peut-être à tout jamais

J’arrive sur la plage aux premiers rayons de soleil. La marée a laissé sur le sable une multitude de trésors luisants. Je fais attention de n’en écraser aucun, de ne pas effrayer les mouettes à moitié endormies, dans l’attente du signal secret qui les fera revivre. Je me couche dans l’eau au milieu des vagues minuscules qui déferlent en tous sens, viennent recouvrir mon corps, immuniser mes oreilles, mes yeux, ma bouche contre toute pensée. Immobile et pourtant je vogue. Sentant le sable se résorber sous moi, peut-être à l’infini. Le silence est fait de mille échos qui meurent lentement au loin. Le monde n’a pas encore commencé.   

A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

24 commentaires à propos de “peut-être à tout jamais”

  1. Le meilleur moment de la journée quand « Le monde n’a pas encore commencé. » Ça pourrait être une première phrase.

  2. Texte que je rapproche de celui d’Aurélien M « A la force de l’eau ». on y retrouve le doux roulement des vagues, leur chuintement…
    Grand plaisir de te retrouver, Helena…
    et à te suivre encore…

    • Merci, Françoise ! Ravie de te retrouver pour un nouvel été plein de belles écritures !

  3. Les échos se mourant et le monde se profilant – j’aime beaucoup cet enchaînement ; contente de te retrouver sur cette promesse de monde, Helena…

  4. Qui n’a jamais rêvé d’un matin comme celui-là, où tout est encore possible, où tout peut encore s’écrire ?… Merci pour ce très beau moment de poésie.