Carnet individuel – Alain Bastard

Instructions pour que continue le carnet

Des règles et des contraintes, tu peux espérer de la satisfaction, car tu produiras quelques lignes en les observant. Tu ne seras pas « fier » de cette production mais tu ressentiras du soulagement. Tu auras fait ce que tu devais. La fierté éprouvée, écolier, collégien, lycéen quand tes rédactions et dissertations obtenaient la meilleure note de la classe, tu ne la retrouveras pas, sache-le. Que cette nostalgie ne t’empêche pas d’avancer ! Une simple consigne formulée chaque jour, starter et rampe de lancement te sera utile. Une fois lancé, ne te consacre qu’à ton écriture, sans aucune autre source de distraction. Impose-toi de réserver dans ton emploi du temps quotidien une heure au moins pendant laquelle seul ce que tu écris compte. Essaie, lorsque tu y seras parvenu, d’augmenter cette durée. Ne regarde surtout pas, par-dessus l’épaule des voisins leur propre production. Tu sais à quel point ça peut être paralysant. Ne tiens pas davantage compte des ombres titanesques au-dessous desquelles tu écris. Elles réprouvent, de toutes façons, ta prétention à écrire.

ce dont on ne peut parler

Ce dont je n’ai pas pu parler à qui que ce soit, l’ai-je jamais écrit ?  Ecrire, même dans les recoins d’un carnet lui-même dissimulé, c’est laisser une trace. Et la trace constitue un indice, a vocation à réapparaitre au mauvais moment et au mauvais endroit. Même infime, elle est en mesure de provoquer des séismes, personnels, familiaux ou amicaux. Dans les méandres de la cure analytique, quand la confiance devait être absolue entre soi et l’analyste, se dissimulait néanmoins l’inavouable. Ce qu’on ressentait tel, en tout cas. Pas de grands secrets donc mais suffisamment intimes pour qu’une mise en mots ou une transcription écrite serait déjà risquer l’aggravation de la blessure.  A moins de faire disparaître sous les oripeaux de la fiction, la charge explosive de la réalité. Tel ceux dont se paraient les visites dominicales à une amie au prétexte d’aller se recueillir un moment sur la tombe des parents et de marcher une « petite heure » alentour. Rien de grave sinon la honte et la crainte que le pot aux roses soit ouvert inopinément.

stratégies du rêve

Un rêve passe comme un ange passe ou un démon. Quelques fois, et pour répondre à la demande pressante de ta psychanalyste, mais c’était il y a longtemps quand tu te mêlais encore d’éducation spécialisée et d’accompagnement des enfants autistes, tu notais les rêves passants chaque matin ou presque, comme un entomologiste pique les insectes sur un carton. Aujourd’hui, il n’en est plus question car tu en as fait le tour, comme on fait le tour du propriétaire pour s’assurer, inutilement, que tout est bien en place. Tu sais que tes pas en avant, tu ne les dois pas à l’interprétation de tes rêves. Alors tu t’es habitué aux anges et aux démons qui traversent tes nuits. Salle de réunion, anciens collègues, élus, situations délicates, c’est ton lot de chaque nuit. Tu tentes de résoudre des difficultés qui n’existent plus comme si tu étais encore en situation. Tu causes, tu affutes tes arguments, tu essaies de démontrer, de convaincre. Bref, c’est un festival !  Tu travailles sans discontinuer. Et tout cela, sans aucune rémunération. De temps à autre, une récompense pour toutes tes séances de travail oniriques, un visage et un corps féminin, connus ou pas, traversent ton sommeil. Hélas ! tu constates que ces belles passantes ne font que passer. C’est trop injuste!

du par  cœur

Certains se sont longtemps couchés de bonne heure. Moi, j’ai longtemps appris de nombreux textes et poèmes par cœur. Il en reste de traces. « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends ». Comme beaucoup de collégiens et de lycéens de l’époque, Victor Hugo, Ronsard, Verlaine, Apollinaire se sont invités dans les replis de mon cerveau. J’ai eu ma période Montaigne, ma période Flaubert et quelques autres à suivre, Erri De Luca, Olivier Rollin… La plus marquante, les quelques années pendant lesquelles j’étais en mesure de réciter et chanter tout Brassens. Peu à peu, je me suis désaccoutumé de l’habitude de souligner, noter et apprendre par cœur. Aujourd’hui, Il me semble ne rester que de maigres traces de ce qui avait été accumulé naguère. Quand je suis optimiste, ce qui est assez rare, j’utilise la métaphore du compost. Bien avant d’obtenir une terre sombre et fertile, il est possible d’identifier dans le tas, au fond du jardin, des restes de carottes, du marc de café, des pages de journaux et de tout ce qu’on y jette au jour le jour. Puis, arrive le stade où plus rien n’est identifiable. Donc, compost ou rien. Et si ce n’était rien ?  Flottent néanmoins quelques jolis morceaux comme celui-ci « Une vie d’homme dure autant que celle de trois chevaux, et tu as déjà enterré le premier ». J’en suis à deux, presque trois. Et puis cette dernière pour la route « Si moi aussi, je suis un autre, c’est parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes »

routine du lire écrire, et quoi faire de mieux

Routine du lire écrire ?  Le livre que tu ouvres vers deux heures dans la nuit. La consultation des SMS, mails et du fil d’actualité aux alentours de cinq heures. L’heure de lecture plus appliquée et sérieuse entre six et sept.  Et, en arrière-plan, depuis 35 jours une consigne d’écriture qui agite tes méninges, faisant émerger des bribes que tu notes sur ton calepin. Crayon de bois toujours. Savoir que le texte doit être bouclé et envoyé avant dix-huit heures. Le reste « à sauts et à gambades » en fonction des occupations du jour. Parfois de longues plages de lecture. Parfois pas. Du temps devant l’ordinateur, trop, parce qu’il y a presque toujours de petits travaux à faire. Tout cela est banal. Il faudrait faire autrement et mieux.

