hors-série #2 | connectée

La Smart Watch, en bon français usuel. C’est une montre connectée qui sait faire beaucoup de choses, ce qui la distingue d’une montre normale qui montre surtout l’heure. Je l’ai eu en cadeau parce que j’avais admiré celle de ma fille, extrêmement perfectionnée, avec un vaste programme de sport, de santé et de communication, couplée avec son téléphone. Je possède donc maintenant une montre connectée, alors que je suis peu connectée moi-même, ce qui veut dire que j’ai tout à apprendre. L’écran est rectangulaire, aux coins arrondis, la zone d’affichage est noire, insondable. En bas de l’écran, il y a le dessin d’un petit rectangle, la touche tactile. Au dos, la montre présente deux points dorés qui accueillent les griffes dorées du chargeur fixées sur une pince qu’il m’est difficile de mettre en place, tant elles ont tendance à glisser du réceptacle. Au milieu du dos, il y a un carré surélevé muni d’une sorte de lucarne et d’un point doré lui aussi qui, la plupart du temps, jette des lumières vertes dignes d’une aurore boréale, cela a sûrement un sens, mais l’user manuel n’en parle pas et comme ce carré repose à l’envers sur mon poignet, je ne cherche plus à comprendre. Puisque ça fonctionne. Heure en gros chiffres blancs sur l’écran noir, date en raccourci, état de la charge, indication des pas faits dans la journée, fréquence cardiaque avec une jolie image de cœur rouge, tensiomètre, examen savant du sommeil pendant toute la nuit, météo avec le soleil rayonnant sur l’écran noir…je reprends mon souffle pour le programme entraînement de sports comme la marche, la course, la natation, le basketball à condition d’avoir relié la montre à mon téléphone au moyen de Bluetooth, photo, chronomètre, messages, rappels à se déplacer, n’en jetez plus, c’est ma fille qui a programmé, j’aurais abandonné. D’ailleurs, je n’utilise pas la plupart de ces programmes, trop compliqués à gérer. La montre est censée afficher l’heure quand j’appuie sur l’écran, une fois, légèrement, avec douceur. Parfois, elle ne semble pas comprendre et l’écran reste désespérément noir. Souvent les chiffres émergent lentement dans un brouillard, il faut de la patience pour pouvoir enfin lire. Pour changer de page, il faut glisser un doigt vers le haut, comme une caresse, cela a l’air de marcher à peu près, mais si je veux reculer d’une page, je dois refaire tout le cycle jusqu’au bout, jusqu’à l’affichage de l’heure, si je veux arrêter, la pression du doigt doit être plus long, plus fort, et si je veux mesurer mon cœur ou mes pas, il faut absolument que je frôle à peine la touche tactile, en cas de réussite, elle vibre et consent à me donner le résultat en chiffres. Ce monde tactile est une science que les enfants comprennent mieux que moi, quand et pourquoi frôler, caresser, tapoter, appuyer, ça reste pour moi un mystère. Mais je m’exerce, je l’utilise, je progresse. Et j’apprécie particulièrement le bracelet, agréable, confortable, large, boucle carrée en inox, quatorze petits trous mini-rectangles arrondis géométriquement, très harmonieux et grand choix d’amplitude de fermeture, matière douce et souple, aspect caoutchouc, mais matériau très moderne TPU thermoplastique très résistant, et surtout de couleur bleue, d’un bleu très bleu, azur ou cobalt ou bien bleuet selon les reflets de la lumière, un bleu qui rassure, qui caresse, qui donne de l’énergie, qui me réjouit et qui m’incite à persévérer dans l’apprentissage de mon objet magique.

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.

4 commentaires à propos de “hors-série #2 | connectée”

  1. Nous avons vraiment l’envie de poser la question : objet connecté as-tu donc une âme ?…. J’ai presque peur de cette perfection d’un objet à la fois usuel – et si banal : une montre ! – mais qui surveillerait le moindre de nos faits et gestes… nous donnant l’heure presque, par hasard….Omis de dire combien j’ai apprécié ce texte !

    • On dirait vraiment qu’elle a sa propre vie, ses pulsions, son élan, probablement, parce que je n’ai pas percé tous ses secrets, c’est un peu de la magie noire comme l’écran…

  2. La curiosité plus forte que l’appréhension, l’écriture le rend bien. La montre indique-t-elle le nombre de mots écrits à l’heure ?

    • Un peu otage du cadeau si bienveillant, tu apprends ou tu abandonnes, alors on avance…Pour les pas comptés, ça marche, pour l’écriture à la minute ou à l’heure, je doute, mais elle me gardera peut-être quelques surprises pour plus tard…