autobiographies #01 et #02| autobiographie véhiculée de ma voix qui pleure

… la première fois que, et ne vais pas aimer ma voix, ce qu’il en restera, bruits de moteur de soufflerie du chauffage de grincements plastique contre plastique et le sifflet continu air vif vitre entrouverte, toujours, entrouverte – les portraits de l’intérieur et des boucles périodiques, j’ai connu quelqu’un qui c’est comme vu, au matin de ce jour, vu, la texture des nuages, hier le soleil dans les yeux forcément plein Est, aujourd’hui pas aveuglée par le soleil, perdue la minute à chaque jour, gagnés les mètres d’ombre portée des montagnes, pars toujours à la même heure matin, ne pas parler pour s’écouter, ne vais pas aimer ma voix voilée qui comme pleure, sous la couche tapage du moteur passages de vitesse trousseau des clés contact sonnailles contre genou droit, accélérer, décélérer, passer vitesses, boîte de conserve tetrapak la voiture en carton, pour encaisser les chocs disent-ils, oh, la mer violette grimpe le ciel, ce seraient trois porches trois bâtiments, et cinq personnes croisées de l’intérieur du dedans de la visitée, et un arbre, le chêne de courme, le mûrier de rouyère, ou celui du quartier julien, les nuages violets les petits chênes un vert voilé poudré d’automne, dans la grande descente, trois porches cinq ou six personnes et un arbre, en quoi l’arbre me définit, pierre cognée du briquet souffle inspirer expirer par la bouche toujours baissée la vitre toujours entrouverte toujours, mûrier inutile exilé, déjà écris tout ça, des boucles périodiques ce qu’il faut faire, la chose écrite comme ci revenir dessus comme ça, non pas la recommencer mais l’écrire de nouveau et autrement, le mûrier l’encyclopédique l’arbre-mûrier importé d’orient, les feuilles les chenilles les vers à soie les magnaneries, dans chaque ferme de ce pays un mûrier blanc, les claies les pouponnières de cocons la pochette de cotonnade tiédie entre les seins des femmes, des graines disaient-elles des graines, de bombyx ne disaient-elles pas, des graines de soie, jusqu’à ce que cela remue et grouille sous l’indienne, alors l’éclosion portée dans les claies d’osier sous les tuiles brûlantes, et feuilles du mûrier blanc en brassées, trois francs six sous à gagner et six fois par vingt-quatre heures les mains lacérées, l’arbre mûrier exilé adapté intégré à la polis des mas, et puis fini, le politique ne subventionne plus que fil pétrolifère, restent les vieux mûriers blancs, j’en ai connu un très âgé et qui vit encore, son houppier google earth la maison de la mort aussi elle existe encore, les petite drupes blanches et collantes sur le pare-brise la carrosserie et laver la voiture du petit homme il fallait, déjà nul ne savait les récolter les apprêter les manger, personne n’y pensait aux mûres blanches de l’arbre mûrier sauf quand la glue surie au pare-brise aux semelles, la cachette là-haut dans l’énorme tronc il l’a bétonnée la béance mais on s’en foutait, une plate-forme, à rouyère aussi, des ruines mais plus du tout le mûrier aux jolies et rondes feuilles dont parlait l’ancien, du temps de sa jeunesse, je connais un ancien, ou bien pas trouvé ou bien étouffé par les ronces-mûres, personne ne se plaint, sauf l’ancien, mais qui s’en soucie de l’ancien, à part le tirer vers ses cent ans, encore deux ans, les mûriers de ces jours de ce temps non plus, vu, au midi d’un jour, de jeunes mûriers platanes plantés dot on ne se s’occupe que pour les ombres futures, sur des parkings des trottoirs, alignés, des mûriers donnant noires drupes sous larges feuilles trilobées, desquels personne ne saurait craindre une poix, ma voix, ma voix qui pleure ne le voulant pas plus pleurer, et les peurs greffées à ma gorge même si tellement longtemps après tout ça, oh, vu, au matin de jour un arbousier, des travaux en virage feu provisoire moteur point mort frein à main mais, les oiseaux dans l’arbousier vernissé nul ne les voit, j’entends leurs joies, cueillir les arbouses vermillons, l’arbuste grand et haut et moi ceinturée voiture tetrapak, cliquetis genou/clés/contact pas pouvoir tendre bras poser pied hors véhicule en carton, feu orange clignotant circulez plus rien à voir, enregistrées les joies des oiseaux les joies souffletées, les entendrai-je, camion-poubelle en sens inverse tractopelle barrières chantier mobile, oh, la mer toujours violette et partir ou rester, oh, le nuage dessiné par-dessus la ville par-dessus la mer, de l’Est les nuées violettes-grises en sud la trouée bleue et flotte le dessin, base tellement rectiligne le trait, à rebours les écumes d’une neige gouachée au pinceau, petit nuage dix-huitième existant ici maintenant n’existera plus bientôt, une seconde mille ans, amalgamé tu seras aux autres orageux, pauvre petit nuage dix-huitième, un ange en sortir ou le doigt de dieu ou la manne, aurais-je un jour mangé toute la manne dans ma voix voilée qui pleure malgré elle, remettre dans le contexte, dans l’encyclopédie du contexte, un peu pour le voyeurisme consenti des faits privés, pour l’enchantement avant-monde d’un dragon dinosaure dont les restes quelque part dans les montagnes, même sachant que plus jamais de dragon possible dans ce réel de bientôt à l’arrivée, mais dans ma tête si, la quête coûte que coûte des années durant sur la mer violette, céder le passage cliquetis craque-boîte, ce nuage comme tricorne peau de mouton peinturlurée de caséine crème, m’en souviens, cède le passage et le verre se scratche dans le container bleu en bordure de route, un bien petit homme pour un si gros cabas de bouteilles vides, recycler recyclons, boucles périodiques, ce qui fut mal dit doit être redit, vermillon des arbouses pompons si on mord dedans c’est jaune melon peut-être m’en souvient-il, la quête lancée à cause d’une histoire du temps jadis alors sortir du bureau obscur, et la mort ne serait pas le drame à venir mais repos, recherche close sur un succès invisible inaudible et avalé par des montagnes aux lacets tordus et dont les ombres portées conservent la solitude, on cherche toujours seul en définitive, oh, le violet des jacarandas, refleurissent ceux du printemps, tout remonte, les framboisiers les rosiers les jacarandas et les lilas quel étrange automne, les mimosas des quatre-saisons nous savions, ce qui remonte ne s’érige pas plus que ça mais revient au moins deux fois, l’encyclopédique n’est pas arrogance, ce qu’il faut lire entendre et voir pour dire encore et mieux, ne serait-ce qu’aux petits, comment fût la terre la veille de leurs venues, pas seulement hier mais voici une heure une minute une seconde le temps à quelque chose ou quelqu’un de mourir et de s’effacer, les mûriers blancs dans les ronces-mûres, les vers à soie dans les pochettes imprimées d’indienne entre les seins des anciennes qui furent filles, leurs mains fripées trop tôt, oh, aimer tant et trop les ipomées fleurissant après les grandes chaleurs, les premiers orages apocalyptiques, trompettes violettes liserons festons aux grands arbres aux postes électriques aux clôtures aux cyprès et, à tout ce qui à quoi s’accrocher, leurs pieds forant vers les sources, leurs visages éphémères tendus vers l’astre citron et qui se seront plissés entortillés essorés sur eux-mêmes dès seize heures, oh, ma voix véhiculée qui pleure quand bien même voilà le porche d’aujourd’hui, muette jusqu’à la prochaine aube puisque,

