Double voyage # 4 Halte

Trois zébrures dans le ciel. Un plan incliné nuageux sorte de route céleste. Les routes des Boeing sont parallèles aujourd’hui. À 13h retentit un gong. La halte est loin du port.
Les parallèles commencent à s’effacer une ligne coupe leur centre incertain-
Quelques résonances avant quelques résonances après…c’était de e trouver un repère. Une halte pour chercher sa route.  Halte obligée. Les murs encerclent la ville et ne permettent pas ce repère visuel. Ne pas voir ce point d’échappée – rester un moment dans l’interrogation. Ne pas s’attarder. Aller vers. Les murs retombent. Ville inconnue. Halte à la gare de tramway.
Une foule. Halte suivante. Des camions militaires. Les passants ne voient pas. Un homme ressemble à un professeur – des étudiants – ils marchent. On est loin du centre. Personne ne le voit. Une avenue – un supermarché. Il attend.  Encore des passants ; des femmes tirant un chariot de courses.  Dans combien de temps la halte suivante ?
Mais chanter un poème ou l’idée d’une légende : un cercle des colonnes quelque chose comme un chant : brut – revenant du tréfonds de soi. Sans accompagnement – Cette halte dans ce lieu entre deux zones – pas encore une frontière – lieu qui préfigure la frontière : lieu de transit et lieu de la révélation. Lieu interdit de la halte et lieu obligé : un ancien poste à essence aux couleurs défraichies où viennent accoster des camions hors d’haleine – les conducteurs viennent se réchauffer au poêle et le rhum café comme s’il y avait quelque chose qui pourrait arriver. Rien ici n’arrive ; le ciel est bas, tout est en friche, panne – ne sait pas si c’est de démolition  –  si le lieu n’a jamais vraiment existé. Ils arrivent, se parlent – on voit leurs pieds bouger un peu pour combattre le froid. Il a pris un véhicule, une marque allemande Les formalités de location.Il l’ont reconnu sur photo. En revenant du port. Un litige à régler ou une expédition. Avant de partir même rituel : bureau cette fois c’est samedi – la secrétaire est en congés. Il tape lui-même un courrier. Il se décide à aller le porter lui-même. Voir le trajet. Quartier des bureau – Passe par le jardin ? Il a rendez-vous vers 19h. Il a pris en passant par les ruelles de la ville ancienne au bar des habitués – ils sont partis. La secrétaire est en vacance mais il y a quelqu’un avec lui. Un chauffeur. Son ami. C’est lui qui tient l’appareil photo – Derrière la vitre, ce samedi – il y a affluence dans les rues. Il a envie de continuer la journée en allant flâner un peu aux Jardins.

Arrivée à Phnom Penh, la première chose a été de s’arrêter sur le bord du Mékong, entrer dans le club, une maison en bois, et regarder le fleuve. Les bagages encore chaude sorties des soutes. Le fait d’aller directement sans chercher l’endroit où loger, cette halte pour  tomber là , une phrase directement – venir chercher le son du voyage. Vouloir être là tout de suite au bord du fleuve, dans sa vérité, comme parachuté, sans entrée en matière, tout de suite vers l’eau et chercher la résonance, une sorte lieu en dehors du lieu, dans la mystique du fleuve, mais sans artifice, comme j’étais, dans ces vêtements sans accoutumance, sans autre repère que le fleuve, sans savoir quoi que soit du centre ville, des taxis vélo, de la nourriture, et on verrait bien -plus tard , les accords ou les dissonances : voilà une façon de définir une harmonie, de ce mettre au diapason laissant entrer le maître-fleuve et le laisser agir sur la chair, jusqu’à l’inconscient,  une façon de chercher son maître, de s’en remettre à lui : il est le Dieu-fleuve, et voici l’offrande des jours – la plénitude avant la plénitude, l’être avant la naissance, les karmas, et se laisser couler en même temps que lui dans le temps – le Mékong s’écoule à l’image du temps et matrice de l’espace