La panne, l’embrouille

« Je pense aux personnes qui me merveillent la vie d’hier et d’aujourd’hui et jusqu’au lendemain la merveille de leurs voix de leurs rires et chagrins… » Valérie Rouzeau, Va où

Tu le connais par cœur le poème de Valérie Rouzeau et te voilà sur la scène du théâtre municipal. Tu es plutôt fier, cette année, d’introduire un soupçon de fantaisie dans le sérieux habituel de la cérémonie de vœux. Confiant, sans note. Le moment venu, les jolis mots s’évaporent et se mélangent. Tu bafouilles un salmigondis sans queue ni tête, sorte de poème lettriste dit par Isidore en personne. Valérie Rouzeau en rit encore. Des vingt-quatre discours de vœux que tu as prononcés, c’est le plus drôle et le plus mémorable.

ah ça serait une histoire pour

Ils sont quatre. Ils ne se sont plus vus depuis une bonne quinzaine d’années. Tout à la joie des retrouvailles, ils prennent l’habitude de déjeuner ensemble presque chaque semaine. Tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Les vins sont bons et les mets soignés. De temps à autre, le restaurant du coin supplée les défections. Ça dure ! Puis, sans raison évidente, la belle harmonie se désunit. Le ver s’insinue dans le trop beau fruit. L’un d’entre eux invite moins souvent, puis plus tout. Il se laisse inviter. Les conversations prennent un autre tour. Ça jase, bien sûr. Jusqu’au jour où une conversation téléphonique dérape et les comptes se règlent. Mal. Ce serait peut-être une histoire pour Emmanuel Bove ou Georges Brassens.

Faire le vide

Tu te décides aujourd’hui à faire de la place. Le vide, si tu le peux. L’encombrement de tes espaces et de ta tête est tel qu’il le faut bien. D’ailleurs, on te l’a dit et répété : rien ne vaut le dénuement et une tête au carré pour avoir les idées claires. Ce faisant, tu attaques, tambour en avant, les amas d’objets et de pensées diverses qui obstruent ta lucidité. Las ! Tu t’aperçois bien vite que dans ta quête enthousiaste du Graal tu as ôté quelques étais. Ta masure, ton esprit tenaient debout grâce à eux et depuis des années. Tu t’empresses de les remettre en place. Tu verras ça demain.

Nos morts sont parmi nous

Il est seul tout au fond du grand jardin sous un petit carré de béton. Il sait qu’au-dessus sont entreposés des coquillages et quelques plaques commémoratives. Il pense que cela n’excuse pas la rareté des visites qu’il reçoit. Il en a, pourtant des choses à dire, pourvu qu’on lui prête attention. Ce que c’est que mourir et d’être réduit en cendres. Ce que c’est aussi d’avoir une telle perspective sur les chemins enchantés et les voies sans issue du passé. Il m’en parle lorsque je ralentis le pas. Un murmure, un souffle. Comme un souffle de vie.

De l’état du monde

Bruits quotidiens Inde, Pakistan, Russie, populations laissées au bord du chemin, migrants, Congo, ça chauffe partout. Tohu-Bohu incessant. Boule à des milliers de facettes, incandescentes et sombres à la fois. Vas-tu faire entendre ton air de flûtiau au milieu des airs discordants ? Allumer ta minuscule loupiote ?  D’autres ont essayé avant toi. Et pour quels résultats ? De l’état de la conscience humaine depuis des temps immémoriaux. Laisse tomber ton flûtiau et ta loupiote camarade. Quoique !

Fait divers, tout petit fait divers

Dans la grande ville, une gabarre du XVIII -ème qui fait plouf dans la rivière, sous les fenêtres du préfet, ça attire la curiosité. Ça change des coups de pétoire dans les cités, des sachets de blanche saisis dans le véhicule d’un conducteur fébrile, des accidents de circulation et des querelles de ménage.  Les pompiers font pimpon, les badauds mitraillent pour la postérité et le bateau fait glouglou au grand dam du malouin qui l’avait rénové et inauguré il y a peu de temps.

On n’aurait pas dû, voilà

Dresser la liste de toutes les fois où…ça rend triste. Boire, hier, le verre de trop qui fait sauter la bonde et proférer des propos nus et blessants comme ce que tu crois être la Vérité sortant du puits. Tu voudrais bien les rhabiller aujourd’hui. Mais ce qui est dit est dit. La cible est atteinte, ce n’était pas la bonne cible et encore moins les bonnes flèches. L’ami est consterné et peut-être perdu. Rembobiner ? Se confondre en vaines excuses. Ce n’était pas toi ? Ton verre ou deux de trop ? Imbécile qui croit que quand tu bois, ce n’est pas toi.

Ruminé, rabâché, ressassé

La pensée ruminée comme la phrase du réveil  en son temps  est trop existentielle trop intime pour un  carnet semi personnel l’écriture si elle est dans le thème proposé et ressassé n’éclaircit rien pour autant fais effort car si ta vie est pleine de morceaux disjoints façon puzzle elle n’est pas moins intéressante à tes yeux clos la nuit et ouverts le jour c’est elle ou plutôt la question de son sens que tu rumines rabâche et ressasse sans cesse au point de saouler tes proches tu rumines l’herbe de ta vie en cherchant quoi au juste fous toi un peu la paix

Pas moi, mais mon double

Il s’est levé trop tôt. Je le devine à sa tête lourde des rêves de la nuit. Il passe en revue ce que sera sa journée. Il ne s’est jamais départi de ses habitudes de travail. Mais en guise de réunions et de rendez-vous, il sait que ça sera ménage, courses, déjeuner rapide, lecture et peut-être exercice d’écriture. Je le sens tracassé. Je dois l’approcher de plus près. Il est mon double, mais posté sagement en arrière, je le décrypte difficilement. C’est un drôle de bonhomme, compliqué. Je le suis discrètement et tente de le cerner. Il s’affaire aux tâches qu’il s’est assignées. Je l’entends marmonner « Kafka, Kafka…patte de loup ». « La prisonnière » ne le distrait pas. Il s’assoit devant l’ordinateur, tape un texte. Je jette un œil par-dessus son épaule. « Tout ça pour ça ! » me dis-je.

