Carnets individuels | Aline Chagnon

#40 – Poursuivre
– en éveil, instantané, fugitif, un geste, un visage, une pensée : noter
– surgissement, tangible, imperceptible, rêvé : noter
– marcher, respirer, s’arrêter : noter
– oubli, disparition, effacement, absorption : noter
– trop-plein de mots, pas de temps, confusion, haute voltige : noter
– un appel, un désir, une nécessité, pas de doute : noter
– du vide, rien que du vide, rien à dire, vertige : noter
– extérieur, intérieur, si se bouscule, si n’avance, si trop tôt, si trop tard, si pas possible : noter
– ennui, lassitude, abandon : ponctuer, rythmer, noter.

#38 – Pas d’échappatoire au rêve, on est assigné à vivre ça, à retrouver son vélo dans une forêt de blocs de béton, à pédaler sur une autoroute déserte à cinq niveaux, à chercher l’échangeur qui permettrait de descendre, une bretelle, un toboggan, un escalier en colimaçon, à rouler le long d’un fleuve qu’on doit traverser, on roule, des nuits entières on roule, on n’est pas fatigué, on n’a pas mal aux fesses, pas de crampes dans les mollets, une nuit on se retrouve sur une esplanade, toute la ville au-dessous de nous, comment a-ton fait pour ne jamais le remarquer, l’accès à cette esplanade ?

#38 – Noter un rêve au réveil c’est comme écrire sans être vraiment là, écrire sans la pression de l’écriture, c’est juste retracer ce qu’il reste du vécu de la nuit, tout est là, dans une nudité parfois troublante, rien à changer, à arranger, à imaginer, il n’y a pas vraiment de début ni de fin, pas de continuité, pas de logique, pas de hiérarchie des événements, c’est terminé, plié, présent encore de façon fugitive, la moindre pensée efface tout, il n’y a plus qu’à noter, parfois une bribe, parfois une longue fresque.

#37 – Complainte de Vincent – Jacques Prévert
A Arles où roule le Rhône | Dans l’atroce lumière du midi | Un homme de phosphore et de sang | pousse une obsédante plainte | Comme une femme qui fait son enfant | (…)

J’ai 11 ans, pour la première fois, je prends conscience du rythme d’un texte, je lis à voix haute, le poème prend corps en moi, vibrations, chaque syllabe est une vibration, les syllabes s’assemblent, les mots, je peux les lancer, les retenir au fond de la gorge, moduler, nasiller du haut des narines, c’est un jeu, l’obsédante plainte m’arrache le cœur, et le soleil devient rouge alors je pousse le rythme, j’habite les sons, intensité, vitesse, hauteur, urgence, explosion en jaune strident
Le rouge n’a jamais été aussi rouge, le jaune aussi jaune.
Je connais le Rhône pour le traverser souvent le dimanche après-midi quand on va se promener en ville, il est parfois gris et tourmenté, je ne sais rien de la chaleur vive du sud, je ne connais de Vincent Van Gogh qu’un timbre trouvé dans une pochette achetée avec mon père aux marché aux Puces du Tonkin, classé dans la catégorie tableau de ma collection, une fille aux cheveux jaunes dans un jardin, je ne sais rien du bordel, de l’oreille coupée, mais j’entends les couleurs, j’entends vibrer les couleurs, elles tournent, brûlent, affolent. J’entends la folie.

#35 – Un blanc une absence /je voulais dire quoi déjà/ les mains s’agitent devant le visage comme pour chasser une pensée /je sais plus ce que je voulais vous dire/ le front se plisse une main se ferme le poing se pose sur le haut du sternum /j’ai perdu le fil, c’est pas possible/ les doigts lissent la surface du front les doigts ouvrent le front /ça m’arrive de plus en plus souvent

#34 – Sur le trottoir, inscrite dans la neige tombée la nuit, la trace glacée d’un pas d’enfant, un pas court, à peine marqué. Ce pas, il l’aurait peut-être suivi Hubert Mingarelli, corps engourdi avançant vers les forêts immobiles et sombres, vers les sommets survolés par les rapaces, longtemps il aurait suivi le pas de l’enfant, jusque dans ses rêves, jusqu’à retrouver le lieu où s’écrit le silence. 

