autobiographies #09 | caves

Codicille : Pour un projet d’écriture, j’avais besoin d’une cave sortie de mon imagination. J’ai donc repris cette consigne de passe-murailles (qui date de plusieurs semaines) autour de Jean Echenoz. Pour voir où elle m’emmenait. L’odeur fraîche de l’humidité, du bois humide, de la poussière humide, des oignons, aulx, pommes-de-terre humides, l’odeur des plus anciens souvenirs comme cet enfant apeuré Continuer la lectureautobiographies #09 | caves

autobiographies #09 | oubliés là

Une vaste salle, amphithéâtre ; sur l’estrade, un homme, col roulé noir, petites lunettes ; devant lui des piles de papiers, chemises cartonnées de couleurs ; des cris, des invectives, des questions de la part de jeunes gens, peu de jeunes-filles, assis ou debout dans les gradins ; au mur, à coté  du tableau des affiches sérigraphie rouge ou noire, Continuer la lectureautobiographies #09 | oubliés là

autobiographies #09 | paroles de la rue de Siam

Maintenant voilà ton corps allongé dans une flaque, ne marche plus fils du soleil, regarde comme je m’occupe de la mer, comme je m’occupe du sel, une à une les vagues s’extirpent de l’eau ronde, viennent nourrir le bitume, giclent sans couleur comme on voit dans le noir, personne ne viendra te ramasser, le corps plissé sous le suif avec Continuer la lectureautobiographies #09 | paroles de la rue de Siam

autobiographies #09 | Les chironomes

Il y a la sensation de la terre et puis la sensation de l’eau, enveloppante. Il y a d’abord l’ombre et puis des lueurs vertes. Le silence se fait. La surface s’éloigne. Résonne un son de clochette : têtu. A chaque brasse, il tintinnabule. Son corps, descend, ondule et vibre. Il s’aplatit. Il glisse entre les pierres parmi les vermisseaux rouges. Continuer la lectureautobiographies #09 | Les chironomes

autobiographies #09 | le long du couloir abricot

Durance Barja, dit-elle en tendant la main à la fille au bord du canal, le canal Herengracht puis, les yeux dans les yeux l’air de réprimer un fou rire : Barja féminin de Barjo. Voix rocailleuse.Vieille. Vieille et magnifique s’est enflammée la fille. Un peu sorcière sans doute, espérons. Oui des yeux étranges, vert très pâle, en contraste avec le brun Continuer la lectureautobiographies #09 | le long du couloir abricot

autobiographies #09 | où l’on pourrait poursuivre indéfiniment

Quelques chaises dans un tout petit espace, salle d’attente destinée à un seul patient, quelques magazines soigneusement rangés sur une table basse. Il n’y a personne. On passe la porte, le sol est à carrelage ouvragé avec des rosaces, une jeune femme les contemple en silence, avec application, en face d’elle un grand bureau quasiment vide, un homme est assis Continuer la lectureautobiographies #09 | où l’on pourrait poursuivre indéfiniment

autobiographies #09 | autobiographie véhiculée de ma voix qui pleure

procédure des clés deux tours, entrée de service à rebours se dire sortie, sortie de service, échappée du service, procédure inerte à l’accélération, on ne tourne pas le dos aux feulements, on baisse les yeux, on recule au ralenti, un pas, deux pas de côté, on a ouvert le guichet de l’interrupteur sur lequel on garde le doigt appuyé, que Continuer la lectureautobiographies #09 | autobiographie véhiculée de ma voix qui pleure

autobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia

Elle et son frère habitaient rue du faubourg poissonnière au sixième étage; un grand appartement mansardé qui donnait sur le métro aérien. L’immeuble cernait une cour rectangulaire; trois entrées à trois escaliers. L’entrée principale pourvue d’un ascenseur se trouvait, après qu’on eut franchi la large entrée dallée, sur la gauche de la loge de la gardienne — concierge; disait-on ces Continuer la lectureautobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia

autobiographies #09 | double-fond

Courant le plus vite possible dans les escaliers de velours pour aller vérifier au deuxième étage du grand magasin, les boites insolentes et prétentieuses, zébrées de strass, leur empilement irrésistible, l’objet de ma convoitise bien en vue. Puis disparition et oubli. Les lampadaires chauffent le boulevard. Mes yeux presque à hauteur de vitre m’offrent la perspective du ciel. Succession d’ombres Continuer la lectureautobiographies #09 | double-fond

autobiographies #09 | en suivant les silences

Dans la chambre habituelle, ancien grenier boisé, il dort peut-être, impose sa forme au plaid orange, son corps vallonné vibre à peine, son visage esquissé dans les plis sombres des draps fleuris fait face à la porte qu’on ouvre pieds nus sur le carrelage humide, les marches épuisées déboulent dans un habitacle mansardé moquette tendre, les affiches tiennent les murs, Continuer la lectureautobiographies #09 | en suivant les silences