca… L’eau déboule et s’engouffre sous les trottoirs. T’en souviens-tu ? On n’en menait pas large ! Bateaux en papiers, bobards en goguette. Le caniveau. Lieu de croisière des Continuer la lecture#40 jours #12 | le caniveau

#40jours #12 | avancer

Prendre à gauche à la sortie de la résidence, descendre vers la calandrette avec des murs en fer bleu marine, le haut de ses panneaux pliés à 45° pour dissuader d’escalader cette clôture, pas de poignée sur le portail, le nom de l’école percé dans le fer du montant. Avancer car il y a de la route jusqu’au centre-ville. Longer Continuer la lecture#40jours #12 | avancer

#40jours #12 | Non loin des puces de Clignancourt.

Non loin des puces de Clignancourt, à leur extrémité ouest, après que les étales s’arrêtent, bifurque vers l’intérieur de la ville la rue du lieutenant colonel Dax. C’est une rue très discrète, pauvre, sans aucun commerce. On y accède en passant sous un pont routier puis elle longe d’un côté une série d’immeubles hlm, de l’autre un terrain de sport. Continuer la lecture#40jours #12 | Non loin des puces de Clignancourt.

#40jours #12 | toute petite plume blanche sur le trottoir

Toute petite plume blanche sur le trottoir, Entourée, surmontée, envahie par les dalles du trottoir, elles-mêmes mangées par l’herbe qui en redessine les contours carrés d’une nouvelle réalité, Et la plume qui jadis appartenait à quelque volatile – un moineau, tout discret dans les villes, amoureux des buissons ; un pigeon, son contraire absolu, omniprésent et nuisible ; une pie, envahissante, intimidante Continuer la lecture#40jours #12 | toute petite plume blanche sur le trottoir