#40 jours #35 | Notre ville pleure

Notre ville, il en a fait sa capitale. Il la veut à son image, à son idée, à l’idée qu’il se fait de son pouvoir, de sa puissance. Il réalise son programme : enrayer la crise, mettre tout le monde au travail, grands travaux pour notre ville. Plus de ces rues torves, bancales et sales mais des avenues larges, droites, nettes, Continuer la lecture#40 jours #35 | Notre ville pleure

#40 jours #30 | Arbore ton plus beau sourire, en un seul jour, tu feras des photos invisibles. Et si tu glisses dans l’eau, tout ce défilé d’ombres.

Arbore ton plus beau sourire. Il le faut, c’est pour ton bien. Sois poli et propre sur toi. Évite les vêtements trop typés. Jette ton chewing-gum. Vire tes piercings, cache tes tatouages. Dans ce secteur l’apparence ça compte. Le sourire, la politesse, important ça aussi, alors oublie pas. Dis oui à tout. Le patron et le client sont les rois. Continuer la lecture#40 jours #30 | Arbore ton plus beau sourire, en un seul jour, tu feras des photos invisibles. Et si tu glisses dans l’eau, tout ce défilé d’ombres.

#40 jours #29 | Trois pour le prix d’un, jusqu’à épuisement

Illustration : extrait d’un dépliant publicitaire, sur un fond violet avec comme une explosion, un gros pot de pâte à tartiner chocolat noisette italien, avec une vignette jaune vif annonçant en chiffres rouges – 70 %, une autre, plus petite, précise en noir barré 4€70 et en dessous 1€41. Surprise en train de se faire mousser. Elle a la frite ! Continuer la lecture#40 jours #29 | Trois pour le prix d’un, jusqu’à épuisement

#40 jours #22 | En face

Un hiver la voiture du jeune conducteur trop rapide décolle sur le dos d’âne pour atterrir contre le mur. Un soir d’été une voiture sérigraphiée de la police nationale renverse contre le trottoir deux jeunes en scooter suite à leur refus d’obtempérer. Aux printemps du premier vingtième siècle, à l’aube, des familles d’ouvriers agricoles montent le chemin et se dispersent Continuer la lecture#40 jours #22 | En face

#40 jours #20 | Tristesses données

donne grand maigriot hirsute pour survivre montre ces gosses en photo donne rien passe donne triste gueule cramée tremble gobelet carton donne rien passe donne sans sourire pied écrabouillé donne cigarettes donne pièces frotte raclette mélange eau/savon donne rien passe donne petite blonde regard vide donne cigarette donne non passe donne toujours rien donne toujours jamais rien alors regards reviennent Continuer la lecture#40 jours #20 | Tristesses données

#40 jours #19 | Attente pont

Arriver en avance. S’arrêter côté droit, presque au milieu de son arche unique d’une bonne soixantaine de mètres pour vingt de large. S’adosser au parapet d’acier et de gros boulons. Nappes grises de la peinture antirouille. Interrompre là ce mouvement de passage pour traverser d’une rive l’autre. Se placer volontairement en retrait du flux. Attendre. Ils traînent pas les derniers Continuer la lecture#40 jours #19 | Attente pont

#40 jours #17 | Vies passées à ça

Passé sa vie professionnelle à ça : préposée au vestiaire de la piscine municipale. Derrière son comptoir, récupérer les paniers de plastique rouge avec le bas en forme de casier pour les chaussures et le haut en forme de cintre pour les habits. Les ranger sur le portique derrière. Quand ils reviennent de leur baignade, leur rendre en échange du petit Continuer la lecture#40 jours #17 | Vies passées à ça

#40 jours #09 | Ce matin, à la Poste,

Un peu avant l’ouverture, le premier sur les marches. Le temps de les voir arriver dans la fraîcheur du matin. Trois hommes, la cinquantaine, costauds, rasés de près, frais et dispos. Ils se saluent et échangent en langue étrangère. Turcs ? Kurdes ? Jeans ou pantalons légers, t-shirts ou polos sombres, baskets propres. Un peu en retrait, une dame plus âgée nous Continuer la lecture#40 jours #09 | Ce matin, à la Poste,

#40 jours #08 | Tourner le dos à ma ville.

Déboucher sur l’esplanade en béton brut lissé. S’avancer jusqu’à la rambarde. La vue s’ouvre sur la ville, la ville un peu en contrebas, toi en surplomb. Toujours, ce qui attire d’abord, c’est le bleu du ciel, presque blanc. Des cirrus qui traînent. Sur ce ciel se détachent ces grands immeubles barres de la périphérie. Seuls signes de la ville, entourés Continuer la lecture#40 jours #08 | Tourner le dos à ma ville.

#40jours #02 | ni « La vie mode d’emploi » ni « l’immeuble yacoubian.

Assise sur le balcon, j’imagine. Il a cinq étages et trois entrées. Je l’ai désossé combien de fois, à force d’y voir entrer et sortir les gens toute la journée, j’y ai imaginé des pièces entières pleines de leur vie. À raison de quatre appartements de cinq pièces par palier, cela fait déjà vingt, fois trois entrées fois cinq étages, Continuer la lecture#40jours #02 | ni « La vie mode d’emploi » ni « l’immeuble yacoubian.