Choses nettes, choses floues

Brouillard dense et intense ce matin. Les choses et les êtres se distinguent à peine. Dans ta ville périphérique le beau et le laid se confondent. Confort de l’absence de netteté. De plus, tes yeux et leurs récents implants ont modifié ta perception. Sans lunettes, le net est flou et le flou est net. De la relativité des choses !  Cela modifie-t-il ta façon de penser ? Le brouillard disparu, le rideau d’arbres, là-bas se découpe bien à l’horizon, l’écran de ton smartphone, en revanche, est indéchiffrable. C’est un autre monde ? Le même, hélas, puisqu’il existe en-dehors de la vision que tu en as.

Fragment du corps

Le pied, lavé et frais – protégé par de la laine, râpeuse – enserré dans du gros cuir – il se prépare –Tout ce chemin à parcourir – gaillard et bon enfant, il y va – il s’échauffe – devient un peu rouge – émet un signal de détresse, petite douleur encore insignifiante – ne se sent pas écouté – est contraint à avancer, à prendre appui – accentue la force du signal – forme une cloque, là où ça doit faire mal –  s’arrête – on le libère de la chaussure et de la laine râpeuse – l’enduit de crème et lui colle un adhésif —  le pied se sent mieux et repart.

Salle d’attente

A ton arrivée, sourire peint et accueil chaleureux de circonstance. « Patientez un instant, s’il vous plaît ». Le sourire t’enjoint de gagner la salle d’attente. A l’entrée de la salle, regard circulaire et discret sur les personnes présentes. Tu t’assois. Détendu et serein. Tu fais un inventaire complet . Couleur du sol, des murs, pauvreté de la décoration, plantes chétives et empoussiérées. Il fait bon. Calé dans une chaise à accoudoirs, tu t’engourdis. L’esprit mouline au ralenti. Tic-tac de la montre. Le sourire a appelé quelques personnes, mais pas toi. Une certaine agitation, te gagne. Des vaguelettes d’impatience lèchent ton calme initial, puis le recouvrent. Près d’une heure est passée. « Mr x ne pourra malheureusement pas vous recevoir aujourd’hui, nous allons fixer un autre rendez-vous ». Tu maugrées une réflexion assassine. Mais tu te résignes

Il fait froid, couvrons-nous

Perfecto noir en faux cuir, robe de grossesse vert bouteille fendue au-dessous des genoux. Blouson matelassé gris souris, le reste est banal et indifférent. Veste denim sur tee-shirt trois couleurs bleu, gris, rouge, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pantalon. Casquette rouge vif Causette floquée « Make féministan great again », tout un programme. Caban de marin, écharpe rayée bleu et blanc, jeans, bottes en cuir de chèvre, je les sens. Blouson bouffant blanc cassé au revers de col noir, casquette ivy cap vintage. Veste de pluie en nylon bleu marine et casquette gavroche en feutre. Veste de lainage noire, chemise blanche, cravate rouge sombre. Bonnet docker avec bord mauve et blanc, très fluorescent, écharpe assortie piquetée de fleurs mauve. Treillis de chasse, ceinturon et bottines en cuir noir. Robe droite noire, petit tablier blanc de service, coiffe blanche et noire dans les cheveux. Pullover ras du cou troué vert assez étrange, enveloppant une bedaine conséquente. Polo à la Brassens gris musaraigne, jean bleu et ceinture en cuir, chaussures à l’avenant, pas de guitare mais ça pourrait.

Petits embellissements bienvenus

Tu chausses tes lunettes de psycho-géographe et tu t’en vas explorer le quartier à la recherche des émotions perdues à retrouver. Ta maison, tu la préserves au nom du trouble ressenti à l’époque. Ta première maison « neuve » ! Tu la gardes. La maison bourgeoise d’en face avec ses arbres de haute -tige, tu la gardes aussi. Tu y as observé un ciel de lundi matin comme si tu étais devant une toile de Magritte. La rue, tu la rends inaccessible aux automobiles. Elle redevient chemin vicinal, tout juste bonne pour les charrettes de foin. La placette, centre du hameau d’autrefois, elle est peut-être celle, où par le plus grand des hasards de la vie, tu as été en nourrice pendant trois années quand ta mère était au sanatorium. Tu y es revenu 44 ans plus tard. Tu la préserves donc. Tu sautes directement dans l’aire de jeux, placée là, faute de mieux, et parce que les lignes à Haute Tension ne permettent aucune construction sous elles. Tu gommes les lignes à Haute-Tension et tu transformes le terrain de jeux en paradis pour les enfants. Tu te rends face à la Chapelle, construction modeste, sans doute faite pour les pauvres, mais il faut bien un peu de spiritualité dans ces lieux qui en manquent. Tu entres dans la Supérette, juste en face, elle est juste à ta dimension. Tu aimes y croiser et y observer les gens, ceux qui y travaillent et ceux qui y passent. Tu penses avec de la gêne que tu pourrais habiter un quartier un peu plus huppé. La pauvreté, il faudrait l’éradiquer mais tu n’y crois pas, quelle que soit la puissance de ton désir. Tu pousses le vice jusqu’à la boulangerie où tu aimes à converser avec la boulangère. Tu rebrousses chemin jusqu’à la pharmacie. Indispensable à l’âge que tu atteins. Tu avais presque oublié la voie du tramway. Un jour, pourtant, par une des vitres du tramway, en une seconde, tu as aperçu une que tu avais perdue de vue pendant de longues années. Rien que de l’évoquer, tiens ! le cœur s’emballe. Tu gardes donc !  Tu effaces au passage d’un geste rageur les avions qui passent trop souvent au-dessus de ta tête. C’est presque un quartier idéal. Garde tes lunettes de psycho-géographe, je t’en prie !

