#enfances #00 | Être perdue

D’un coup, l’enfant ne vois plus rien, c’est l’automne, un tapis de feuilles recouvrent toute la colline, c’est un bois, l’enfant est sur la pente de la colline, le soir va venir, les arbres ,les branches tous commence à craquer où sont-ils, l’enfant attend les cherchent des yeux, attend un bruit familier, une voix humaine. La nature seulement répond, le seul être humain c’est lui, le monde est devenu pour cet enfant un grand silence immense, il faut grimper un peu, il est en bas, du fond de ce vallon, c’est comme un creux de vague, ou un partie d’un cocon, l’enfant n’ a pas peur, il commence même à se sentir bien. Aucune menace, aucun piège , la nature d’automne, attend sereine l’hiver, la nature commence son travail de transformation des éléments, il n’ y a pas de ciel ou très peu, les lois du ciel pour l’enfant où sont-elles qu’elles sont-elles, le soir tombant, le défilé des heures toujours identiques, la scansion des secondes, dans le cœur qui bat, personne ils se sont évaporé il ne reste rien d’eux, volatilisés les autres, ceux de fratrie, pas le temps de les imaginer devant un bol de chocolat au lait, ou enlevant les godasses crottées, ou l’une qui dirait : où elle est la gamine ? ils se sont tous envolés dans leur élan, ils n’ont rien vu, pas un regard en arrière ! L’enfant grimpe un peu encore un peu, il est presque sauvée, plus que 50 mètres, même si il n’évalue pas. Il ne laisse pas de traces derrière lui, sur les feuilles mortes, quand d’un coup, il tombe, un fil barbelé, ça lui arrache le genoux ; ça y est, c’était trop beau, son évasion commence mal, c’est foutu, empêtrée là-dedans, les arbres commencent à danser au-dessus de sa tête, c’est sournois, sous le tapis de feuilles , il y a un piège, l’enfant  se demande : les chasseurs, un piège de chasseur pour un renard, alors l’enfant commence à penser : pour quel animal c’était tendu ? La taille : une biche ? Il dit : si c’est pour une biche, la biche est plus forte que ça, la biche aurait entrainé le barbelé, mais alors tu perds du temps, la gamine, le soir tombe, la biche est déjà loin, et le renard ? Il ne veut plus y penser, pourtant il connait les terrains de terre, ce n’est pas la première fois qu’il côtoie la terre, l’univers s’est condensé dans ce terrain de poche, le monde si vaste est devenu si noir, ici, et le fil, lui a mordu méchamment la jambe, le fil s’est entortillé, ça ne doit pas être bien loin, la maison, la maison ? Quelle maison ? Et c’est dans ce terrain de poche, que ça se passe, le sang ne se voit pas sous le jean, c’est même là qu’il remarque ce tissus, un peu rude, qui protège quand même, qui fait carapace. L’enfant est  rentré. Il ne dit rien à personne. Personne ne sait. Il regarde si les autres sont là. Il reste seul, il va dans la cuisine, les lumières sont éteintes. Personne dans la maison, où sont- ils ? Il se pose, il attend. Il garde ses godasses crottées aux pieds, il risque une réflexion pour avoir ramener de la boue. On verra ces chaussures crottées . On lui dira quelque-chose, il dira je suis tombé. Mais rien, les chaussures passent inaperçues. On lui a pardonné.