au bord de l’eau, le pareo

Au bord de l’eau, le paréo, superbe indifférent, se prélasse sur le sable, se mouille, se sèche, se dore au soleil, moi, j’arrive, je m’allonge sur lui, je l’étouffe, c’est l’osmose du mouillé et du sec, il pleure, le paréo, il souffre, il est choqué, il aime, peut-être, le sable le pique,il est saupoudré de sable fin « naturel » et doux contrairement au sable dit « artificiel » rapporté, irritant, qui brûle, irritant, insinuant, irritant, s’insinuant, on ne s’en débarrasse jamais, c’est jamais net ! moi, j’arrive, j’ai envie qu’il soit propre, le paréo, débarrassé des impuretés qui cachent sa beauté naturelle, je nettoie le paréo, je secoue le paréo pour que le sable tombe, debout le paréo, secoue-toi, il pleure, le sable est collé, je le secoue vivement, le sable reste collé sur le paréo, il reste collé, il s’évacue sur moi mais pas sur le paréo mouillé, ça colle, ça colle sec, il aime collé-serré, le paréo, il sue sur moi sa transpiration de paréo rouge vif sur rouge grenat, grenades rouges écrasées, des éclats de fruits bleus, orange, il est tout taché d’éclats de fruits écrasés au soleil, son coton fin, léger tout imbibé d’eau salée de la méditerranée, il avale, il avale toute l’eau de la mer salée, polluée, gorgée de saletés, de poissons morts qui ne peuvent plus respirer, de plumes d’oiseaux perdues, d’algues brunes asphyxiées, il s’en fout alors, je le secoue, j’enlève le sable sec qui ne colle plus sur le tissu taché d’éclats de déchets, le tissu sur moi me protège du soleil, de la chaleur extrême, je le sens sur moi, étouffant, brûlant, sa peau sur ma peau de grande brûlée, il colle, il s’accroche à mes cicatrices, mes oedèmes, mes escarres, sur le tissu transparaissent des taches de douleurs, des éclats de peau, de pus, le voile s’imbibe de plus en plus du sang des grenades qui éclatent sur le paréo rouge vif, rouge sang, amalgamé au rouge jus de la grenade qui pousse, elle, sur un arbre bien vert parsemé au printemps de jolies fleurs de crépon froissé rouge vif qui donneront le fruit violent qui éclate, explose, coupé, lacéré qui explose au soleil, une bouche rouge qui embrasse, se colle, aspire, suce, les lèvres écartées rouges éclatées, rouge violent, je sens sur ma peau la peau du paréo taché des couleurs violentes collée par des baisers forts, appuyés, ma peau aspirée, ma bouche collée sur le paréo explosé, ma bouche rouge, la peau reste collée, la colle au polychloroprène est une pommade qui a mangé la peau de mes lèvres à vif qui explose sur le paréo si doux, baiser dur violent et rouge vif, saignant, ça reste collé au tissu, ça brûle, ça brûle le paréo qui pleure, larmes sang et sel mêlés, ça transperce, la colle, le paréo, on ne peut plus le décoller, ça arrache la peau des lèvres, ça saigne, ça brûle à vif, rouge sang explosé, grenade, fruit violent pas facile à manger.

A propos de Marie Barthélémy

J'anime des ateliers d'écriture à Marseille pour un public classique et aussi à la Friche-Belle-de-Mai pour des personnes désirant apprendre à écrire la langue française