Recopier, c’est facile

Quant au bonheur, il n’a presque qu’une seule utilité, rendre le malheur possible. Il faut que dans le bonheur nous formions des liens bien doux et bien forts de confiance et d’attachement pour que leur rupture nous cause le déchirement si précieux qui s’appelle le malheur. Si l’on n’avait pas été heureux, ne fût-ce que par l’espérance, les malheurs seraient sans cruauté et par conséquent sans fruit. Recopier, c’est facile. Bien comprendre ce que l’on recopie qui ressemble à première approche à une de ces maximes qu’affichent les semainiers vendus en pile dès que le tournant d’une année à l’autre est en vue en est une autre. Seraient sans cruauté et par conséquent sans fruit. Tout ou presque est dans « sans fruit ». Comme on ne comprend pas toujours les choses, on va voir du côté de chez Goldsmith. Toujours ça de pris, et très enrichissant. Bref, on étudie la Recherche avec les retraités de l’Université Permanente (permanente, elle l’est sans doute, nous c’est moins sûr). Edition établie par Pierre Clairac et André Ferré, aux éditions Gallimard collection La Pléiade, tout le monde ou presque connaît. Avant, on n’y est jamais arrivé. On ne dira rien de plus.

Transaction

Tes premiers pas dehors. Tu croises le voisin casqué et harnaché sur son impressionnante machine. Quelques mots échangés « Marie a mis vingt minutes pour aller jusqu’au Mc Do ». On se comprend. La machine à deux roues s’impose. Puis, deux agents de sécurité à l’entrée de la grande surface. Des sourires et des propos de connivence pour bien commencer la journée. Transactions positives. Las ! une jolie transaction négative quand tu reprends la voiture et que tu te fais klaxonner par un impétueux. Reste serein, la journée n’est pas finie !

PS- Les journées se suivent, ne se ressemblent pas et c’est tant mieux. Des journées se passent sans aucune transaction en vis-à-vis. Et souvent, c’est plutôt dommage. Car demander un acte de naissance en ligne ou obtenir un rendez-vous pour un renouvellement de pièce d’identité tourne vite au supplice, comme si tous ces parcours numériques avaient été inventés pour agacer les nerfs et éprouver les limites de la patience. D’autres journées sont riches d’échanges directs de toutes sortes, négatifs et parfois déprimants, agréables et revigorants. Dire qu’il est possible de ramasser ces transactions en 450 signes, alors là.

La scène est muette (mais vaut son prix)

L’homme gare sa voiture devant l’église et se dirige vers la boulangerie. Il pousse la porte. Elle résiste. Visiblement décontenancé, l’homme insiste et regarde tout autour de lui. Comme si un miracle pouvait survenir et ouvrir cette fichue porte. Une machine lui fait signe. Il y est écrit « poulichettes fraîches ». Il s’approche, lit et relit le peu d’informations disponibles, porte la main à la poche intérieure gauche de sa veste, en sort un portefeuille, d’où il extrait sa carte bancaire. Relit les consignes, comme pour conjurer ses doutes. Du pain qui sortirait, frais et craquant, de la gueule de la machine ? Il pose sa carte à l’emplacement adéquat. A peine une minute plus tard, sortent du ventre de la machine deux baguettes qu’il retourne sous toutes leurs coutures, incrédule. Transaction terminée.  

Faire bouger les choses.

La lame rouillée d’un canif dans le ventre replet de ma réalité. Dans le confort de l’habitude. Coup d’éclat. Non. A peine quelques pas de côté au petit matin. Une expérience incongrue de la bifurcation, d’un chemin autre, de désaccoutumance des yeux et de l’esprit. La ville côté face. Son visage satanique et beau. Loin de son côté pile, aseptisé. Expérience d’un seul jour. Demain, aucune surprise possible. Retour aux pas habituels. A moins de ruptures successives et de coups de canif répétés. Un petit effluve d’aventure dans l’air parfois pesant du quotidien.

On remet ça mais avec un livre (à perdre)

Je ne perds des livres que parce que, las de la promiscuité ils s’évadent.  Ainsi des « Eaux étroites » de Julien Gracq. Ça m’a turlupiné un bon moment avant que je le capture et le remette à sa place. Mais aujourd’hui, je perdrai un livre ou plutôt, je le laisserai sur la table du restaurant où je vais aller déjeuner avec des amis. Lequel ? Au fond de moi, l’envie de tricher un peu, d’en laisser un qui m’a déjà abandonné. Trop facile ! Je vais forcer mes réticences et laisser les « Vies minuscules » de Pierre Michon. « Vies minuscules », ça devrait attirer l’œil et susciter le désir de s’en emparer. Non ?  Et je glisserai entre la couverture et la page de garde, un petit bristol avec mon numéro de téléphone.  « Appelez-moi si ça vous tente d’en parler » De quoi ? Me direz-vous. De nos vies minuscules, pardi !

