#photofictions #01 Nouer

Je pars marcher. Cette fois c’est sûr je ne prendrai pas de photo, marcher dans la simplicité de l’instant présent, ne pas encore une fois, plusieurs fois m’arrêter pour photographier, m’enlever cette idée de la tête, photographier les nœuds, tous les nœuds, zoomer sur les nœuds, me pencher, me déhancher, chercher l’angle idéal, mais oui bien sûr cette couleur de ficelle je ne l’ai pas dans ma collection, m’étonner toujours de la dextérité de l’artiste anonyme qui ne sait pas qu’il arrête mon regard, que la pluie change la lumière de la ficelle, que le soleil à l’aube réveille le rouge, que le ciel se jumelle avec les bleus, fait miroiter l’eau de la terre patinée par des vaches, que l’odeur se mêle à celle du bois des piquets, espérer pour eux une longue vie avant le fer pour les remplacer. Retenir cet instant-là d’un instantané de l’air, de la lumière, de la matière pour les nouer, les sublimer et en mesurer l’intensité.

A propos de Marie Moscardini

«Après une formation à Aleph en 2014, j'anime des ateliers d'écriture dans une petite ville de Saône et Loire.» Voir son site Nouvelles à écrire.

10 commentaires à propos de “#photofictions #01 Nouer”

  1. « m’étonner toujours de la dextérité de l’artiste anonyme qui ne sait pas qu’il arrête mon regard, que la pluie change la lumière de la ficelle, que le soleil à l’aube réveille le rouge, que le ciel se jumelle avec les bleus, fait miroiter l’eau de la terre patinée par des vaches, que l’odeur se mêle à celle du bois des piquets,… » merci pour ces liens, ces sutures en images

  2. J’aime beaucoup, partir de ce qui est là plonger décortiqué les noeuds la couleur et finalement capturer l’image parce que trop fort parce que pas dans la collection. Merci