Femme et test de Bechdel

Je me décoquille (j’aime bien cette expression d’Isabelle) pour tenter d’apporter une pierre modeste à La Fabrique. Je suis journaliste, je produis des podcasts et j’ai pris un pseudo-je sais pas pourquoi. J’ai passé il y a longtemps une FAL (Formation à l’animation d’ateliers littéraires) chez Elisabeth Bing puis j’ai fait récemment une remise à niveau chez Aleph et aujourd’hui je suis le module formation de François. C’est dire si je doute de moi dans la pratique (tétanisée, je suis), mais bon, à la rentrée je plonge dans le grand bain en animant quelques ateliers d’écriture dans deux villes de la banlieue ouest de Paris …Digressions. Le message essentiel : je débute dans l’animation. Je me suis demandé ce que je pouvais bien donner comme conseils, pistes de réflexion ou témoignages. Pas grand chose… Sauf peut-être livrer une interrogation. Et comme lors du dernier zoom on a vaguement parlé des femmes, je plonge…
J’ai le projet de lancer cet automne un atelier sur les écritures féminines ouvert aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Pourquoi féminines ? Pour rendre visible une moitié d’humanité rendue invisible. Une façon aussi de rendre hommage aux femmes écrivains trop peu représentées à mon goût comme dans toute forme d’art en général. A côté de cette réflexion, j’en ai développé une autre que je vous livre BRUT de décoffrage : L’inégalité des genres dans les récits. A la fin des années 80, est né un outil très simple pour mesurer une « prétendue » parité notamment dans les films : le test de Bechdel (je vous renvoie au petit bouquin d’Alice Zeniter Je suis une fille sans histoire qui raconte ça très bien). En gros, le test repose sur deux critères : il doit y avoir au moins deux femmes nommées à l’égal de l’homme dans l’oeuvre (c’est à dire disposant au moins d’un état civil complet). Ces deux femmes parlent ensemble mais d’autre chose que d’un homme. Cela parait simple comme ça, eh bien Tintin (justement) ! Relisons les romans de référence et posons-nous les questions : où sont les femmes ? Que font-elles ? En général soit elles attendent le héros (Pénelope), soit elles sont l’objet du désir du héros (encore lui), soit le héros les a planquées à la cave. Même Marguerite Yourcenar ne réussit pas le test !
Alors bien sûr on peut rétorquer que la place de la femme dans l’oeuvre on s’en fout quand c’est un chef d’oeuvre…Et pourquoi donc ? Pourquoi ces critères n’entreraient-ils pas dans le choix des médiations au même titre que la construction, le style…?
Je tenais à partager cette interrogation sur la place de la femme dans la littérature (un peu comme l’envoi d’une patate chaude). Maintenant qu’en faire en atelier ? Je ne sais pas trop… Mais ça viendra…Peut-être trouverais-je un autre hors-sujet dans les prochains jours… Vous tiens au courant.


A propos de George H

Journaliste, podcasteuse et animatrice d'ateliers d'écriture, j'aime marier réel et poésie, voix et théâtre. J'espère toujours écrire le Livre, mais le temps passe et presse-citron. Il me faut aller jusqu'au bout... Je compte sur moi et aussi sur l'énergie du Tiers Livre. Un site ? Oui, pourquoi pas : https://www.son-d-encre.com/

2 commentaires à propos de “Femme et test de Bechdel”

  1. Bonjour,
    C’est un sujet que je connais pas mal. Si vous ne l’avez pas lu, je vous conseille « Ne crois pas avoir de droits » de la Librairie des Femmes de Milan. Pour élever le débat, ça le porte aux nues !

  2. Merci pour ce partage; cela m’intéresserait de savoir comment s’ébauche cet atelier sur les écritures féminines et votre réflexion sur la place des femmes. Je me souviens avoir lu il y a un certain temps un post de Clémentine Beauvais sur ce test (http://clementinebleue.blogspot.com/2015/08/le-test-de-bechdel.html), avec des réflexions et des liens intéressants – d’autant plus quand il est question de littérature jeunesse.