#gestes&usages #05 | La taille

Il est tôt, le soleil est couchant, la forêt est lumineuse, les pins embaument, le sable et les rochers restituent la chaleur accumulée toute la journée, les moustiques tournent un peu autour des tables installées à l’extérieur devant le restaurant, abritées de l’humidité du soir sous de grands parasols, les lampes sont allumées bien qu’encore inutiles.

On entend le bruissement des conversations. Autour des tables des couples, des groupes d’amis, des familles. Les serveurs prennent les commandes. Les enfants sont encore assis avec les adultes, grenadine ou coca, c’est soir de fête tout est permis, les chips aussi, tant qu’ils restent tranquilles.

Ils ont le droit d’aller jouer en attendant que les plats arrivent, pas trop loin il faut qu’on puisse les surveiller. Une enfant blonde regarde avec envie un petit groupe de filles qui improvise un parcours autour de troncs d’arbres couchés au sol. Elle s’approche en hésitant puis demande à l’une d’elle: on fait la taille ?

Les deux enfants face à face, une main en visière sur le front qui touche la main de l’autre.

La fillette blonde peut se mêler au groupe. Faire la taille, le sésame. La précision de la mesure importe peu, le rituel suffit pour entrer en contact.

A propos de Isabelle Charreau

j’arpente plus facilement les chemins de terre que les pavés de la ville, je fréquente l’atelier pour le plaisir comme des gammes, sans projet de partition

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