Exercice avec dénombrement

Tentative d’inventaire du mobilier urbain de la Place François Mitterrand dite Place du Château. Du curieux manège auquel je me suis livré ce matin et qui a sûrement attiré l’attention d’habitants suspicieux, il résulte que ladite place, de forme parallélépipédique est bordée de 98 boules de couleur soit environ 20 fois 5 boules (2 boules ont probablement été dégradées et enlevées) de couleur, bleue, rouge, verte, jaune, prune. Je note que les 20 séries de 5 sont régulières à l’exception d’2 ou 3 d’entre elles qui jouent une partition différente. Je remarque 11 bancs en béton gris de forme demi-ovale et 6 bancs de même consistance et de même couleur droits. Je n’ai pas compté les quelques magnolias sur tige, plutôt maigrichons ni les pavés autobloquants. J’y aurais passé ma journée et me serais fait trop remarquer. Ni les habitants fort nombreux à cette heure et encore moins les voitures. J’ai appris, en recherchant la différence entre dénombrer et compter que mon squelette est constitué de 206 os (je crois n’en avoir perdu aucun) et qu’une heure équivaut à 60 minutes, soit 3600 secondes. Depuis, je compte tout ce que je vois !

Personne d’autre que moi aurait remarqué que

Personne d’autre que moi n’aurait remarqué que lors du déjeuner de ce midi au restaurant et malgré la température assez fraîche qui y régnait, les salières de Vénus de la jeune patronne apparaissaient fugacement au détour de ses allées et venues. Nul ne paraissait s’intéresser à ce détail, préférant le contenu de l’assiette et la conversation insipide de rigueur dans ce type de circonstance. Pourquoi moi ? Et pourquoi ces salières, si discrètes que seul le hasard ou une intention divine pouvaient diriger mon regard, innocent mais subjugué, vers elles ?

#1Tout d’abord, mémoriser ce titre que je transforme à chaque fois en « J’aurais dû remarquer que. ». Etrange ! Y réfléchir longuement éclaircirait, j’en suis sûr, un pan caché de ma psyché, mais là n’est pas le propos aujourd’hui. Personne d’autre que moi n’aurait remarqué que dans le flux de lecture — de littérature — dans lequel je me baigne chaque jour, des parasites nommés « charabias » se glissent, nombreux, et en rendent la compréhension difficile. Souvent, j’ai la sensation d’être le seul à les détecter, quand tant de voisins applaudissent leur beauté et leur pertinence. Je me sens comme cet enfant qui, voyant le roi, s’écrie « le roi est nu », quand la foule alentours applaudit à tout rompre

#2Personne d’autre que moi n’aurait remarqué que ces inhabituels moment de joie intérieure, peu perceptibles par des tiers, était dus à la sensation d’être pleinement dans la rédaction de quelques phrases, écrites chaque jour, à partir des indications reçues la veille par message. Elles ne sont pas grand-chose, mais pas grand-chose, c’est mieux que rien. Cette idée que j’existe mieux en extirpant patiemment des petits éclats de vie à ma pauvre cervelle.

De l’imprévu

Après des semaines d’infidélité, je suis de retour sur les chemins de Saint Lumine. Sensation inhabituelle, donc imprévue, d’intense satisfaction. Les fortes averses de la nuit passée ont lavé les petites routes vers la Berderie d’où je rejoins Malsaine. Nous sommes le 9 novembre et l’air est presque trop doux. J’écoute d’une oreille inattentive les propos de qui marche à mes côtés. Seulement présent aux marais, aux chênes et au vert brillant de l’herbe des prairies. Trop élémentaire pour ne plus entendre la rumeur de la grande ville et le fracas du Monde ?

de l’imprévu  2

 L’horizon de ta journée est dégagé. Où l’imprévu y aurait-il place ? Tu n’envisages pas de l’y inviter d’ailleurs. Car imprévu et bonne surprise ne sont pas, à coup sûr, synonymes. Ça peut même être le contraire. Tu as encore en tête des journées censées être belles et paisibles qui ont virées au cauchemar. Pour conjurer ce risque, tu préfères laisser venir. Mais ! Il suffit d’un voisin qui déménage et…l’imprévu s’invite.  Pluie battante, obscurité, rue étroite et à sens unique toutes places de stationnement occupées, gros camion qui se pointe, manœuvre périlleuse et le voilà l’imprévu. Casquette sur la tête, chaussures vite lacées, tu vas t’enquérir de la situation. Ta sortie de cour va être obstruée toute la journée. Contrariété.  Il faut sortir les voitures, trouver une place en catastrophe. Dans la précipitation et l’énervement qui va avec, gaffe aux manœuvres périlleuses. De transformer un imprévu mineur en un incident majeur.

Si loin si loin

Un moulin à roue pendante, dévolu désormais à l’accueil de séminaires professionnels et de manifestations culturelles, construit au XVème, dans une boucle du fleuve. On ne saurait en approcher sans éprouver un choc esthétique et émotionnel. S’il a existé un Paradis avant la création du monde, il était là. L’écho du fleuve, l’harmonie des masses végétales, les teintes mordorées des pierres du bâtiment, tout concourt à susciter la sensation qu’on devrait, sans délai, s’y installer et n’en plus bouger. On y entre, le cœur et l’esprit s’apaisent. On ne voudrait pas élever la voix, émettre un son discordant. Il y aura, à suivre, des discussions paisibles, des déjeuners et diners assortis au lieu, une dégustation de vins issus de la biodynamie, une exposition d’oeuvres d’art et une petite sculpture qui manque aujourd’hui encore.

Il aurait fallu

Cette sculpture, une petite statuette, je l’ai longuement regardée, je l’ai prise en mains pour en vérifier le prix.  J’ai tourné autour, tenté de l’acquérir en dépit du prix élevé. Elle contenait toutes les émotions intenses et confuses éprouvées depuis mon arrivée au Moulin dont le désir très vif de beauté et de sérénité quotidiennes. Peu m’importait alors la qualité et la densité des réunions auxquelles je participais, la finesse des plats servis lors des repas ou l’amabilité des personnes présentes. A si faible distance des terres de Flaubert, je me sentais habité par ce qu’il représentait pour moi. Il aurait fallu repartir avec la statuette et me mettre à l’écoute de mes intuitions. Ma vie en aurait elle été changée ?

