#voyages #02 | Arrivée en vîle

A l’arrivée, le voyage – la distance qu’importe – s’oublie. Une navette, le temps de traversée est court et pourtant, il faut carte d’identité et passeport, avancer, passer dessous l’œil du douanier dont on se demande ce qu’il peut redouter des paisibles voyageurs qui se succèdent. Une montée vers le pont d’embarquement, la main accrochée à la rambarde blanche rongée par le sel, et le départ est aussi un peu de l’arrivée, elle est si proche. On voit déjà à travers l’écume des vagues le terme du trajet – Venue d’un autre bout d’océan, d’îles où il fait toujours chaud, la houle est forte, la compagnie bien pâle, les estomacs fragiles. Un îlot, une autre île, la dernière. On quitte l’air de là haut qu’on buvait à grande goulée pour ne pas dégueuler, une tourelle maçonnée annonce la fin – bienvenue – et l’entrée dans la rade – on essaie de reprendre contrôle du corps – le traitre – fixant le sillage des goélettes en retour. Le débarquement dans une zone sans attrait touristique, zone de stockage de marchandises en transit, hangars de calfatage. On monte dans une navette – échantillon d’une collection de modélisme – rouge. La circulation, erratique, suit le déroulé incertain de la route – direction centre-ville. La chaussée est resserrée, épousant les formes moutonnantes du relief, formant des angles et des circonvolutions étranges – extrapolées de l’imagination d’un enfant capricieux –. Les véhicules croisés ont des formes surprenantes, des couleurs vives – on ne sait pas encore si l’on aime cela –. La ville, humaine – île dans l’île – se tient sur le coin d’une anse, à l’écart d’immeubles, moderne et anonymes, aux vitres sans tain. Derrière sa vitre, un dédale de ruelles – leur étroitesse semblent en défendre l’accès – sillonnées par des camionnettes, aplaties par les flancs. L’hôtel on y va – comme dans un jeu – par une suite de pseudo-impasses et de bifurcations inattendues – Droit, tout droit, gauche, droit, droite, droite… –. On perd la notion de l’endroit et c’est un peu étourdi et las que ses valises débarquées on se tient dans un hall suranné.