#40 jours #38 | Confins

Qu’en est-il des frontières de la ville, est-ce une notion qui s’applique à l’urbain autrement que dans le concept de ville-frontière ou dans celui de Berlin à l’époque du mur ? Limite, lisière, borne, séparation, délimitations, confins. Des limites il y en a. Tiens, justement, la grande artère qui divise en deux cette zone correspondant à l’appellation d’« extension Nord-Est » de la ville réalisée à la fin du XIXe siècle et qui est constituée de deux quartiers : le quartier des squares et le quartier Léopold, appelé aujourd’hui quartier européen, on peut en effet parler de limite ou de délimitation entre deux quartiers ou deux communes, ce côté-ci de la rue est telle commune, ce côté-là telle autre, numéros pairs versus numéros impairs, ta maison est dans telle commune, ton jardin dans telle autre et la limite se situe entre les deux, rien d’aussi net qu’une frontière. Existe-t-il des bornes qui délimitent la ville ? Après cette borne, tu quittes la ville et tu arrives dans une autre, non, pas de plaque non plus, tu sais en voyant la plaque portant le nom de l’autre ville, que tu viens de quitter la ville dans laquelle tu te trouvais, du moins pour cette ville c’est ainsi, tu ne sais pas dans les autres. Ce que tu sais c’est que lorsque tu quittes ta ville et que tu entres dans celle d’à côté, certains panneaux de signalisation portant des indications écrites ont changé de langue et la couleur des feux de signalisation a changé. Déjà moins dense dans sa périphérie, le tissus urbain n’a que faire de ces changements, il se poursuit à certains endroits, mais tu sens que tu n’es plus dans la même ville, à d’autres il s’étiole et disparaît au profit de prés et de champs. Et l’eau, que nous dit-elle des frontières de la ville ? Qu’à certains endroits, le tissu urbain prend aussi la clé des champs et qu’à d’autres il se déchire, se morcelle, s’industrialise, se métallise, pas de frontière non plus qui se franchisse par voie fluviale. Lisière, confins, notions plus floues, plus poétiques pour t’emmener en dehors de la ville.

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).