hors-série #impératif | le désarroi est une autre instance

Fuyez, fantômes de trop de trottoirs troués, de trop de regards usés de trop de terrains abusés, partez comme quand on cesse d’aimer, à regret sans y penser, partez sans mots adressés sans caresse hallucinée, avec vos coquilles de vies tellement pleines de cris, tellement pleines d’envies

Partez à l’assaut de ceux qui ont fini un jour d’avancer et de recommencer partez car comme eux s’arrêter c’est mourir, car pencher, sauter, bafouiller, tortiller, hésiter, revenir c’est mourir partez avant que les sonneries ne vous réveillent vous et tous vos morts, moi et tous les miens

Partez fantômes le matin, partez quand mes pas s’alignent là dehors, partez au coin des rues de chagrin, partez derrière les portes et le verre poli partez, partez je n’ai plus envie, parfois de vos retards et de tous vos regards, partez car vous me rappelez que j’ai tort, partez car je dors finalement bien encore

Partez, fantômes de grands et d’enfants, fantômes de vies à néant, partez avant de combler le mien, avant de remplir mes silences et de peser les souffrances, partez et prenez avec vous les balances, partez avant que tout recommence, partez, partez il est temps et j’y pense

Partez avant les grandes réunions en blanc, avant les pas qui résonnent dans les grands halls avant toutes les cérémonies où un rire vous viole, partez avant la vengeance des vivants qui s’accrochent à vos basques et vos souvenirs puants pour oublier tout de ce qui les tient debout

Partez et ne vous ne retournez pas, partez la route est toujours là,

Partez, vous savez mieux que nous

que demain c’est demain et qu’on se remet de tout

A propos de Line

De métier éducatrice auprès d'adolescents en difficulté. Depuis un an animatrice en atelier d'écriture ( DU animateur en atelier d'écriture Université AIx-Marseille 2019-2020) et porosité entre ces deux espaces là qui se mélangent quelque fois, parfois plus que je ne le crois.

5 commentaires à propos de “hors-série #impératif | le désarroi est une autre instance”

  1. Helena, le titre est superbe et il m’a accrochée. Il fallait aller y voir. Et alors tout le texte… Oui, c’est tellement cela que j’aurais voulu faire. Vraiment merci. Si fort, puissant, Tout.

  2. Désolée, j’ai cru qu’il était d’Helena, mais c’était le commentaire d’Helena sur ton texte. Tout ce que j’ai dit du texte comme du titre reste valable. C’est en jetant un oeil à la biographie que j’ai compris ma méprise. 🙂

  3. Merci Héléna, Anne et Michael pour votre passage et vos retour. Le titre c’est François qui l’a prononcé dans la vidéo, je l’ai juste extrait car je trouvais ça beau moi aussi