Danser la pluie

On ne sait pas d’où tombe l’eau. Le ciel se déverse sur la terre par pans entiers. Nous dansons dans les flaques sur l’image inversée du paysage. Nous sommes légères. Nos pieds effleurent à peine le sol mouillé et nous tournons de plus en plus vite jusqu’à ce que nos robes s’évasent comme celles des derviches tourneurs. Nos tétons se dressent sous le tissu. La pluie continue de piquer corps et visages ignorant les cuisses qui s’ouvrent sur une fente moite. Je me réveille en sueur. Dehors on dirait que la pluie a cessé. C’est un matin qui monte d’entre nos cuisses.

A propos de Cécile Marmonnier

Elle s’appelle Sotta, Cécile Sotta. Elle a surtout vécu à Lyon. Elle a été ou aurait voulu être marchande de bonbons, pompier, dame-pipi, archéologue, cantinière, professeure de lettres certifiée. Maintenant elle est mouette et fermière. En vrai elle n’est pas ici elle est là-bas. Elle s’entoure de beaucoup de livres et les transporte avec elle dans un sac. Parfois dans un carton quand il ne pleut pas. Elle n’a pas assez d’oreilles pour les langues étrangères ni de mémoire sur son disque dur. Alors elle écrit. Sur des cahiers sur des carnets sur des bouts de papier en nombre. Et elle anime des ateliers d’écriture pour ne pas oublier de vivre ni d'écrire.

18 commentaires à propos de “Danser la pluie”

  1. splendeur (on a l’impression (enfin moi) de voir Gene Kelly danser)(l’un des films formidables qui me fait (pratiquement à chaque fois) pleurer)

  2. Merci pour ce rafraichissement de la pensée, je n’y avais d’ailleurs pas pensé.

  3. Echo bienfaisant et sensuel à ma pluie tropicale. J’aime moi aussi beaucoup votre biographie !

  4. Merci Emilie, de qui les mots me font voyager. Je vais aller goûter de plus près votre pluie tropicale. Biographie inspirée de Nathalie Quintane, autrice chez POL et du petit livre de Joël Baqué, La mer c’est rien du tout*, #formatpoche POL 2020, dans lequel je me suis arrêtée sur « Tout n’est pas vrai mais rien n’est faux. »
    *On peut lire sur la 4e de couverture : « La mer devait avoir des avantages puisque tout le monde allait s’y baigner, sauf nous. Mon père disait : « La mer c’est rien du tout, mais l’océan, ça oui c’est quelque chose ! »

    • Merci pour ce partage et surtout votre texte qui m’a donné envie d’aller danser sur le paysage inversé… !

  5. Oh les paysages inversés des flaques! Moi aussi j’y danse parfois et en cueille les images avec mon troisième œil (objectif photo). ( d’ailleurs une photo de flaque pour illustrer ma peau (d’eau?)) . Nous avions conclu le précédent cycle de tiers livre # prendre par corps, chute, mur entre funambule et envies de dansécrire… votre texte recrée le lien à sa façon…

  6. Tout ce qui danse en vous dans une flaque d’eau, de jour comme de nuit, c’est beau !

  7. Merci Sophie pour le lien tracé entre deux cycles d’ateliers. Le paysage inversé dans flaques ou fleuves ou lacs… sont des motifs recherchés par tout photographe non ? A en oublier l’endroit de l’envers.