#33 – C’est tout juste là, entre prendre et donner, remplir et vider, là où le mouvement se termine, c’est imperceptible, un temps, un instant, entre flux et reflux, le corps s’immobilise, solidité du roc, calme de l’eau étale, subtilité de l’air quand il est plus que l’air, un instant | un instant suspendu.

#30 – Jeudi 8 décembre, quelques jours après le coup d’envoi des illuminations, les habitants de Moûtiers ont découvert des tags sur quatre bâtiments de la ville. Sur la mairie « Macron Démission », sur la communauté de communes cœur de Tarentaise « Macron dégage », sur La Poste et La Bièrerie d’autres tags visant également le président de la République, Emmanuel Macron. 

#28 – ça dépend si on s’inscrit vraiment dans si on adhère à pleinement partiellement si on a vraiment envie de ça si on est prêt à jouer le jeu quel jeu quelles règles quel enjeu ou si on reste à l’écart à la marge si on suit de loin si on suit de loin en se demandant sans cesse si ce serait juste pour soi juste pour soi de se rapprocher faire un pas vers signifier que peut-être à un moment on sera prêt on pourra rejoindre peut-être

#27 – Elle voudrait qu’ils restent assis à la table mais ils s’agitent tout en continuant de parler. Chaque fois que l’un ou l’autre passe du salon à la cuisine, il frôle de trop près la plante qui occupe la moitié du salon. Les longues feuilles frémissent, elle les regarde bouger, attentive au bruit, léger comme un froissement. Plus que les paroles qu’ils prononcent, c’est ce mouvement la met mal à l’aise.

#26 – le trottoir un instant désert | le galop désarticulé d’un collégien | la main qui claque la malle à pizza à l’arrière du scooter |le pare-chocs rafistolé avec des bouts de câble électrique entortillés

#25 – C’est une crispation dans la nuque – familière – tête alourdie et mouvements bridés – mes mains se posent le long du cou – chaleur des paumes – les doigts cherchent – creux et bosses des vertèbres – baisser le menton et la nuque s’allonge – les doigts pincent les muscles, pétrissent – ça se ramollit – la tête tourne à droite – ça craque petit et rassurant – à gauche – ça marche aussi – les bras s’étirent vers le ciel – c’est reparti !

#24 – La croûte de bitume soulevée par la racine du platane, fissurée au pied du poteau de l’éclairage public, l’irrégularité de la taille des blocs de pierre qui bordent le trottoir, les feuilles mortes mouillées collées au sol, les doigts gelés, les oreilles glacées.

#23 – 3 coups de brosse . 17 coups de peigne . 3 coups de peigne 5 coups de ciseau . 7 peigne 5 ciseau . 7 peigne 5 ciseau . 6 peigne 5 coups de ciseau . 7 peigne 3 ciseau . 5 peigne 5 ciseau . ébouriffage . 9 coups de peigne 2 ciseau . 7 peigne 2 ciseau 1 ciseau . 3 peigne 1 ciseau . 3 peigne 3 peigne 1 ciseau . 2 peigne 1 ciseau . 1 peigne 1 ciseau . 1 peigne 1 ciseau . ébouriffage . 9 peigne 5 peigne 1 peigne 1 ciseau . 1 peigne 1 ciseau . 1 peigne 1 ciseau. ébouriffage . gel coiffant . façonnage du bout des doigts . coiffé décoiffé . miroir nuque . une belle coupe .

