autobiographies #12 | ça t’fait rire quand j’dis

Au dehors cette boîte sphérique c’est tout petit. A peine entrée c’est l’immensité. Elle ne voit pas les bords, franges invisibles, si lointaines, si proches, si personnelles. Elle ouvre grand les yeux, elle écoute les bruits d’une vie sans trier, sans juger, sans nostalgie, pense-t-elle. Difficile de regarder chaque objet sans fantasmer sa part de bonheur. Tout est mélangé, rien n’est classé, ça va dans tous les sens. Elle n’est pas sûre que ce soit elle qui voie, elle soupçonne ces objets sujets de la regarder, que c’est elle qui est vue. Sur l’immense étagère toute en longueur, galerie du temps, il y a
deux disques de léo delibes un rouge l’autre bleu sylvia et coppelia ; une dose d’astra zeneca ; un billet de concert fontaine areski dans le lubéron ; une carte darty avec contrat de confiance ; un nourrisseur pour mésange ; soixante-dix petits tableaux de verre signés decbel ; le bruit d’une perceuse à l’étage au-dessus ; un sapin de noël en plastique avec des boules et des étoiles à six branches qui ressert tous les ans ; un personnage récurrent monsieur propre ; la tombe de chopin au père lachaise ; le pied porte bonheur de la statue de léon ; une boîte en bois pleine d’animaux en plomb un tigre une girafe une vache une autruche un palmier un serpent un spahi un cerf presque en vol ; une cabine téléphonique dans un film des marx brothers ; une cassette de johnny guitar ; une guitare ; le dvd d’un film de cassavetes avec gena rowlands ; un disque de ravel celui-ci le boléro et le quatuor à cordes ; un gros livre la vie mode d’emploi ; pierrot le fou ; un gros dvd histoire(s) du cinéma ; la horde du contrevent damasio ; sortie d’usine bon ; une rose des sables abimée ; une tombe à Rochefort et dessus une médaille ; un disque de petula clark ; le macchu picchu qu’est ce qu’il prend comme place ; une acadiane plaques de désensablement à l’arrière pour faire lit ; clé de 13 un atelier pour démonter et remonter une 2CV ; un appe IIc ; un paquet de floppy discs ; flying cowboys rickie lee jones ; lettre d’amour en somalie ; lola ; telex persan ; 70 ans accumulés bientôt plus ; une 4CV une dauphine une 203 une 403 une 2CV ; un vélosolex ; trois vespa dont un rouge ; un bac pour traverser la gironde ; une pièce de 50F en argent ; deux ou trois canicules ; un vidéodisque chargé de photos ; un aspidistra ; une tortue qui s’appelle rosalie ; des rails de chemin de fer HO ; un avion à tamanrasset ; un chien youki qui sent bon le chien ; des pleurs de honte ; un billet pour johnny halliday à bercy sous l’eau ; play blessures ; dérives kenneth white ; borgo san lorenzo ; un bateau pour aller aux iles scilly ; ma doudou ; trois pilote le concombre masqué la rubrique à brac ; un film de marguerite duras avec dessus un post-it ; sur le post-it dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? que le jour recommence, et que le jour finisse, sans que jamais titus puisse voir bérénice, sans que de tout le jour je puisse voir titus ? ; une petite maison rouge et blanche derrière la dune; une boite rouge de dominos noir et blanc ; la land rover de combat de nègre et de chiens ; une petite cheminée électrique à 39 euros ; doucement une chanson on s’en fout ma doudou, on s’en fout, ça t’fait rire quand j’dis qu’on va mourir

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

4 commentaires à propos de “autobiographies #12 | ça t’fait rire quand j’dis”

  1. … on monte sur l’étagère, on se maintient, on surfe, on essaie de ne pas partir en vrille, on avance en zones d’antipodes de connaissance vague ou assurrée, on fait du chemin : beaucoup aimé cette façon d’être brinquebalée sur cette étagère qui n’est pas ronde, elle…

    • J’aime bien cette idée de faire du chemin, brinquebalée. Ce qui pourrait nous faire partir en vrille c’est, je crois, la nostalgie. En regardant sans émotion (facile à dire), il me semble que je vais plus droit (et pas forcément dans le mur). Dans la #11 je m’étais empatouillé dans l’émotion et avais fini effrayé par mes mots. Je dis ça mais je le découvre là grâce aux consignes de fb. Merci Christiane et bonne soirée.

  2. Beaucoup Beaucoup et … Que le jour commence et que le jour finisse… Impression de densité garantie.

    • Oui c’est vrai, y’en a beaucoup et encore, tu n’imagines pas ce qu’elle voit en plus dans cette boîte. Toutes les minutes, elle a envie de rajouter quelque chose. Il y a deux secondes, elle a découvert une pile de disques de Catherine Ribeiro. Mais il faut bien s’arrêter ! Merci et bonne soirée.