A propos de Michael Saludo

Vis, écris et travaille à Angoulême. J'anime des ateliers d'écriture en lien avec le cinéma.

#été2023 #01bis | retours à la ligne

De la chambre voisine résonne sans discontinuer la même ligne mécanique de doubles triples croches de son métallique. Il y a l’odeur âcre du tabac qui plane. Tintement des retours à la ligne, cliquetis de la barre d’espacement, bruit de râpe de la molette du chariot en retirant le paquet de feuilles blanches et de papier carbone. Les cent pas Continuer la lecture#été2023 #01bis | retours à la ligne

#été2023 #01 | Des virtuoses du procès-verbal

Sa compagne range le matériel d’entretien dans une sorte de réduit aux murs couleur rose jambon industriel. Progressivement dans la cellule érémitique, il fait entrer une table, une chaise. Puis il monte deux étagères de part et d’autre afin de libérer des livres qui dorment dans des cartons de déménagement. Au plafond une ampoule d’une éclatante luminosité jette sur l’espace Continuer la lecture#été2023 #01 | Des virtuoses du procès-verbal

#été2023 #00 | Une autre chambre

Je ne me rappelle pas, mais il est possible que ce soit par contrainte scolaire que j’aie glissé dans mes bagages ce format poche à la couverture lisse. Vers midi je suis encore en route pour l’Italie, seul passager d’un break, les sièges arrière rabattus pour un bloc qui empêche toute visibilité arrière. Nous partons tôt ce samedi matin de Continuer la lecture#été2023 #00 | Une autre chambre

Carnets individuels | Michaël Saludo

#33 – 12dec22 – quand l’ennui | s’impose quand l’exaspération s’écoule | en silence avant que ça | s’impose quand le désespoir | s’impose quand la dépendance se noue | à la marche avant la marche arrière vers elle | s’impose quand le chagrin reflue et | s’impose quand la tristesse me caresse le front | la main touche la Continuer la lectureCarnets individuels | Michaël Saludo

#carnets #prologue | au creux de ma main

j’écris au creux de ma main dans ce carnet comptable mes humeurs noires à soustraire de l’oubli le nez à humer le carton froissé d’un carnet qui retient ma liste des courses testamentaires d’un trait dépouillé une stèle à l’ombre d’un vélin début d’une épitaphe carnet de croquis au commencement d’une feuille blanche j’écris dans ma main l’essence des bois Continuer la lecture#carnets #prologue | au creux de ma main

#40jours #34 | tempête

La croûte sous le sol avait tremblé. Et quelques lézardes étaient apparues sur les maisons. En haut de la colline, une petite barre d’immeuble éclipsait la forêt derrière, à perte de vue des pins. Une large fissure parcourait de haut en bas la structure massive comme disjointe en deux immeubles. Au quatrième étage, elle passait sur le côté gauche de Continuer la lecture#40jours #34 | tempête

#40 jours #33 | impossible de me rappeler

mais si tu sais mais je viens de te dire complètement oublié tu te rappelles rappelle-toi on nous l’a dit c’était comment ce truc-là sa maladie le titre de la chanson la fille des impôts l’autre qui a appelé hier prénom de son fils c’était quoi son chien la marque qu’il fallait qu’est-ce qu’on a mangé à la soirée le vin tu te souviens l’artiste l’expo en juin il est où le post-it avec le numéro le nom de la personne le surgelé à ne pas consommer l’appli à télécharger le film l’actrice c’est qui le livre que je viens de lire impossible de me rappeler, inquiétude Continuer la lecture#40 jours #33 | impossible de me rappeler

#40jours #32 | une rue pour libérer un nom

Proportions d’échelle impossible de kilomètres de béton, de surfaces planes culminantes réfléchissantes, une configuration nouvelle, inhumaine ; ça nous précipite vers l’inconnu. Le village nu où je reviens, ce village que j’ai quitté adolescent, et qui m’appelle et qui me presse pour avant tout traverser sa place, parcourir ses rues, ressaisir son plan, revivre tous les souvenirs en même temps, avant Continuer la lecture#40jours #32 | une rue pour libérer un nom

#40jours #30 | nuits magnétiques

Dans votre nuit renversée, une zone morte sort de sa torpeur caressante et irrationnelle, l’étincelle d’une peur. Le voile opaque se répand sur un halo de lueurs fugaces qui soupirent dans les branchages rasant les hautes feuilles. Toute l’ossature craque propage l’inquiétude au centre du quartier sourd, prompte adhérence des regards vers le rond-point spectral traversé de volutes sodium. Les Continuer la lecture#40jours #30 | nuits magnétiques

#40 jours #29 | Un poids mort est plus lourd

Ma housse est blanche opaque, sans motif, mais à l’épreuve de l’étanchéité et très résistante malgré son épaisseur de 150 μm. J’ai apporté un soin particulier à vérifier sa fermeture polyester à double curseur plastique. L’ouverture est à droite ; je suis droitier. Ma housse est spécialement agréée par le ministère de la Santé. C’est un plus pour des salutations distinguées. Continuer la lecture#40 jours #29 | Un poids mort est plus lourd