autobiographies #07 | tristes portes

il y a les portes ouvertes qu’on enfonce à loisir et les portes fermées sur lesquelles on se casse le nez, les portes entrouvertes pour un maigre espoir et les portes verrouillées pour aller vous faire voir…

Il y a cette porte blanche plate très plate sans moulures, à poignée en bec de cane, la typique porte basique des logements des années soixante et soixante dix qui ne donne rien à espérer quant à ce qui se cache derrière, telle était la porte de notre et de leur chambre.

la porte rouge de la cuisine et la vert épinard de la salle de bain, l’une assez proche de l’autre au pied de l’escalier en marbre à rampe en fer forgé hurlaient leur désir d’originalité.

L’humiliante porte de la chambre verrouillée, sur quel secret? qui nous obligeait à dormir dans une pièce sans fenêtres où étaient entassés cartons et malles

les portes voilées du vieil appartement forcément entrouvertes

l’énigme posée des deux portes devant lesquelles sont placés deux hommes, un qui ment toujours, l’autre qui dit toujours la vérité et le droit de ne poser qu’une seule question et ce vertige de la double négation impossible à me représenter. Quelle case me manque ?

La porte dans un cauchemar qu’un homme menaçant déshabille comme on retire la peau d’un lapin révélant son âme, des croisillons en bois de cageot qui n’a rien de protecteur

au bout de l’allée, le petit perron et ses trois marches de pierre qui mène à une porte en bois verte et vitrée sous dentelle de fer dans sa partie haute, elle racle fort le carrelage qu’elle a striée de noir.

Un rai de lumière dessous la porte, ses pas qui s’approchent, la poignée qui s’incline et luit un peu dans la nuit, et il se glisse dans tes draps et toi dans l’horreur.

Toc toc toc qui est là, un petit vieux, qu’est-ce qu’il veut ? Trois petits sous. Pour quoi faire ? boire un coup. Va à l’autre porte, et ce sentiment qu’on a pas sa place.

La porte de ma chambre dont je n’ai pas la clef car je ne suis pas chez moi ici, mais chez lui et il a le droit de rentrer à sa guise.

La porte claquée, casse toi !

Dans la cuisine, la porte bordeaux en lattes de bois pourrie à sa base , mal jointée et fermée par une vieille clenche à pouce. Sa base est si rongée, c’est un boulevard pour les petits loirs qui rappliquent de la grange, un s’est noyée dans la bouteille d’huile. 

Les grandes portes du lycée, hautes et lourdes, brodées de ferronnerie art déco.

La porte vitrée trop bien nettoyée dans laquelle on s’est cognée

La porte hostile ostensiblement fermée.

Les inébranlables portillons automatiques du métro d’autrefois, les jours tout autour, juste de quoi voir le métro partir sans vous. Et malgré le message inscrit en lettres blanches sur cadre orange « portillon automatique. Il est interdit d’empêcher son fonctionnement. Ne pas tenter de passer pendant la fermeture », tous ceux qui passent outre.

Les hautes grilles du domaine sur fond de parc infini qui font rêver.

Les portes du métro qui se rabattent avec autorité, et à hauteur d’enfant l’affichette représentant Serge, le petit lapin de plus en plus  laid au fil des décennies « Attention ! Ne mets pas tes mains sur les portes, tu risques de te faire pincer très fort » lue 100000 fois par pur ennui, devenu avec l’arrivée des métros automatiques « Ne montes après le signal sonore, tu pourrais te faire pincer très fort »

Toutes les portes photographiées  et tant de fois repeintes même si délabrées de ces maisons où l’on est jamais rentré, les portes roses, vertes ou jaunes en Inde, les toutes bleus à Sidi-Bou Saïd.

 Les portes dont l’ouverture faire retentir une sonnette dans les commerces et l’envie de les rouvrir juste pour le plaisir.

Les portes devant lesquels on hésite, celles qu’on enfonce sans mérite, qu’on défonce avec rage…

Trou dans la porte de sa chambre, premier signe connu de sa violence.

Sa porte toujours ouverte et dessus un petit bloc accroché avec un crayon pour lui laisser un message…

Le bruit de multiples verrous à ouvrir derrière les portes lors d’une tournée de porte à porte, et toutes les façons de se faire virer ou plus rarement accueillir. 

Assise sur les marches du palier, mon assiettes les genoux devant la porte de l’appartement, et les voisins qui passent tu es punie ? 

L’apparition des portes blindées et le prix que ça coutait…

L’apparition des digicodes qui ferment toutes les portes de la ville et interdisent les pelerinages.

Cer air de déference qu’ont les portes automatiques des garages qui vous font passage comme des larbins grand style.

La chaine qui s’étire à grand bruit tandis que la porte s’entrebâille et découpe un morceau de visage interrogatif.

Une petite réunion de parapluies trempés devant les portes de son cabinet les jours de pluie.

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

6 commentaires à propos de “autobiographies #07 | tristes portes”

  1. toutes ces portes pour une lecture pas triste du tout et celle-là si jolie avec son morceau de visage… « la chaine qui s’étire à grand bruit tandis que la porte s’entrebâille et découpe un morceau de visage interrogatif ».

  2. Énigmatiques, mensongères, dangereuses ou innofensives, quelles sont belles vos photographies de portes ! Magnifique inventaire.