Phrase de réveil

Je me suis couché de bonne heure, croyant que c’était une condition pour que « la phrase » se présente à moi avant l’aube, fraîche et pimpante, parée de ses plus jolis mots. Je me suis réveillé deux fois au cours de la nuit, doublant ainsi les chances de la tenir avant le lever. J’ai rêvé. De ces rêves tristement habituels et indignes de « la phrase ». J’ai cru tenir ma chance au petit matin quand, encore entre deux eaux, il m’a semblé voir une petite lueur près de la table de nuit. « C’est la phrase, à coup sûr elle s’annonce, lumineuse comme une évidence ». Las, il s’agissait de l’écran du smartphone imprudemment laissé en veille avant le coucher. Certain que « la phrase » ne viendrait plus, je me suis levé, dépité, boire mon café et manger mes tartines. « Tant pis, me suis-je dit, tu te consoleras en lisant la prochaine compile ce soir ».

Ciel du lundi

Dans l’encadrement de la fenêtre de la chambre, le premier ciel de la semaine. Une ouverture après l’enfermement de la nuit, volets clos et la rupture avec le dehors. Comme un saut inattendu dans une toile de Magritte. L’insoutenable pesanteur du corps quand le regard capte une telle image. La pluie ensuite et l’effacement des nuages sur l’ardoise céleste. Commence alors l’attente de tableaux renouvelés

Chaque visage, un trait

|Une tête de caissière du supermarché, aux lunettes cerclées d’écaille noire dont le sourire damnera le premier saint qui se présente, d’hydre des passagers du tramway compressés dans la rame, penchée d’instagramer compulsif dont seul le menton se voit sous une tignasse brune, balafrée d’assassin des nuits de pleine lune, énamourée de celle qui n’a d’yeux que pour Lui|

Les noms c’est du propre

Owen Glendower Sean Connery Marine Coutelle Romuald Barré Emilie Cancre Dominique François Jacques Albert Hugues de Varine Daniel Péchon Hugues Pagan Yves Gicquiau Gilles Couton Michel Crétin Brigitte Dejongh Jean Michel Dennebouy Michel François Philippe Fuchs Marie-Thérèse Gourdon Frédéric Guillaume Didier Graniou Camille Durand Philippe Mahé

Ne pas s’attarder sur..

Ne pas s’attarder sur le contenu des articles qui apparaissent sur l’écran du smartphone lorsque je scrolle. Il fait encore nuit et il y a mieux à faire. Ne pas s’arrêter au contenu d’un message particulièrement contrariant La contrariété passera. Ne pas s’arrêter à la voiture mal stationnée qui empêche la mienne de sortir dans de bonnes conditions. Je suis pressé. Ne pas s’arrêter au bruit fracassant du métal qui râpe le mur. L’addition du garagiste sera salée. Ne pas s’attarder sur les embarras de la circulation. De toutes façons, je suis bloqué. Ne pas s’attarder, mais accélérer quand même lorsque la voie est libre. Je suis vraiment en retard maintenant.

Pendant que…

Pendant que je demande une baguette tradition à la boulangerie, une petite voix me souffle que les traditions fichent le camp. Pendant que je verse des croquettes dans l’assiette du chat, je m’imagine qu’il me voit avec un nœud papillon noir et une veste blanche. Pendant que je parcours le quotidien régional, je sens que je voudrais vivre dans une région sans histoires. Pendant que je me brosse les dents, je vois le visage hideux de la mort dans le miroir.

C’est dimanche

Un souvenir précis ? Aucun. De ces souvenirs qui nimberaient ton enfance d’un halo de prédestination, pas un. Pas d’argent, pas de livres, c’est tout simple. Alors, ça sera l’école. Tu aimeras ton premier livre de lecture, tu n’es pas trop bête et tu apprends facilement. Une sorte de petit miracle. Puis, ce seront les premières rédactions, les premières bonnes notes, l’envie d’apprendre, les premiers volumes de la bibliothèque rose. Un chemin plutôt banal. Côté pile, la misère de la vie quotidienne, le manque de tout, la honte et côté face l’enchantement des histoires que tu lisais dans les livres. Pas de quoi se raconter des histoires et penser que tu as été touché par la grâce de la littérature. Ça viendra pourtant avec Montaigne, Balzac et tant d’autres en classe de seconde où tu te retrouveras avec les fils de …Tu leur dameras le pion sans même le vouloir et sans en tirer de gloire. Et tu vivras longtemps ainsi, dans l’ombre des auteurs et dans le désespoir de n’avoir su écrire que des notes et des rapports, brillants néanmoins.

La grisaille, les dessous

La grisaille du lundi matin est bien là, accompagnée de pluie froide et drue et de vent d’ouest. Je reprends mon modeste travail d’écriture quotidien, pour y chercher un lumignon. Une sous-couche épaisse et quelques étais sont nécessaires avant que viennent des mots et s’ébauchent des phrases. Sous-couche informe faite de réveils nocturnes et de rêveries, faite surtout du désir de réussir un peu mieux que la veille. En toute immodestie, je vais chercher mes appuis et mes couleurs, dans une reproduction d’un tableau de James Tissot ou dans une page de la Recherche. Après « l’effet couvercle », enfin « l’effet corolle ».

