#été2023 #14 | Le parking

Le parking est plein, c’est en voiture qu’ils viennent chercher les enfants à la sortie de l’école, le matin à l’entrée, ils les déposent devant, le soir ils se garent et attendent le rythme incertain de la sortie de chaque classe ou celui de leurs enfants plus ou moins rapides ou rêveurs ou joueurs ou causeurs ou chamailleurs. Des tout-petits Continuer la lecture#été2023 #14 | Le parking

#été2023 #14 | Joy Sorman | La réception

Djavid le grand, semble avoir enjambé le cadre du tableau placé au centre du mur à droite de l’entrée, tendu la main à Anju pour l’aider à le rejoindre empêtrée dans son sari, un océan de soie aujourd’hui mordoré, ensemble ils ont regagné leurs places juste derrière la banque de réception que ma tête penchée légèrement en avant dépasse à Continuer la lecture#été2023 #14 | Joy Sorman | La réception

Comité disséqué / Eté 2023, le roman #14

Une fois les protagonistes installés autour de la grande table, vient le moment d’inciser délicatement les arêtes des parois et d’abattre celles-ci suffisamment discrètement pour que de l’intérieur, on se s’aperçoive de rien. Pour que l’illusion soit toutefois durable, on ne manquera pas de déposer une cloche de verre épousant très exactement l’emplacement des murs. Verre sans tain comme il Continuer la lectureComité disséqué / Eté 2023, le roman #14

#été 2023 #14 | un vendredi matin

Sortir du Syndicat d’initiative et s’arrêter en haut des marches devant le parking désaffecté comme toutes les semaines où s’installaient en peu plus tôt des éventaires et dominer la vie du marché, les gens qui flânent ou pressent le pas vers l’étal de leur choix entre les grands parasols rectangulaires ocres, verts ou blancs dont les files s’étirent presque jusqu’à Continuer la lecture#été 2023 #14 | un vendredi matin

#été2023 #14 | caresser du bout du doigt

Caresser du bout du doigt les mots imprimés sur la feuille de papier blanche, se laisser hypnotiser par les minuscules lumières qui pixelisent l’écran de l’ordinateur et tracent des mots, être envahi par les images qui naissent derrière les yeux.   L’écrivain regarde la gare comme si c’était un tableau.  Arrêter le temps, suspendre la lecture, entrer dans l’image. Prendre Continuer la lecture#été2023 #14 | caresser du bout du doigt

#2023 #14 | Réveil au parking

Réveil, reprise de conscience. Lumières, flashs, blancheur, grande salle, gare de triage, mouvements, lits roulés jusqu’à leur parking. Conversations « Celui-là, je le mets où ?- Pousse-le jusqu’au 5, tu sais bien, les patients de Blaise ». On me pousse, vers un box, une alcôve. Un moniteur, écran fond noir, courbes mouvantes en bleu-vert, en rouge, pied à roulettes, m’accompagne un moment. Paysage, plafond Continuer la lecture#2023 #14 | Réveil au parking

# été 2023 # 14 | quelqu’un

c’est toujours à peu près la même époque, le même endroit, les mêmes gens, les mêmes sentiments – tout est pareil semblable équivalent et rien ne changera jamais : après le soleil la peau noircit, parfois il semblerait que ce soit une marque de distinction – disons en septembre, en ville (de ce côté-ci du monde) – parfois cette teinte reste Continuer la lecture# été 2023 # 14 | quelqu’un

#été2023 #14 | aperçu

Franchir l’enceinte de l’hôpital, avancer dans l’allée déserte. S’arrêter. Regarder l’heure : 9h01. Traverser l’allée centrale bordée de marronniers, l’allée perpendiculaire secondaire, le porche sculpté, contourner la statue d’Hermès et celle de Daphné. Mélanger les couleurs des parterres de fleurs : le mauve des lilas, le jaune des marguerites, le vert de gris des feuilles d’eucalyptus, y mettre une touche de blanc. Continuer la lecture#été2023 #14 | aperçu