#22 – Dans la nuit, je me concocte une contrainte. 22ième séance, je prendrai le 22ième livre de l’étagère du haut, je l’ouvrirai à la 22ième page et je déterminerai l’action en fonction de ce qui y est écrit. Si nécessaire, je recompterai 22.
1ère tentative : Emmanuel Carrère – D’autres vies que la mienne . « des eaux qui refluaient – vers la mer – loin de la mer ». Terribles images du tsunami, sidération, paralysie, le jeu n’est plus un jeu, je pose le livre sur le lave-vaisselle, d’un coup, je ne sais plus quoi en faire.
2ième tentative : Dostoïevski – Les nuits blanches. « que cela reste mon secret – vous êtes prêt à prendre feu comme de la poudre ». Prête à rien, trop dans les livres, tout dans les livres, pas prête à me prêter au jeu.

#21 – Bourdonner – un son à peine audible – bourdonner et marcher dans la rue – ralentir pour ne pas épuiser le souffle – mmmmm – ça vibre – dans la gorge – dans la poitrine – dans tout le crâne – marcher – mmmmm – entendre un pas derrière soi – se demander si dans le dos la vibration – mmmm – croiser des passants – se demander si dans leurs oreilles la vibration – mmmmm – dans leurs cœurs – leurs os – mmmmm – un homme tourne à peine le menton – se dire que peut-être la vibration – mmmmm – la feuille dorée d’un bouleau frôle mon épaule – peut-être – mmmmm – un enfant stoppe sa course à ma hauteur pour resserrer ses chaussures – peut-être – peut-être –

#20 – L’homme tient son sac à dos par une bretelle et le fait avancer en le poussant d’un pied hargneux. Il franchit la ligne de l’espace de confidentialité et s’approche du guichet. Regard fixé sur les horaires de départ des trains, il tend son téléphone à la jeune femme assise derrière la vitre. Elle le flashe sans lever yeux vers lui et s’active sur son clavier. L’homme se presse la joue, se masse la machoire d’une main nerveuse, donne des coups de genoux dans son sac. La fille le regarde maintenant, elle lui parle en lui montrant l’écran de son ordinateur. Il soupire plusieurs fois, fouille les poches de son blouson, trouve une carte bancaire, l’insère dans le lecteur qu’elle lui indique d’un coup de menton. Elle lui tend son titre de transport. Un sourire. Suivant.

#19 – Le dos de l’épaule de l’homme retient la porte, merci, son corps s’efface, pardon, je passe devant lui, merci. 
Je montre, ici, le ticket, ici. La femme à la grosse valise jaune hésite, le composteur avale le ticket/claquement/renvoie le ticket, les ventaux glissent et s’ouvrent, précipitation, la femme franchit le portillon. Elle se retourne, un large sourire, merci.
J’arrive au rez de chaussée. La voisine entre dans l’immeuble, rabat sa capuche, soupire. Ça y est, au sec ? Elle, dans un nouveau soupir. Oui, ça fait pas semblant aujourd’hui !

#18 – Oui, le réel peut éteindre le langage. Alors, nous ne savons plus parler, nous parlons couramment la langue ordinaire, vidée de son chant, de sa force. Nous n’écrivons plus. Ecrire, c’est déployer l’autre langue chaque jour réinventée. La langue des solitudes, du regard acéré. Oh, combien sont rares ces moments dans un jour ! Vivre pour une phrase détachée du silence. Dans ce livre lu et relu, dans ce livre d’un poète, d’un frère, le dessin d’une petite fille, dessin qu’elle*
posé sur l’étagère des livres de poésie pourtant ce n’est pas un livre de poésie – épaisse tranche noire – liseré blanc avec logo de l’éditeur : dessin d’un dieu barbu, cornu – couverture souple et lisse jaune moutarde avec photo couleur format paysage sur le tiers supérieur : un chemin traverse une lande vallonée, le ciel est gris, immense – le livre s’ouvre tout seul page 94 – papier léger – odeur de bois fraîchement scié quand les pages filent sous le pouce. 
* Vernet Joël – Carnets du lent chemin – Editions La rumeur libre

#17 – Ne plus démonter les grues de construction, laisser leurs gros pieds peser sur la chaussée, leurs flèches osciller dans le ciel, les laisser s’écailler, rouiller, laisser les habitants grimper, accrocher leurs doigts aux montants métalliques, se hisser force cuisses et biceps, éprouver la peur, le vertige, investir la cabine, surplomber la ville, les tours et la cathédrale, échapper à la brume du fleuve et plus près des étoiles, se livrer au silence.