Arrêter le monde

16 août 1912, 22 novembre 2022 « Rien, ni au bureau, ni à la maison ». FK, AB. Où aller glaner l’inspiration ? Là, où tu sais que le monde s’arrête chaque jour jusqu’à 15h. Tes pas te conduisent  vers le bourg immobile. Tu t’assois sur une margelle le temps d’un cliché. Souvent, tu recherches la stabilité dans le mouvement urbain et plus rarement la mobilité dans un cadre statique. Par chance, tu aperçois, fugace, une silhouette dont les pas la conduisent hors de ta vue.  Comme un souffle qui agite trois secondes, pas plus, la léthargie ambiante. Le bourg retrouve son immobilité.

En une seconde

Une requête sur le Net m’apprend qu’en une seconde 43000 vidéos sont vues sur YouTube et 4100 statuts sont partagés sur Facebook tandis que Bill Gates empoche 285 dollars. Fascinant ! J’étais certain de ne rien avoir le temps de faire en si peu de temps, même pas celui d’écrire un mot, tant je suis lent et maladroit. Il n’en est rien. Par la vitre du tramway, en une seconde à peine, j’aperçois une personne perdue de vue depuis des années je sens mon cœur accélérer ses battements. C’est fugace et saisissant et les effets se font sentir un long moment, comme ces sons qui n’en finissent pas de se dissoudre dans l’air. Le tramway a continué son chemin. Et je suis  là, sujet de sensations étranges et douloureuses.

Cut up moi ça

Vous êtes là ? Je vous croyais en Algérie ben non, ce n’est pas tout de suite, peut-être en fin d’année. Bon, je passe chez le boucher et je reviens. C’est le marché le plus bruyant du coin, on s’entend plus. Bah ! Nous on s’habitue. Il est beau le saumon fumé. Mettez m’en une tranche. Quatre crêpes comme d’habitude ? Pour le pot-au-feu, un bon morceau de basse-côte à braiser, c’est mieux que le paleron. J’vous mets un os à moëlle ? Les légumes, c’est moins cher que la viande, même vendue par le producteur. La clôture, il faut la refaire. Vous m’faites un devis. Oui, mais ça sera pas avant 2024, on est plein toute l’année prochaine. On dirait qu’il va pleuvoir, le ciel est chargé. Y z’annoncent un peu, hein !  Z’êtes la caissière à quatre bras, passer un client pendant qu’une autre retourne peser ses fruits et garder son panier sur les genoux. Ben ! Merci, vous êtes gentil.

52 commentaires à propos de “Carnet individuel – Alain Bastard”

    • Voilà qui est agréable à lire venant d’une personne dont la « notoriété » n’est plus à démontrer.

      • oh.. si notoriété il y a (j’en doute un gros peu) elle est due à l’ancienneté
        mais j’aime beaucoup votre écriture et tout spécialement pour ce ciel dans l’ouverture après l’enfermement de la nuit

  1. De ces « pas grand chose » naît déjà une belle matière, dense et sensuelle. Où est Saint Lumine que tu donnes envie de connaître ? J’avais noté la statuette de Flaubert dans le Grand Carnet #3.

    • Saint Lumine de Coutais est à quelques kilomètres de Nantes, en bordure des marais du Lac de Grandlieu. J’y marche très régulièrement et en toutes saisons . A deux pas de la grande ville et de l’aéroport , j’y éprouve toujours beaucoup de sensations agréables et une belle sérénité. Rien de très exceptionnel sans doute aux yeux des amateurs de sites sublimes.
      Je mets le Moulin d’Andé dans l’Eure, non loin de Croisset, au rang des lieux qui suscitent ces mêmes sensations bien que le patrimoine bâti y soit plus riche
      Je n’ai pas les mêmes facilités de plume que toi ( vous?) mais le simple fait que j’écrive un peu  » quand même » est un motif de satisfaction personnelle.

    • Satisfait que la balade plaise. Rien d’exceptionnel cependant. Juste des endroits qui suscitent des sensations plaisantes et qui stimulent quelques neurones, çà et là.

    • Oui, teinté d’une certaine amertume comme ces breuvages qu’on absorbe tout de même et qu’on finit, à l’usage, par apprécier.

  2. C’est bien dans la grisaille du lundi qu’on va chercher nos appuis. De bien beaux textes. Merci.

    • Merci . Ça me rassure un peu car parfois, j’ai la sensation de ne pas avoir bien assimilé la  » consigne », alors j’y vais à tâtons. Et l’usage de WordPress me cause bien des soucis. Ce qui fait que le carnet est fait de raboutages et autres .

    • Je suis retourné plus longuement consulter votre blog. Je n’y vois nulle trace de vieillesse. J’y vois surtout un rapport très singulier et assez attirant pour le lecteur entre photographies et textes , dont ces notations quotidiennes et même « ménagères » parfois qui donnent un rythme par lequel on se laisse volontiers porter. Je vous remercie pour vos petits commentaires encourageants mais comme le disait, un jour, la lanterne rouge du Tour de France au pied du Tourmalet  » Bon Dieu! Je n’y suis pas encore là-haut ! »

  3. C’est fou tout ce que votre esprit a capté et traduit en une seconde. Bien apprécié ce texte

    • Merci pour ce commentaire. C’est encourageant et c’est cela , pour une part, le moteur de la tenue de ce petit carnet quotidien. Les encouragements !

  4. ça a l’air facile comme ça, mais le tout est de choisir(la recopie) (ça al’air d’avancer un peu l’ordre la mise en page je ne veux voir qu’une tête tout ça… :°))) (bon courage – bonne suite)

    • Merci pour ce petit commentaire. L’intérêt de lire un commentaire, à mes yeux, c’est surtout d’aller y voir – parmi la centaine et plus de carnets individuels – qui est la personne qui l’a rédigé et de découvrir parfois des « trésors ». Tel est le cas avec le blog très dense que vous tenez à quatre mains ( au moins) où l’on peut se promener et piocher mille et une nourritures.