#été2023 #14 | Depuis la cuisine traversante

  1. La chatte entre dans la cuisine au moment où j’appuie sur le bouton du volet électrique. Depuis que nous avons abattu le mur de séparation d’une salle à manger minable et d’une cuisine pas terrible, nous disposons d’une grande pièce à la fois correcte et traversante. Durant environ six ou sept ans le sol est resté d’origine, à savoir des carreaux d’origine portugaise, probablement. Puis nous profitâmes d’un afflux intempestif de fond pour refaire les sols, et d’une fuite d’eau à l’étage pour refaire les plafonds via un dédommagement octroyé gracieusement par l’assurance de la maison
  2. La maison, nous l’apprîmes au moment de signer chez le notaire, date de 1850 qui est une année commune commençant un mardi. Cependant on peut noter, à partir du six de janvier, le début du voyage de Léopold Panet dans le Sahara occidental. Ainsi que l’ arrivée de la même personne, à Mogador au Maroc un jour du mois de mai.
  3. Dans un panier sous l’escalier on peut observer des courgettes datant du marché de dimanche passé Elles auront bien résisté aux sept derniers jours passés là à végéter. On ne peut dire la même chose des carottes, dont on fit l’emplette le même jour dans une euphorie encore estivale et dépensière. Elles paraissent désormais vidées de leur superbe, rabougries, inutilisables certainement. Les poivrons posés ça et là au hasard dans le même panier ne valent guère mieux. Des rides ridicules à la surface de leur peau il y a peu si fraiche, si verte, si brillante , la ruine de leurs courbes anciennes presque arrogantes, pétantes de bonne santé, renforce d’une façon intermittente tout ce week-end, l’affreuse sensation du temps qui passe et dont on ne sait jamais vraiment quoi faire.
  4. Entre le riz nature et les pâtes j’hésite une bonne dizaine de minutes tout en observant les va et vient de la chatte. Puis je réagis en m’emparant de la tablette, et me précipite soudain sur You Tube et sur les vidéos d’une influenceuse mexicaine dont les ongles violets mobilisent mon attention alors qu’elle tranche dans un replay éternel un oignon sur le teaser de sa chaîne.
  5. Durant une bonne heure je fais le compte de tout ce qui me manque pour pouvoir préparer des meal prep pour toute une semaine.
  6. Puis je me décide pour les pâtes finalement.
  7. Cependant, je verse du riz dans une casserole et le couvre abondamment d’eau froide afin qu’il cuise plus vite quand ce sera le bon moment. Puis je me souviens des hauts de cuisse de poulet dans le réfrigérateur. Il y en a cinq bons morceaux. Difficile décision à prendre . Vais-je en manger trois au déjeuner et deux ou dîner ou l’inverse. J’évacue temporairement la question et parviens, sans difficulté majeure, à placer le plat au four thermostat 180 ° pour quarante-cinq minutes.
  8. J’allume la télévision ensuite et tombe sur la série Stargate SG1 avec plaisir et culpabilité. Depuis mon canapé; je puis voir l’heure tourner à la pendule ronde accrochée par un clou, au mur de la cuisine traversante.
  9. C’est la sonnerie du four qui me réveille quarante cinq minutes plus tard. Il n’y a presque plus d’eau dans la casserole prévue pour les pâtes. Je reste stoïque, à quoi bon se lamenter, et la remplis d’eau à nouveau, résigné.
  10. Quand tout est prêt, bien sûr je n’ai plus faim.
  11. La lumière pénètre t à flot dans le grand salon et redonne un peu de lustre à la patine des meubles. Par moment m’assaille gentiment l’idée d’une promenade à effectuer coute que coute vers un but quelconque. Comme celui par exemple d’aller cueillir dans la forêt des champignons. Puis je songe à la jauge du véhicule dans l’orange, et refuse d’envisager la possibilité de me rendre là-bas à pied. L’idée me fatigue d’avance. Même changer de chaîne allongé sur le canapé me semble soudain devenu un effort au dessus de mes moyens.
  12. L’envie de faire l’amour un instant me traverse l’esprit. Autour de 18h. Comme souvent au terme d’une journée désespérante. Ce qui, je l’ai compris avec le temps, n’est qu’une sorte de fuite que l’inconscient échafaude rapidement pour espérer me mouvoir dans une direction quelconque. Ce stratagème est cependant éculé. Avec l’âge je résiste facilement désormais en fermant les yeux, en m’endormant.
  13. Sur le coup de 20h j’ai faim. Mais je ne bouge pas du canapé.
  14. Je ne cherche plus à zapper quand je me retrouve devant la télévision, j’accepte le destin, je le subis plutôt bravement. Quelque soit le programme je reste coi. C’est un enseignement appris à la source même de ma vie. Autrefois j’essayais de changer de chaine pour tromper l’ennui mais chassez le naturel il revient au galop.
  15. A 20h30 nous échangeons quelques mots par téléphone mon épouse et moi. Le silence ensuite n’en est que plus épais je le note sur une page de mon carnet. C’est d’ailleurs la seule chose valant vraiment le coup d’être notée de tout le weekend.
  16. Il y a 17 épisodes dans la saison 7 de Stagate Sg1. Parfois certains se suivent, d’autres pas.
  17. A 21 h profitant d’un passage aux toilettes, j’ai appuyé sur le bouton du volet électrique des fenêtres donnant sur la rue et sur l’interrupteur du plafonnier peu de temps après. La cuisine immense s’est éclairée brutalement et j’ai dû plisser les yeux.
  18. Une astuce pour que les épisodes défilent plus rapidement est l’avance rapide. Si la télécommande est en bon état. Sinon on saute trop vite cinq épisodes d’un coup. On éprouve alors une sorte de frustration qui provient à la fois du mauvais état des piles, de la médiocrité de construction de l’objet en lui-même, de la répétition métaphorique de l’échec, qui peut surgir ainsi de n’importe quel objet dysfonctionnel. En gros.
  19. Un sursaut de résistance vers 21h45 en m’emparant de la tablette et en continuant le récit intitulé « La salle de bain » de Jean-Philippe Toussaint, commencé la veille samedi vers la même heure et bien sûr entraîné par la même velléité combattive.
  20. La mise à jour de l’Ipad pour installer la dernière version d’IOS 17 brise mon élan littéraire.
  21. La chatte sort de la cuisine par la porte que je laisse encore ouverte et qui donne sur la cour, nous n’avons échangé aucun mot de toute la journée. Nous sommes seuls. La faim m’oblige à me lever du canapé. Je découpe un bon morceau pour l’offrir à la bête qui ronronne et renifle la bidoche dans sa gamelle de fer blanc.
  22. Je mange debout un morceau de haut de cuisse et quelques pâtes, le tout réchauffé brutalement au micro-onde.
  23. J’entame la saison 8 de Stargate SG1 en m’enfonçant assez calmement dans une sorte de désespérance dominicale.

#été2023 #014 |  Ses chemises

On devinait à travers les fenêtres de la médiathèque l’océan. Quand ce sentiment de joie face à la beauté l’envahissait, elle se trouvait bête, elle s’en voulait, elle devrait le savoir maintenant, le monde est laid, tout s’abîme si vite. Alors elle détournait la tête et regardait vers l’est, vers la ville et les hommes. Elle se demandait comment il Continuer la lecture#été2023 #014 |  Ses chemises