# le double voyage 04 | Présentation du petit

Heureusement  qu’il y a le soyeux rosé de ses joues… Prrrr prrrr il bourdonne à l’arrière avec ses bonshommes – le mystère de ce qu’il imagine – de sacrées batailles. Qui gagne ? G.I Joe bien sûr Cobra meurt donc pour la 200 000e fois à l’arrière de la voiture qui fait des bruits bizarres, l’impression de patiner sur l’autoroute… Penser soyeux de ses joues, penser je vais y arriver il faut que j’y arrive. Un plein phare la nuit se brouille où est passée la route ?– vous ne devriez pas conduire la nuit , c’est quoi l’antonyme de nyctalope ? Tension au maximum, trapèzes en bois dur, phalanges blanches sur le volant, le petit ne bourdonne plus, rétroviseur vidé, tu dors chéri ? Allongé sur la banquette, paisible, le petit qu’ils voulaient tellement voir, suppliant, réclamant même, le petit promis enfin amené, ses cheveux d’or, malgré la voiture en panne, une louée à la hâte pour tenir promesse de la halte, ont-ils seulement senti sa nuque à la vanille ? Le petit dort si confiant. Après la voiture en panne, grève de la SNCM la halte s’éternise, en reprennent pour une nuit, n’ont pas l’air emballés, Tonton et Tata chéris aimeraient la voir ailleurs ; leur  enthousiasme retombé déjà ils se lassent de contempler le petit si paisible qui s’ennuie ferme, il ne les connaît pas ces vieux qui le prennent pour un poupon, c’est ce qu’elle dit poupon mon joli poupon il plante un regard plein d’interrogation sur le masque plissé de la vieille, les miettes de son gâteau s’étoilent sur le parquet ciré , la vieille accourt derrière sa balayette, de la sauce auréole la nappe en damas blanc, elle accourt derrière son éponge ils en font des histoires à part ça qu’est-ce qu’on pourrait bien se dire ? Partie de domino tendue comme une corde de funambule, ambiance lourde comme leur buffet breton gavé de Limoges, retour au GI Joe, il préfère, une figurine dans chaque main, prrrr prrr prrr t’es mort ! sourire ému humide, demain peut-être un bateau, tout est si imprévisible, dormir sur le matelas qui sent la cave posé au sol si près du soyeux de ses joues rosées, le nez dans ses cheveux d’or, dans son parfum de vanille, même pas vrai je suis pas une glace. Toujours pas de bateau, un départ dans 1 h 45 à 200km de là, tu peux y arriver dit la vieille, elle hésite, héméralope je suis, c’est l’autoroute presque tout du long dit le vieux, et si elle ne trouvait pas l’embarcadère ? C’est sûrement indiqué pilonne la vieille, mais je ne connais pas cette voiture, une voiture c’est une voiture, les grands yeux ouverts du petit Qui gagne ? Les vieux. Il faudra un peu appuyer sur le champignon a dit le vieux, elle qui craint la vitesse, la voilà  à 150, vertigo horizontal, ce bruit est-il bien normal ? Au port on atteint l’embarcadère par un goulot noir et si on nous agressait… Le ferry est presque vide pas d’autres dingues pour faire 200 km à tombeau ouvert… tout le monde n’a pas la chance d’avoir une famille.

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

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