#16 – Un gilet noir sans manche voûté à hauteur des omoplates. Une écharpe de soie blanche et turquoise à feuillages, branchages. Une veste en laine à carreaux rouges et noirs recroquevillée aux emmanchures.

#15 – tu vas le recracher le petit bout | ça va avec tes draps | vive la république je suis chez moi | je prends ça pour l’énergie, je serai en Chine, je mangerais un œuf | attends faut qu’je demande au patron, faudrait que vous marquiez, il sait même pas c’qu’il vend | profitez d’la vie on arrive à la fin là, tout va sauter | t’imagine on dit ça à Julien c’est 5 ou 6 euros en magasin | et au niveau de la taille, encore un petit peu | c’est un manque d’air au niveau du cerveau tu sais quand ya pas d’air au niveau du cerveau | 

#14 – Faut pas traîner dans les ronds-points, je me jette et pédale, traverse les voies vers le noyau central, le vélo et le corps s’inclinent vers le Totem, colonne multicolore marquant l’entrée de Villeurbanne, pédaler, maintenir l’équilibre et la vitesse, la carrosserie silencieuse d’une voiture aux énormes pneus crantés glisse à ma droite, un scooter nerveux s’insère, encore une rue et je me redresse, me rabats et rejoins la circonférence. 

#13 – Apnée. Mon pas – que j’essayais de garder régulier – suspendu. Le bloc d’uniformes bleu marine avance. Quatre de front. Même cadence, même regard aux aguets. Sur l’avant du gilet, fond blanc lumineux, lettres noires, POLICE. Arme accrochée à la ceinture, ils passent. Apnée.

#12 – Dessous il y a le mur trop haut, trop lisse et blanc pour l’échappée, dessous, il y a le rocher éboulé d’un pan de montagne, le creux des aspérités, les marbrures sombres, la solitude du ciel.

#11 – Je suis assise par terre, le dos collé aux ailettes brûlantes du radiateur en fonte. L’air frais passé entre les battants disjoints de la fenêtre tombe sur ma nuque, la lumière blanche de l’hiver éclaire les pages du livre. Je lis. Des dimanches entiers, je lis. A en avoir mal à la tête le soir, je lis. Tu t’arraches les yeux, me gronde ma mère. 

#10 – Pendant que je rabats le rétroviseur latéral, j’ai l’impression de fermer les yeux. | Pendant que je marche le long de l’avenue bordée de peupliers, je pense au ruisseau de la Rize enterré vivant, on dit qu’il court encore. | Pendant que la femme au prénom slave parle, j’imagine l’ours blanc dressé au-dessus d’elle. | 

#09 – Ne pas s’attarder sur l’épaule qui cogne une épaule, un bras, coup de genou, ne pas s’attarder sur les corps qui évitent d’autre corps, face à face déjoués, piétinement, tous les pieds piétinent, corps compacts contre compacts, ne pas s’attarder sur le gobelet de carton tendu, sur les regards fuyant le regard, les regards glissés sur la forme repliée sous les couvertures, ne pas s’attarder, avancer.

#08 Mathilde Singer Perrine Salomé Claire Grandjacques Sylvie Ruiz Anne-Gaëlle Vially Marion Herbeling Pierre Massinon Guirette Patti Smith J.G Ballard Jack O’Neill Sandy Lenny Sébastien Tiffany Cornu Corine Mussio Maya Marcellin Massinon Alexandra Chouippe Mace Jordane Hadj Abderrahmane Amélie Massinon Adrien Ezerzer Claire Fayaro

#07 – Une narine qui renifle, le menton enfoui dans le col du blouson, les mains dans les poches, il ne relève pas la tête. | Cheveux serrés sur le haut du crâne, sourcils froncés, elle parle du bout des lèvres, la cigarette s’agite au coin de sa bouche. | Ample déhanché pour propulser la jambe vers l’avant, balancement d’un côté, de l’autre, tout le corps absorbé dans la progression lente. 

