#40 Jours – 06  Frontières…et puis quoi encore ?

Piste N°4

Il n’est pas nécessaire de construire un labyrinthe quand l’univers en est déjà un …

Jorge Luis Borges

Au moment où elles hérissent leurs herses de barbelés et de vigiles plus ou moins assermentés et armés pour se refermer impitoyablement, provoquer des noyades collectives en mer, des rétentions abusives en des centres de transit, des maltraitances,des contrôles de plus en plus biotechniques et numérisés… j’apprends que le thème choisi (par qui ?) au prochain Printemps des Poètes en 2023 est FRONTIERES

À quoi servent les frontières ?

Peut-on faire un inventaire exhaustif des frontières ?

Comment les identifier, les cartographier, les justifier sur une planète surpeuplée, les dénoncer ? Il me semble que cela peut constituer une entrée dans la consigne # 06.  Il nous reste  à savoir si la poésie suffira pour en donner une idée juste, heuristique et pragmatique.

Existe-il un Atlas général  des frontières extérieures et intérieures ne serait-ce que pour la Planisphère ? La carte du ciel a ceci de pratique que son caractère extensif nous dispense d’envoyer des géomètres jusqu’à l’infini supposé.  Existe-il un Guide des frontières en matière de coutumes et de tolérance à l’altérité ? Existent-ils des Plans pour déjouer les effets délétères et même destruction des frontières dans un mouvement général de migrations non volontaires ?

Ce mot FRONTIÈRES en début de canicule, me saute au visage et je ne pourrai pas essuyer facilement, ni toute seule, ce qu’il éclabousse en moi de crainte, de compassion et de colère que la poésie ne résorbera pas.

La première frontière, c’est la langue… la langue des cartes est difficile à apprendre pour des non-initié.e.s… sur les documents papier. Tout n’est pas traduit non plus et il faut en passer par l’anglais faute de mieux… L’Esperanto n’ayant pas fait florès…

RESSOURCES

La deuxième frontière, c’est l’impérialisme et la cruauté humaine envers ses adversaires et de même parfois ses ressortissants. Tout vient de là et de l’accaparement des ressources, y compris humaines, des travailleurs, des ventres à soldats, des mercenaires, des militaires et des murs infranchissables qu’on détruit ensuite et qu’on déplace ailleurs…

Interrogations abyssales… dont la littérature fourmille…

Espace SCHENGEN

Je vais partir dans cette direction… Je verrai peut-être si la poésie me suit… Si son Terroir c’est les Galaxies, Julos Beaucarne pourrait peut-être m’envoyer un signe. À défaut m’envoyer un signe. Une chanson de circonstance…

Mon Terroir c’est les galaxues – Julos Beaucarne 1936-2021

Le désert attire le nomade ; l’océan, le matelot ; l’infini, le poète.

Pensées | J. Roux

ITINÉRANCESTRANSHUMANCE DÉPORTATION

En atterrissant auprès d’une caravane quelque part au Sahara, Saint-Exupéry, tout fier de son engin, apostropha un nomade:
“Il n’a fallu que quelques heures à mon avion pour arriver ici… alors que ta caravane met plus de deux mois”.
Le vieux nomade, nullement impressionné, répliqua:
“Et le reste du temps qu’est ce que tu en fais?”

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.