#L13 | toquée

Toquée toquée toquée j’ai l’soupirail à l’envers il parait qui a dit ça ? trou de mémoire décousue la cervelle toquée qui a dit ça en premier pas moyen de revoir les yeux pas moyen de revenir sur l’image soupirail à l’envers ça les a fait marrer c’est resté la cave au grenier que j’aurais la tête en rase moquette et les pieds qui dévalent en altitude toquée c’est mon nom où elle est la toquée toc toc quand j’approche ça me fait rire le doigt sur la tempe qu’ils font tourner comme ça en même temps qu’ils disent toc toc peut-être que je le suis pas d’importance ma vie elle est à moi je la dessine comme je veux des dessins j’en ai plein des soleils des collines des châteaux que je traverse à grands pas mon domaine il est là j’habite ailleurs.
Mes journées passent comme ça, elles se ressemblent comme des gouttes siamoises, elles se reproduisent sans varier d’un poil le jour et la nuit font ami-ami les secondes et les heures font la ribouldingue Riboul dingue tiens, jamais pensé Ribouldingue Je suis à contretemps à rebours. Ce que je fais là ? Je m’en souviens pas ma mémoire s’effiloche une bobine qui s’enroule plus dans le bon sens le bon sens fichu pour moi ma mémoire est un fourbi j’y retrouve pas mes petits mes petits souvenirs mes petites choses à moi y a que mes petites manies qui ne se perdent pas. Alors j’attends mes pensées s’affolent sont folles tiens jamais pensé je suis la folle la toquée. Ce que je fais là pourquoi le savoir pas de compte à rendre même si je le savais pourquoi pourquoi j’en parlerais ? Je joue avec la lumière je joue avec les sons quelqu’un arrive. Non, c’est une impression, sous mon crâne il y a toujours des pas des pas de sabots des pas de bottines des bottines il y en avait… il y a longtemps… quelque part. Personne. Je suis seule là-dessous sous la tignasse je veux dire les autres gardent leurs distances avec la toquée quand je leur fais mon show certains se marrent les autres tournent les talons demi-tour gauche on se tire v’là la folle.

Toquée toquée, j’ai le soupirail à l’envers, qui a dit ça ? trou de mémoire décousue la cervelle toquée qui a dit ça en premier pas moyen de revoir les yeux de faire un arrêt sur image de visualiser l’embryon d’un contour de visage qui a dit ça le timbre de la voix aussi se perd aigu rocailleux clairon tuba le soupirail l’envers tout le monde l’a dit ensuite ça les a fait marrer et c’est resté la cave au grenier que j’aurais les étages en marmelade la tête en rase moquette et les pieds qui dévissent toquée toquée toquée c’est mon estampillage mon matricule T.O.Q.U.É.E. pas dans le genre couvre-chef de chef étoilé ou cuistot de quartier petite toque blanche d’uniforme ou de prestige non juste dingue. Quand j’approche ça me fait rire le doigt sur la tempe qu’ils font tourner comme ça en même temps qu’ils disent toc toc peut-être que je le suis après tout qui le sait qui mesure ça qui peut affirmer que sous mon crâne il y a ribouldingue dingue dingue dingue ils auraient pu dire ça aussi le choix des mots qui décide du choix des mots ma vie est à moi je la dessine comme je veux des dessins j’en ai plein des soleils des collines des châteaux de cartes que je traverse des châteaux de paille  mon domaine il est là j’habite ailleurs.
Mes journées sont des siamoises identiques au poil près le jour et la nuit font ami ami à contretemps à rebours rebrousse-poil ma mémoire s’effiloche comme une bobine qui tourne fou qui laisse filer le sens commun ma mémoire est un fourbi une caverne où je ne retrouve pas mes petits souvenirs mes petites choses à moi elles se planquent se défilent me défient il n’y a que mes petites manies qui ne se perdent pas elles ont la dent dure et des boucliers de compétition elles ne lâchent pas prise elles sortent les griffes. J’attends c’est ma principale occupation mes pensées s’affolent sont folles tiens jamais fait le rapprochement je suis la folle la toquée. Ce que je fais là pourquoi le savoir pas de compte à rendre quelqu’un arrive non c’est sous mon crâne c’est sous ma tignasse que ça passe c’est mon cerveau qui produit bruit de pas de sabots de bottines des bottines il y en avait avant il y a longtemps quelque part. Je suis seule avec une toquée on garde ses distances certains se marrent quand je leur fais mon show mais ils se méfient demi-tour gauche on tourne les talons on se tire v’là la folle. Un jour j’entendrai des voix.