#06 – Personne d’autre que moi n’aurait remarqué la boule molle de petites plumes blanches accrochée à l’éraillure rouillée du panier métallique, sur son vélo la fille serpente entre les voitures, le duvet de l’oiseau s’agrippe. 

#06 – Personne d’autre que moi n’aurait remarqué le long soupir qui interrompt parfois le souffle acharné de l’usine, la respiration forcée un instant suspendue, la vibration des tuyaux annelés qui circulent au-dessus de nos têtes à peine assourdie. 

#05 – Le ciel de l’Est en panneaux, gris blanc lumineux, gris bleu ardoise, gris anthracite presque noir. Un losange, des quadrilatères de différentes tailles, un triangle isocèle et un octogone irrégulier. Géométrie complexe, vitrage entre les poutres du pignon et perspective coupée par les pans de toit du voisin. Nuages lourds, on dirait un ciel de neige.

#04 – C’est la respiration qui reprend corps / un soupir / une amplitude neuve à la mesure du jour / silence / vide / repliée / le genou au creux du genou / la jambe étirée jusqu’à crampe du mollet / vide / un autre soupir / dans ce souffle / O comme Odessa.

#03 – Il aurait fallu embrayer le pas sur les talons de l’homme, se mettre dans la cadence, tenir à l’oeil la veine qui gonflait et se résorbait à l’arrière de sa cuisse, une veine bleue, saillante, attaquer la grande montée à petites foulées – je sais qu’après la pente est moins raide -, régler mon souffle sur le sien, laisser le rythme de mon cœur s’accélérer. 

#02 – Les lignes de ma main. Je cherche les mots. Ma main de toute jeune collégienne dans sa main à elle. A ses yeux clairs et à sa longue robe indienne, j’avais accordé toute ma confiance. Son regard suivaient les lignes de ma main et elle me parlait de mon avenir. J’ai bu ses paroles, elles m’ont animées le temps d’un été, un été formidable. J’aimerais tant retrouver les mots. 

#01 – Le train roule dans le gris, brumes et nuages sombres. Un instant, le sommet acéré du mont Granier apparaît. Isolé de sa base il flotte, flotte dans un espace bleu intense.

A propos de Aline Chagnon

Ce qui me passionne dans l'écriture, c'est l'expérience, le chemin.

27 commentaires à propos de “Carnets individuels | Aline Chagnon”

  1. Je retrouve avec plaisir dans ce carnet des textes que j’avais remarqué à la lecture de la compilation et je les aime bien tous pour leur simplicité et leur poésie évocatrices !
    Merci Aline

  2. Bonjour Aline,
    J’aime cette balade dans les corps et les postures que tu dessines au fil de tes textes. J’ai particulièrement apprécié le dernier sur la foule compacte que j’imagine faisant la queue pour un gobelet de soupe. Très réussi !

  3. Bonjour Aline
    Oui je découvre l’ensemble après avoir entendu certains de vos textes dans l’écriture chorale du grand carnet. Je me laisse complètement portée par votre souffle. Merci

  4. je me hisse force cuisses et biceps et je me livre au silence avec vous du haut d’une grue merci d’en avoir investi une cabine

  5. J’approuve votre bourdon : est-ce un chant à bouche fermée ? s’agit-il de produire un drone — et, de fait, une perturbation dans le champ sonore de ceux qui vous entourent ? ou encore d’imiter la rumeur ou le ronronnement de toutes les clims, frigos et autres appareils demeurés en veille alentour ? s’en charger, les prendre pour soi ? les « chanter » ? (en même temps, cette vibration produit en soi une sorte de plénitude, non ?) Ce « bourdonner » est puissant — plein de potentialités

  6. je goûte 28 qui file sans début ni fin coupée à vif dans une pensée qui va (ni de qui ni où elle va) qui s’impose comme s’imposent les images aigües et sensibles du carnets