#L10 – Venice_acoustics

aussi les eaux multiples du flamand Joachim Patinir dans ses paysages pionniers peints au début du 16e siècle ! où selon les tableaux :

-cascades mouvementées et nappes calmes baptismales pouvant être réunies dans un seul ensemble sous les traits du Jourdain passé entre les mains d’un tempestaire guérisseur de vents soufflant sur sa boule de verre 

-ou bien rives contrastées opposées au milieu desquelles navigue sur le fleuve infernal Styx le passeur Charon sans cesse veillant aux transports des âmes défuntes rives d’un enfer et d’un paradis paradoxaux

tandis qu’ailleurs de pudiques parois rocheuses phénoménales spectrales se détachent de Sodome et Gomorrhe en flammes sur l’eau noire

paysages du grand angulaire de feux d’eaux et de pierres d’avancées horizons pastel volumes rocheux chemins plats inventés présents tenaces

inconnus

pour lui le passeur

matières sonores à sculpter sans cesse dans sa mémoire en des gestes élémentaires pouvant passer aussi bien par la modulation de ces drôles de sons picturaux réverbérations plastiques en timbres accords harmonies dans un ensemble continu que par des diffractions distorsions poussières irisées dans un espace- temps agrandi sur la lagune immobile et respectivement spectral gradué et paradoxal d’ouvertures acoustiques inédites savantes premières où dévalant sur les soies rugosités intervallaires et infinitésimales les gestes élémentaires à bord du bateau incisifs répétitifs revenaient sur l’eau changeante inventifs reptiles maniérismes des mouvements obstinés des cordages noués dénoués comme peurs pinceaux liquides sur feuilles à dessin mieux que des plis donnant des résolutions motifs sensibles qui ailleurs dans un autre temps avaient pu parfois anticiper la science dans par exemple son approche de l’infini les perspectives des premières annonciations au 14e siècle de Lorenzetti ou de la cartographie les premières vues de Rome dessinées intuitives de Cimabue au 13e siècle les mouvements transparents des algues figurales qui se proposent nouvelles discrètes insistantes chaque jour dans leur variances se redifférencient autour de lui sous ses pieds deviennent familières

matières sonores à sculpter à partir de voix entendues sans les connaître sur le bateau à présent reliant les rives les ports à partir des masses informes souvent agglutinées d’hommes de femmes d’enfants aux profils sacrés rocheux des dessins de Mantegna ou Dürer  les statues compactes aux corps carrés et yeux multiples de Tall Birak à Deir Ezzor par lui acheminées douces silhouettes à partir de voix muettes animales son mutisme de passeur langue noire dorée oubli convergent de sa langue originelle étrangère en sommeils induits par lui provoqués sous la lagune médicinale les tirs anciens démolitions morts amas roulant de pierres ou d’eaux du fleuve infernal Léthé privant de mémoire langue_ môles résistants réverbérations dessins sur fond blanc lumière aveuglante assourdissante des plongées dans les noirs profonds de poix émergeraient des courants picturaux ténébristes mêlés aux clairs-obscurs algues douces cuisantes des campus archéologiques subaquatiques au milieu de rebuts chimiques sous malamocco balisés en surface cercles blancs ou jaunes ouverts élargis vers les ports actifs de Venise plaques tournantes de drogues variées comme de métaux précieux dans cette texture de la mer aussi proche baroque de poussières liquides réfractaires langue vivante à lui chère inconnue à la manière dont vierges et enfants sont proches autant qu’ étrangers dans les peintures silencieuses sur fond bruyant noir et doré

A propos de sandrine cuzzucoli

Aime le temps suspendu en contemplant, lisant, dessinant, parlant, regardant le plafond, les visages, peintures, ciels.. Dans mes études passées mais encore présentes!: la littérature américaine, italienne, les beaux-arts, la traduction et d'autres choses depuis... Ecris en revue depuis environ 5 ans, dessine depuis plus, c'est un aller-retour constant un peu comme un Appel de la Forêt, le titre d' un des premiers livres de Jack London- que j'ai aimé!