Toquée toquée j’ai le soupirail à l’envers qui a dit ça ? Jamais trop compris ce qu’ils veulent dire jamais cherché non plus j’avoue suis pas exploratrice le carré la lucarne qui donne de l’air et du jour monté à l’envers pensé à l’envers tête en bas face cachée ou souterraine trompe l’œil factice peut-être le soupirail à l’envers qui a dit ça en premier trou de mémoire décousue la cervelle pas moyen de faire un arrêt sur image de visualiser un contour de visage qui a dit ça le timbre de la voix aussi se dérobe aigu rocailleux clairon tuba le soupirail à l’envers tous le monde l’a dit ensuite ça les a fait marrer et c’est resté la cave au grenier que j’aurais les étages en marmelade et les pieds qui dévissent toquée toquée toquée mon estampille mon matricule T.O.Q.U.É.E pas dans le genre couvre-chef  de chef étoilé ou de cuistot de quartier toque blanche uniforme ou prestige non juste dingue. Ça me fait rire le doigt sur la tempe qu’ils font tourner en même temps qu’ils disent toc toc peut-être que je ne le suis après tout qui peut affirmer que sous mon crâne il y a ribouldingue dingue dingue une maladie ça la dingue refilée par les moustiques ils auraient pu dire ça aussi le choix des mots qui décide du choix des mots ma vie est à moi je la dessine comme je veux des dessins j’en ai plein des collines des châteaux de cartes que je traverse passe-passe des châteaux de paille mon domaine il est là j’habite ailleurs.
Mes journées sont des siamoises des sœurs sans distinction sans signe particulier identiques au poil près le jour et la nuit font ami ami à contretemps à rebrousse-poil ma mémoire s’effiloche comme une bobine qui tourne à vide et laisse filer le sens commun ma mémoire est un fourbi un bastringue incroyable où je ne retrouve pas mes petits mes petits souvenirs mes petites choses à moi elles se mélangent elles se défilent elles me défient elles se confondent il n’y a que  mes petites manies qui ne se perdent pas elles ont la vie et la dent dures et des boucliers de compétition contre les attaques les fais pas ci et fais pas ça elles ne lâchent pas prise. J’attends c’est ma principale occupation mes pensées elles s’affolent sont folles je suis la folle la toquée. Ce que je fais là pourquoi le savoir pas de compte à rendre monnaie rubis sur l’ongle quelqu’un arrive non c’est sous ma tignasse que ça se passe mon cerveau produit le bruit pas sabots bottines des bottines il y en avait avant il y a longtemps quelque part à mes pieds peut-être bien quand j’étais môme avec lacets interminables et double nœud. Je suis seule avec une toquée on fait gaffe on garde ses distances certains rigolent quand je leur fais mon show mais ils se méfient demi-tour gauche on tourne les talons on se tire v’là la folle. Un jour j’entendrai des voix.

A propos de Elisabeth Saint-Michel

C'est ma quatrième ( cinquième?) participation aux ateliers proposés par François Bon. Je trouve cela particulièrement énergisant. J'anime moi-même des ateliers d'écriture à Villeneuve d'Ascq (Hauts de France) au sein de l'association Filigrane. Je suis aussi enseignante auprès de jeunes enfants porteurs de handicap. Côté écriture personnelle, j'ai publié deux romans et deux recueils de nouvelles dont le dernier, "disparaître ici" est sorti en mars 2021.