la vie d’avant le désastre se résumant à une constance de porches considérables commandant à des bâtiments, en leurs temps ultra-modernes, les dévolutions accumulant les représentations, des plus singulières aux plus attendues, prétentieuses ou involontairement banales, bâtiments actualisés sauf leurs monumentales entrées, quand bien même tout disparaîtrait et serait appelé à disparaître, en franchissant les hauts porches, ploie la nuque,

ou bien se brise, au porche-étrave d’un édifice divaguant loin de toutes mers, sur des carreaux de marbre rongés de sel gemme et descellés sous gelées, beaupré en harpon évité de peu, froidure mutilante des vitrages que plombent de grises nuées constantes, quand bien même, la femme de pierre assise en proue sur un socle, avec sur les genoux un livre ouvert qu’elle ne lit pas ou plus, le dos droit regardant ailleurs, vers la droite ont glissé les lignes du livre, sur sa gauche ma nuque d’esquif voulant croire encore au secours des rouges intermittences qui, là-bas, au delà du double sas, pulsent depuis un guichet,

une autre fois nuque de martin-pêcheur en livrée bleue, bleue, œil noir fendu d’un loup orange, oiseau-fusée éclair technicolor, bec en dague noire décochée depuis le ciel bleu, bleu, fuselant depuis rivière aux caprices meurtriers, le ru l’esplanade le parking goudronné de rose et ombré de jeunes greffés remontés, remontés, deux coups d’ailes, des vermicules grouillant sous le porche-saule où balancent des faisceaux de bois roux plantés comme osier de biais, biais, des homoncules, de l’espèce homo hypermercatorius, trois à quatre générations, bipèdes sextupèdes octopèdes, le ciel bleu, bleu, et plus bleu encore l’azur verre trempé, oiseau-supersonique éclair bariolé dague d’écaille nuque de cristal rompue net,

minuscule peluche électrique devant les portes escamotables,

et le dernier porche, dernier, tombeau crypte arcades colonnettes mâchoire trouée à redans, salive des sources glandes claustras de terre cuite, mastaba sous ciel de plomb le dernier porche ici là de vivant rien, du vide de l’air de la lumière du vent traversant et derrière les baies empoussiérées biffées de rubalise jaune/blanche jaune/rouge, au ralenti en silence deux trois petits bonshommes en vêtures orange et casqués de blancs se mouvant, lents, d’une chambre au puits d’air, d’un sas à une autre chambre, d’une crypte à sa voisine, celles-ci indéfiniment réitérées voûte après voûte, d’une rampe à un escalier à une coursive à une passerelle, le porche ordonnant le retrait des lèvres des joues des langues ravalées cimentées, les dents crissent du sable, les cervicales calcifient, les corps absentés,

A propos de Pietra Balsi

Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. https://pietrabalsi.blogspot.com/