  5. De savoir qu’une personne, au moins, a ressenti une impression agréable en lisant mes « petites » pages de carnet invite à poursuivre et à faire mieux. Merci .

  6. Impressionnant tout ce que vous avez mis dans votre seconde, merci pour ce passage agréable dans votre carnet.

    • Il y a un tel bazar dans mon carnet que je ne sais plus trop bien quelle est la seconde! La seconde dans l’ordre de François ou la seconde dans l’ordre des petits textes ? Et de surcroît, comme beaucoup d’entre nous, je le vois, il est bien difficile de respecter les 450 signes. Toujours la tentation d’en dire trop quand c’est parfois si délicat d’écrire 3 lignes proprement. Merci en tout cas

    • Sympathique et fluide, ça me va ! Merci . Espérons juste que la suite justifiera cette appréciation.

  7. je n’ai pas glissé de carte bristol avec numéro de téléphone dans le livre perdu / abandonné (pas pensé) (l’avez-vous fait ?) ; de toute façon, ceux qui vivent là n’en ont plus / n’en avaient pas ; par ailleurs on glisse le pied dans votre carnet comme dans une pantoufle (merci)

    •  » ceux qui vivent là n’en ont plus, n’en avaient pas « . J’aime assez cette pierre tombale et le texte qui l’accompagne. Et ma curiosité a fait le reste. » Y glisser le pied comme dans une pantoufle », il me faut retenir , à propos de mon très modeste carnet, ce commentaire plutôt inédit et original. S’agissant du votre ( de carnet), il est un peu plus rugueux et tout à fait attrayant ; ca m’a fait plaisir de le lire et j’ai passé un bon moment. C’est tout l’intérêt des commentaires, ça incite à aller y voir. Et oui, les vies minuscules m’ont quitté. Il ne se passera probablement rien après, sauf peut-être à ce qu’on m’appelle pour me le rendre!

    • Vous avez l’art, Brigitte, de ramasser l’essentiel dans une phrase courte. Les vies minuscules m’ont quitté. Que se passera-t-il ensuite ? Un ou une quelqu’un appellera, juste pour me le rendre sans doute . La porte est entrebâillée…affaire à suivre.

  8. Avec WP, ne lâchez pas, peut-être vous suggérer de numéroter en modifiant les titres, puis de proche en proche les réagencer, puis quand l’ordre vous convient, reremodifier les titres en enlevant le numérotage (ou le laisser pour les 18 jours à venir)
    Quoiqu’il en soit les textes comptent et ils touchent justes, alors ne pas lâcher, en tout cas, pas ça, (aide en ligne possible et même intervention extérieure si vous n’avez pas envie de vous y coller) (juste le dire dans ce cas)

  9. Merci pour votre message qui me permet de me sentir un peu moins seul face à ce qui, certes, n’est pas très grave ( l’apparence du carnet publié est meilleure que celle du carnet avant publication ) mais plutôt contrariant. C’est juste que j’ai voulu tenter des « expérimentations » au lieu de m’en tenir à une attitude prudente. J’ai vu que vous étiez aussi administratrice en plus d’être autrice. Je reviendrais vers vous si toutefois, ça dérape. Mais bon, encore 18 pages de carnet …Merci de tout cœur.

  10. ah les pieds dont on ne prend pas assez soin parce que l’est courageux et on compte sur lui sans trop faire attention à ses signaux, jusqu’à ce qu’il nous y oblige.. mes pieds saluent ce texte

  11. J’adore le « fous toi un peu la paix ». Ah si c’était simple! Merci de nous faire partager ce carnet semi personnel.

    • Merci d’avoir lu un peu de mon petit carnet. Simple, non mais on peut y travailler. Sans se dissocier toutefois. Peut-être le double qui murmure à l’oreille qu’il est grand temps de se laisser en paix. Et vivant, bien sûr !

  12. Magnifique carnet au ton si juste, dont la lecture coule avec ce qu’il faut d’intimité et de recul. J’aime beaucoup. Merci.

    • Touché ! vraiment. Dans ma petite éprouvette, le niveau de confiance a monté d’un ou deux crans. Que quelques lecteurs de passage y trouvent matière à ne pas être rebutés c’est déjà tellement pour le vieil apprenti que je suis encore.

    • A l’heure qu’il est , les causes du naufrage restent mystérieuses où c’est peut-être que ça n’intéressent plus les journalistes locaux .

    • On y veille ! On y veille ! Cette manie aussi de vouloir faire le vide quand le plein est si confortable.

  13. #34 votre histoire m’évoque le film « j’ai toujours rêvé d’être un gangster  » de Samuel Benchetrit. Si vous ne connaissez pas je vous le conseille, enfin si je peux me permettre.

    • Je note la suggestion et m’en vais rechercher ce film que je n’ai pas vu. Et la permission de faire des suggestions, il n’y en a pas besoin.
      PS – J’ai été visité votre site et lire quelques articles vous concernant. Je m’incline ! Bravo.

    • On se le demande encore Brigitte. Raisons personnelles, ça reste mystérieux mais les dégâts semblent irréversibles.

  14. Précieuse idée que celle du compost. Et puis, en te lisant, je retrouve moi aussi des traces de carottes oubliées. Merci.

    • Merci . Je suis peut-être trop sensible aux petits mots encourageants . Mais, pour le moment, c’est mon carburant. Qu’on s’intéresse ne serait-ce qu’un peu à mes écritures tâtonnantes, ça aide !

  15. J’aime beaucoup votre #40. La modestie du début (et de la fin!), l’humour (grinçant?) de la fin. Ah, ces ombres titanesques que nous connaissons tous. J’ai aussi aperçu au moins trois fois Brassens en parcourant votre carnet, et cela aussi m’a fait plaisir.