Sans début ni fin

Dans une voiture rouge sur l’aire d’autoroute avec l’enfant. Et Le sommeil de l’enfant grésille.

Contre elle sous l’édredon qui a cette légère odeur de moisi.

Sur le couvre lit d’une chambre d’hôtel aux boiseries de cauchemar. Clandestinement.

Derrière la banque d’accueil du même hôtel, par terre. 

À Nice dans une maison louée pour un film. La chambre du bas. La pierre fraiche.

Dans les velours de la salle et tu entends l’accordeur.

À New York, amoureusement.

À Cracocie — du dedans on ne voit pas que les murs penchent. Tu te réveilles toutes les heures.

À Marseille avec une terrasse où les goélands mangent des croissants.

À Rabat.  La fenêtre donne sur le vieux cinéma, la rue cassée, les chats.

Au bord d’un lac et tu as froid.

Sous un platane où tombe une pluie d’écorces. L’odeur des fruits pourris. Le bourdonnement des guêpes

Sur le sable. Et quand tu te réveilles la mer chuchote.

Dans cette ville de la banlieue parisienne qui porte un nom d’oiseau. Tu occupes le lit du bas. Sept ans. Ils entrent avec leurs casques, tu crois que tu rêves. Et la neige tombe.

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A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

3 commentaires à propos de “Sans début ni fin”

  1. Je me posais cette question, de décrire les corps accueillants (ou non, parfois, hélas), qui sont davantage des chambres que les chambres elles-mêmes. Ton texte, qui ne va pas exactement-là me donne envie d’insister pourtant. Sûrement pas la profondeur de l’intimité qu’il convoque en peu de mots. Je pense à tes photos d’intérieurs qui me font croire que j’ai une chambre dans cette maison…

    • Merci Emmanuelle de ce beau retour de lecture . Me suis posée la question des corps « en plein » ( absents de mes images ) plutôt qu’en « creux  » … jusqu’où creuser cette intimité